Sous un soleil de plomb, sur un bitume brûlant, ils étaient là, immenses. Dressés face à face tels deux statues de pierre. À coté d'elles, nous n'étions que poussières insignifiantes. Ils étaient dans un temps différent du nôtre.

Enserré dans leurs mains, semblait reposer leur destin. Ils se concentraient, comme si leurs vies en dépendaient.

Ils marchaient l'un vers l'autre, d'un pas lent, inarrêtable. Autour d'eux, le monde n'existait plus.

Se rapprochant lentement. Très lentement. Ils ne relâchaient pas leur attention.

S'il y en avait un qui devait s'écarter, c'était bien l'autre !

Le temps s’était figé, les passants, interdits, les fixaient, désireux ne rien perdre de cet instant historique.

Certains avaient même dégainé: caméras et téléphones étaient sortis de leurs étuis, braqués sur les deux, les promettant à une célébrité certaine.

De plus en plus proches, leurs doigts s'agitaient machinalement. Aucun ne voulait se détourner.

Là, ils n'étaient plus qu'à deux pas. Un pas.

Trop tard, l'irréparable arriva !

La mort de deux téléphones. Deux ados hébétés relevèrent péniblement leurs lourdes têtes, et découvrirent un monde nouveau.

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