LXV

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On a fini notre réunion vite fait après ça, et je suis sorti derrière les deux frères pour aller préparer le bûcher des agresseurs.

On est allés chercher dans les poubelles ce qui pouvait absorber le gasoil et brûler. Je ne parle pas des poubelles de la cuisine, non, on composte et on recycle tout ce qu’on peut. Non, je parle des restes de fringues, de draps, de mobilier…

On a rassemblé des chutes de tissus, des bouts de bois venus de je ne sais plus quoi. On est passé dans la salle du générateur remplir des jerrycans de gasoil et Kris est passé par l’infirmerie demander à Doc et Nounou s’ils avaient des déchets hospitaliers à brûler. Oui, on brûle les pansements et tout ce qui pourrait être contaminé, même si je dois avouer qu’avec les vaccins obligatoires, on est en vachement bonne santé, d’un point de vue maladies.

Chargés de deux jerrycans de cinquante litres, de deux sacs en papier de canne à sucre – ça a des propriétés proche de celles du plastique, mais c’est pas fait à partir de pétrole – et de nos chutes de tissus et autres, on est allés tous les trois vers l’endroit où, le matin même – et ça paraissait loin, putain – on avait alignés les corps de nos attaquants. Erk est retourné chercher deux autres jerrycans de cinquante litres.

On a commencé le boulot désagréable d’entasser nos chutes à brûler sur le sol, de les imbiber de gasoil, puis de coucher dessus les cadavres – eux aussi imbibés de gasoil –, les empilant pour tout brûler d’un coup, puisqu’on n’avait pas de quoi faire plusieurs bûchers.

La rigidité cadavérique s’était bien installée, on a eu l’impression d’empiler d’autres bûches. Trop bizarre, vraiment. D’autant plus que les deux frères n’ont pas dit un mot pendant cette tâche rebutante.

On s’est placés au vent du bûcher, Kris a sorti une pochette d’allumettes de sa poche, l’a tendue à Erk qui a refusé. Kris a gratté puis jeté le tout dans l’essence. Ça a commencé lentement puis ça s’est enflammé d’un seul coup. Si ça avait été de l’essence pure, il y aurait eu un embrasement soudain avec un bruit étouffé, mais là, c’était du gasoil et ça a mis plus de temps.

Le géant a croisé les mains devant lui, yeux fermés, tête baissée. Il a murmuré quelques mots et j’ai reconnu la scansion et les sons de ce que Lin récitait en faisant la toilette de nos morts. Sacré Erk. Erk sacré. Je me suis souvenu de cette petite prière rapide quand il avait achevé le champion des FER avec son propre couteau. L’Islandais se foutait comme d’une guigne de la religion de l’autre, de la couleur de sa peau ou de son sexe. Tout ce qu’il voyait sur ce bûcher, c’était des êtres humains, tués au combat et méritant son respect et son attention.

Il a relevé la tête, ouvert les yeux, et a entonné un chant très lent, auquel Kris s’est rapidement joint, le beau baryton d’Erk soutenant son ténor un peu rauque. C’était lent, c’était triste, c’était magnifique et j’en ai frissonné.

Les frères ont fini leur chant funéraire sur une longue note que Kris a monté aussi haut que le lui permettait sa voix, et qu’Erk a baissé au plus bas. L’effet était saisissant.

On s’est un peu éloignés, le gasoil, ça pue. Heureusement, ça couvrait l’autre odeur, qui commençait à monter. Les fringues qui brûlent, le… le reste aussi. J’en avais entendu parler, de cette odeur, mais là, je l’ai expérimenté pour la première fois. C’est pire que ce à quoi on peut s’attendre.

Heureusement pour nous, ce jour-là, le vent éloignait la fumée du caravansérail, sinon, je crois bien que nos malades ne s’en seraient pas remis.

En parlant de ça, j’ai profité de l’occasion pour faire mon rapport à Erk. J’ai passé mon temps à faire des rapports, ce jour-là. Je lui ai rapporté les remarques de Doc sur ses Soins, sur l’état de nos blessés.

Il a hoché la tête, pensif. Son regard est allé vers la base, mais Kris lui a attrapé le bras.

- Pas maintenant, Erik. S’il te plaît. Je… je ne supporterai pas de te voir encore une fois inconscient à l’infirmerie. Ce que j’ai fait cette nuit, cette marque sur mon âme, c’était pour éviter ça, alors, s’il te plaît…

Erk a levé un sourcil.

- Après P’tite Tête, c’était trop, bróðir

- Comment ça ?

- Tu avais une commotion cérébrale, hálfviti. Une bonne grosse commotion, et si Cook n’avait pas utilisé son Don, lui aussi, tu y serais peut-être resté.

- Mais ça ne marche pas comme ça… mon Don…

Kris a soupiré, puis sa tension est tombée d’un seul coup.

- Ecoute, mon grand, ce n’est pas ton Don qui t’a donné cette commotion, c’est ta chute. Tu es tombé comme une masse, comme un sac, tu étais inconscient et tu ne contrôlais plus rien. Tu as frappé le sol tellement fort, m’a dit Doc, que les éprouvettes dans son placard ont tinté. Et que, quand je t’ai tenu avec une forte envie de t’étrangler, il y avait déjà un début d’hématome sur ta tempe.

Il s’est passé une main sur le visage puis a saisi celui de son frère entre ses deux mains.

- Erik, quand Doc a fait son diagnostic, j’ai cru que je t’avais perdu, que tu resterais paralysé, ou légume, ou dans le coma, ou…

- Pardon, petit frère…

- Grand frère, si tu tiens à disparaître de la surface de la Terre, fais-le d’une façon qui fasse honneur à notre métier, à nos ancêtres, fais-le une arme à la main, pour que les Valkyries t’emmènent au Walhalla. Et emmène-moi avec toi. Ne me laisse pas derrière toi. Je ne veux pas te perdre. Je ne peux pas te perdre.

Erk avait l’air troublé, touché, ému. Moi, spectateur involontaire de cette déclaration, j’étais touché au plus profond de moi par l’amour qui nourrissait cette confession. Je me suis demandé si le Viking avait conscience de cet amour, de ce dévouement. Kris était prêt à mourir pour le suivre partout où il irait, dans ce monde ou celui d’après. Ames sœurs, en vérité ! Putain de fardeau !

Erk a dégluti et, la voix enrouée, a dit qu’il ferait de son mieux pour obéir à Kris. Celui-ci a eu un petit sanglot, Erk l’a pris dans ses bras, Kris a, comme à son habitude, passé les bras autour de la taille de son géant de frangin. Puis il a pleuré. Je me suis détourné, pour leur laisser une illusion d’intimité.

J’ai entendu des murmures, Kris se moucher, des gloussements. Puis plus rien. Mais il était hors de question que je me retourne.

Et d’un seul coup, je me suis trouvé encadré par les Islandais, sans les avoir entendus approcher. J’ai sursauté.

- Tu te sens coupable, l’Archer?

- Non, vous êtes juste trop silencieux. Comment vous faites, sur ce terrain à cailloux, pour ne pas faire de bruit?

- C’est magique.

- Mon cul, oui ! La magie, ça n’existe pas.

- Et nos Dons, alors?

- Ben, tu l’as dit, Erk, des Dons, pas de la magie.

- Selon la troisième loi de Clarke, je parle de l’écrivain, “Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie”.

- Mais les Dons ne sont pas de la technologie, enfin !

- Ça, on n’en sait rien.

- Pfff… Quoi que je dise, je n’aurai pas gain de cause, hein ?

- Eh non, mon pote. Désolé.

- Si tu es si désolé que ça, raconte-moi la Guyane, pour te faire pardonner.

- Oh oh, l’Archer, tu aggraves ton cas, a répondu Kris, chantage envers un officier supérieur… Ouh, ça va chercher dans les… Combien, Erik, à ton avis?

- Mmh, un certain nombre de pompes, qui se compte par dizaines. Avec Kitty sur le dos.

- Non, j’ai une meilleure idée : Mac.

- Ça, c’est vicieux, Kris. Il ne mérite pas une telle punition.

- Bon, vous avez fini, oui ? j’ai râlé.

A vrai dire, leur échange m’amusait, et que le moral de Kris remonte à mes dépens, ça m’allait aussi, mais j’avais vraiment envie d’entendre cette histoire.

- Raconter la Guyane, ça demande du temps, du calme et, sans doute, la présence de la patrouille. Tu vas devoir attendre.

- Mais vous raconterez ?

- Oui, sûrement. Il faudra que Kris soit d’accord, aussi.

Je me suis tourné vers lui. Il a haussé les épaules.

- Ça dépendra du moment, l’Archer.

Je me suis contenté de cette réponse.

On est rentrés à la base, tous les trois, une fois que les morts avaient été réduits à un tas de cendres. Je me suis demandé ce qu’on allait en faire, de ces cendres quand Erk s’est baissé, en a pris une poignée, a levé la main bien haut et l’a ouverte, laissant le vent emporter les morts sur le pays qui les avaient vu grandir.

J’ai échangé un regard avec Kris mais il a juste légèrement secoué la tête. Il m’expliquerait plus tard que c’était la façon qu’avait Erk de faire son deuil, de rendre un dernier hommage à ces morts. C’était la suite logique de son Notre Père et de son chant funéraire.

Le géant s’est soigneusement épousseté les mains et on est rentrés à la base, laissant le vent rendre à leur terre ces hommes qui s’étaient trouvés pris au piège dans leur propre pays, entre l’ambition démesurée d’un homme égocentrique et mégalomaniaque et les hommes chargés de mettre fin à ses rêves de grandeur.

Je me suis senti désolé pour eux. J’avais apprécié Rafa et, même je me doutais que les autres n’étaient pas forcément comme lui, je pouvais comprendre ce qui les avait poussés à nous attaquer.

Et penser à Rafa m’a fait penser à nos blessés. Et, comme par hasard, sur le canal général, un message : « Erk, à l’infirmerie, s’il te plaît ». Il a commencé à s’élancer, mais Kris l’a retenu.

- Mais…

- Si tu cours, tu vas manquer d’énergie pour intervenir.

J’ai eu l’idée de demander l’urgence sur le canal.

- JD est inconscient mais s’agite, et le drain est… c’est foncé.

- On arrive.

On n’a pas couru, on a juste marché vite.

Quand on est arrivés dans la petite salle de soins intensifs, Tito, debout sous les arcades, devant la porte, tenait fermement Yaka par son collier pour l’empêcher d’entrer. Le regard de loup de la chienne était fixé sur JD, comme depuis qu’il avait été couché dans ce lit.

Nounou avait préparé le tabouret et un kit, et dès qu’il a entendu nos pas, il a découvert la blessure. Erk, les yeux sur le ventre marbré du blessé, s’est lavé les mains soigneusement, observant JD.

- Nounou, tu lui retires le drain immédiatement, je veux la blessure libre de tout.

- Mais…

- Exécution, Nounou.

Le ton était doux, mais sans appel.

- L’Archer, va préparer la mixture. Kris, viens me soutenir.

Cet ordre-là m’a arrêté. C’était la première fois que je l’entendais. J’hésitais à obéir à Erk, je voulais voir. Tito, qu’il soit béni, m’a donné la chienne pour aller au mess à ma place. Grâce à lui, j’ai pu voir ce qu’Erk voulait dire par soutenir. C’était la première fois que Kris participait aux Soins de son frère en notre présence.

Erk s’est assis sur le tabouret, Kris s’est posté derrière lui, les mains sur ses épaules, le tirant pour l’appuyer contre lui, essayant d’avoir un maximum de contact avec lui. J’ai vu comment il a placé ses jambes de chaque côté de son frère, pour lui faire comme un fauteuil, malgré l’inconfort absolu que cette position devait avoir pour lui.

- Bróðir, a dit Kris assez bas, j’aimerai tellement pouvoir te donner mon énergie, pour ça.

- Ça me rendrait service, c’est certain, a répondu Erk avec son merveilleux sourire, mais celui-là destiné uniquement à son frère, si la tendresse qu’il y avait dedans devait servir d’indicateur.

Nounou avait obéi à Erk, qui a posé ses mains de chaque côté de l’horrible double blessure de notre pauvre camarade. Comme celui-ci s’agitait toujours, Nounou s’est mis à sa tête, derrière lui, et a pesé sur le haut de son corps, ses coudes sur les épaules du blessé, ses mains croisées sur la poitrine de JD, son menton sur son front.

Erk s’est immobilisé, Kris a glissé un bras autour de la poitrine du géant, a pris son poignet droit dans sa main, a posé son menton sur les cheveux dorés. Et Erk a enfoncé son doigt dans la blessure de JD.

J’ai failli gueuler quand JD a voulu échapper à Nounou, les yeux grand ouverts, le visage déformé par la douleur. Lâchant la chienne, je me suis précipité pour attraper ses poignets et un des hommes de Tondu, qui passait par là, est entré et a attrapé ses chevilles. Alyss, qui était venue chercher des antalgiques pour Bloody Mary, a attrapé Yaka à temps et l’a emmenée au mess pour la faire boire et manger, comme elle me l’expliquerait plus tard.

Concentré sur la tâche qui consistait à immobiliser un homme que sa blessure affaiblissait mais dont la douleur décuplait les forces, je n’ai pas pensé à engueuler le Viking tout de suite. Puis, j’ai vu que Kris soulevait lentement la main d’Erk, faisant ressortir le doigt qui brillait encore plus fort que d’habitude. La main de Kris brillait aussi, sans doute par contagion.

Portant mon regard sur le visage du Viking, j’ai vu son intense concentration, j’ai vu aussi qu’il était couvert de sueur – visage, cheveux, teeshirt – et tremblait, même si sa main, guidée par celle de Kris, était immobile. Kris, maintenant, le soutenait vraiment, physiquement, car Erk n’avait plus la force de tenir debout ni même assis.

Ce que j’ai remarqué aussi, c’est que le deuxième impact, qui n’avait jamais eu de drain, se refermait doucement.

De la première blessure sortait, autour du doigt d’Erk, un liquide à la couleur indéfinissable et à l’odeur forte, mêlé de sang.

JD gémissait sans bouger maintenant, des larmes de douleur coulant sur ses tempes. J’ai tendu une main vers sa joue, pour le rassurer. Puis au lieu de prendre son poignet, j’ai pris sa main, j’ai serré doucement. Et avec chaque gémissement, ce pauvre JD m’écrasait les doigts. Mais ça m’était bien égal si ça pouvait l’aider à surmonter la douleur.

Le doigt d’Erk est enfin sorti complètement de la blessure et le sang qui en coulait était rouge vif, propre, sain. Non infecté.

Avec un soupir, le géant s’est laissé aller dans les bras de son frère qui l’a allongé au sol, le tenant toujours, profitant de ce contact qu’il recherchait tellement.

Nounou s’est dépêché de nettoyer les plaies maintenant propres et saines de JD et de refaire un pansement propre.

J’ai rassuré JD du regard, je lui ai montré le stylo injecteur de morphine que m’a passé Nounou, il a légèrement hoché la tête et a fermé les yeux quand elle a fait effet.

Tito est arrivé avec la mixture, a aidé Kris à faire boire le géant, qui se laissait complètement faire, conscient, épuisé, et, étrangement, heureux.

- J’ai réussi, Kris…

Sa voix était un filet, rauque, éraillée, n’ayant plus rien à voir avec le baryton chaleureux que j’avais entendu moins d’une heure avant.

- Bravo mon grand. Je suis fier de toi, Eiríkur, a dit Kris en posant un baiser sur le front de son frère, qui a souri, de ce sourire shooté qu’il avait eu quand la morphine lui permettait de ne pas souffrir.

Malgré ce que Kris pensait du besoin de sacrifice de son frère, malgré le risque qu’Erk, à peine reposé de ses Soins de cette nuit, avait pris pour sauver une vie, Kris le félicitait, lui faisait des compliments. Pour éviter à Erk de se sentir coupable d’être allé à l’encontre des souhaits de son frère, malgré l’enjeu.

Tito a sorti d’une de ses poches de cuisse une petite bouteille de jus d’orange, mélangé à des baies de goji et je ne sais quoi d’autre, que Cook prépare pour les cas extrêmes. C’est très sucré, ça donne un coup de fouet très temporaire et le géant a sifflé la bouteille, voulant sans doute faire passer le goût de la mixture.

Après lui avoir lavé les mains, Kris a relevé son frère, je lui ai filé un coup de main et, soutenant le Viking entre nous, on l’a emmené dans l’infirmerie, l’allonger sur le lit que Kris et Tito avaient partagé cette nuit-là.

Doc, entouré de ses apprentis, n’avait pas voulu leur montrer la sévérité des blessures de JD, ni qu’ils voient un acte qui, hors contexte, s’apparentait à de la torture. La petite toubib s’est approchée de son amant, qui essayait de garder les yeux ouverts.

- Kris, tu l’as fait boire ?

- Oui, la mixture et du jus d’orange.

- Mmh… il est trempé.

- Je vais bien, Doc, a dit le Viking.

- C’est ça, oui.

Erk frissonnait, claquant des dents, secoué de temps à autre par un frisson bien plus violent que les autres. Doc a pris une petite loupiote, a regardé ses pupilles, a pincé la peau de sa main.

- Erk, tu es en hypothermie légère, à cause de la perte d’énergie. Plus ton teeshirt trempé qui te refroidit. Et tu es déshydraté.

Elle a pris sa main, caressant le dessus de ses tous petits doigts

- J’espère que ça en valait la peine ?

Il a hoché la tête. C’est Kris qui a répondu à sa place.

- A vérifier avec Nounou, mais l’infection de JD a disparu…

- Intestins… a murmuré le géant.

- Oui, et ses intestins sont réparés, intacts. Tout ce qui lui reste à faire, maintenant, c'est se reposer pour refermer sa peau, refaire du sang, tout ça. Ah, je suis O+, si ça peut aider.

- Sami, va chercher Nounou, a demandé Doc à un de ses apprentis.

Le gamin est revenu avec un infirmier encore un peu choqué par ce qu’il avait vu. Nounou a fait son rapport à Doc, lui montrant, sur sa tablette, les constantes de JD.

Erk a fermé les yeux, les bras de Kris autour de lui, mais, frissonnant toujours, il n’arrivait pas à s’endormir, même si Kris lui frottait les bras et le torse pour essayer de le réchauffer. Doc les a regardé un instant puis :

- Nounou, tu sais où est la cuve ? Alors tu l’apportes dans les douches, tu la remplis d’eau très chaude. Kris, l’Archer, je veux Erk à poil dedans au plus vite. Et qu’il y reste le plus longtemps possible. Cook fera un bouillon très chaud, qu’il devra boire jusqu’à la dernière goutte, et ensuite, quand il arrêtera de frissonner, je le veux au lit avec un pantalon et des chaussettes, en plus du reste, autant de couvertures que nécessaire, et une perfusion de glucose.

Le géant a vaguement protesté, mais c’est Kris qui l’a fait obéir.

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