LXXX
Au petit déj, pendant qu’on sirotait notre caoua brûlant, Erk a sorti une carte de la région. Format A3, plié en 8, préparée à la façon des anciennes cartes d’état-major qui étaient proprement découpées en rectangles et collées sur du tissu. Chaque rectangle avait été plastifié et on pouvait écrire dessus avec un crayon gras, type khôl de maquillage, mais en plus fin, ou, si on voulait du permanent, avec un feutre à alcool.
Cette carte-ci ne couvrait que le territoire de Durrani, avec la base en bordure. Avec l’aide de Tito, on a retracé notre chemin sur la carte. Vous allez me dire que ça fait un peu double emploi avec les casques, mais on avait besoin de savoir où aller, pas où on était, et comme on ne pouvait pas projeter ce que voyait Tito, et que nos tablettes de combat étaient trop petites pour qu’on puisse les utiliser à plusieurs, on utilisait encore ces cartes d’état-major améliorées. Celle-ci était en fait une image satellite retravaillée par ordinateur pour faire ressortir les oueds, dénivelés et autres joyeusetés invisibles ou cachées au satellite.
On s’est penchés sur la carte, on a regardé ce qu’il y avait à une journée de marche vers le cœur du territoire du Pashtoune. On a trouvé un ou deux ensembles de bâtiments qui pouvaient être intéressants. Ce n’était pas des fermes, c’était plus gros. Kris en a désigné un du doigt.
- L’Archer, regarde si tu peux avoir une meilleure idée de ce que c’est par satellite, tu veux bien ?
J’ai baissé ma visière, sorti ma tablette de combat, j’ai commencé à bidouiller en entrant des coordonnées, en demandant une meilleure définition… J’ai obtenu un cliché datant de deux mois, mieux que rien. Je l’ai observé un peu, puis, en cliquant sur un bouton, je l’ai partagé à toute la patrouille.
- Sortez vos tablettes, les gars.
Ils ont regardé le cliché, ont commenté…
- On dirait une exploitation agricole, plus à l’américaine ou l’argentine qu’à la manière afghane, a dit Kitty.
- Qu’est-ce qui te fait penser à ça, Kitty ?
- La façon dont les bâtiments sont organisés autour d’une cour centrale, c’est plutôt standard, pour une grande exploitation. Là, on peut voir le corps de ferme, avec des jardinières autour de la maison, comme s’il y avait une femme qui avait le temps et le loisir de faire pousser des fleurs. Ensuite, ces bâtiments-là, à droite, on dirait des hangars à… foin ou autre. En face, un hangar à machines : regardez la largeur des traces de pneus. Ça ressemble à du tracteur agricole.
- Bon, a dit Erk, dans le coin, le seul qui a les moyens d’avoir ce genre de matériel, c’est le Pashtoune. Et à part la luzerne pour ses pur-sang, je doute qu’il cultive autre chose que du pavot. Bien. On n’est pas équipé pour la destruction de cette culture, mais, si vous le voulez bien, on va aller faire du repérage.
- Il nous faudrait une hauteur, a dit JD, silencieux jusque là.
- Bien vu, JD, a dit Erk. Tito, l’Archer, regardez si vous pouvez nous trouver un perchoir.
Pendant qu’on comparait nos données, Kris a demandé à Kitty pourquoi elle avait dit « comme si ».
- Je vois mal une femme Afghane ayant le temps de faire pousser des fleurs.
- Oui, Kitty, mais… pourquoi as-tu pensé à des fleurs ?
- Euh… je crois que j’ai vu des images, quand j’étais petite. Des photos de fermes aux Etats-Unis. Et maintenant que j’y pense, les bâtiments étaient situés quasiment comme ceux ici, un peu comme si…
Elle s’est tue. Tito m’a rappelé à l’ordre, j’avais été distrait par les remarques. Je me suis de nouveau concentré pendant que Kitty réfléchissait.
Au moment où on trouvait un endroit qui pourrait convenir, Kitty laissait échapper un gros juron en anglais.
- Fuck !
On a tous sursauté, on connaissait son vocabulaire étendu d’insultes et autres politesses en pachto et dari, mais en français et en anglais, elle était toujours restée polie.
- Je me suis laissée avoir comme une crétine.
Elle s’est mise à s’agiter, comme si ses gestes aidaient les mots à sortir sans se bousculer.
- Bon, je… en fait, ça fait, quoi, quinze ans que mes compatriotes ont commencé à se refermer sur eux-mêmes. Mais avant… avant ça, ils… certains s’étaient installés ici. Certains même à la demande des seigneurs de la guerre, pour les aider à améliorer l’agriculture, pour éviter de dépendre de Kaboul ou des importations étrangères. Et cette ferme… c’est soit une des fermes américaines, soit un… decoy ?
- Un leurre, a répondu Kris.
- Yes, un leurre. Une fausse ferme, pour qu’un esprit américain soit rassuré en la voyant. Et ça a marché.
- Comment ça, un esprit américain rassuré ?
- C’est comme… quelque chose auquel tu es tellement habitué que tu n’y prêtes plus vraiment attention. Qui est tellement familier que ce n’est plus dangereux ?
- C’est bien à ça que je pensais, a dit Kris. Bien vu, Kitty. Et comme les satellites jusqu’à vingt ans en arrière étaient pour une grande part américains, ton explication est plutôt valable. Rien que pour ça, ça mérite qu’on s’y intéresse et qu’on aille voir. Tito ? Vous avez trouvé quelque chose ?
- Oui, a répondu mon p’tit pote. C’est, en plus, entre nous et l’exploitation, donc on n’a pas un trop grand détour à faire.
- Bien. Tu prends la tête, Erk, tu le couvres, l’Archer, tu suis et les autres en file indienne, comme bon vous semble. JD, tu retires son collier à Yaka et je veux qu’elle patrouille à un bon kilomètre de nous. Je fermerai la marche. Rappelez-vous, on est sur le territoire du lion, et il est bien énervé, donc on fait tous très attention.
On est partis, ayant encore bien vérifié nos pare-balles et casques. Nos pare-balles sont des anciens modèles, très résistants et couvrant bien le torse et le bas-ventre devant, le dos et les reins derrière. Ils sont un peu lourds, et encore un peu rigides, même si on a fait beaucoup de progrès de ce côté-là. A Sarreguemines, dans le régiment où j’ai fait ma punition, il y avait, au mess, un modèle de gilet pare-balles de 2025, qui, à l’époque était un truc vraiment moderne mais assez lourd, il mélangeait pare-balles classique et gilet de police avec batterie intégrée fournissant une charge à nos appareils divers et variés, plus adapté à de courtes missions qu’à nos patrouilles.
Celui que nous portions actuellement ne pesait que cinq kilos – sauf celui d’Erk qui devait bien en peser sept ou huit –, nous fournissait une autonomie de 48h avant de devoir être rechargé à fond. Ceux que Lin avait commandés, et que nous attendions avec impatience, étaient une version plus moderne, plus légère, plus souple et offrant une autonomie de charge pour nos appareils de quatre jours.
Nos casques étaient branchés sur nos gilets si nous devions bouger de nuit, et pour les sentinelles, mais fonctionnaient à l’énergie solaire de jour. Pas de batterie, juste de la charge. La toile camouflée qui couvrait le casque était assez révolutionnaire, et nous avions eu de la chance de pouvoir obtenir ces casques-là à un prix très correct. Je pense que nous étions des cobay... pardon, on dit beta-testeurs…
Cette toile, donc, qui supportait la teinture (pas la peinture) réagissait à la lumière solaire, aux UV, très exactement, et fournissait donc une charge aux casques. Il y avait aussi un mécanisme à gyroscope, que l’on devait secouer un peu pour le démarrer et qui pouvait fonctionner si on bougeait. Mais c’était vraiment en cas de panne ou de manque de soleil.
Parce que danser le twist en plein milieu de la cambrousse afghane, c’est un peu tenter le diable. Et par ici, le diable est un Pachtoune avec des cases en moins et un mépris complet pour toute vie humaine qui ne soit pas la sienne propre.
Un dernier mot, puis je reprends mon récit. Tout ce matériel, les nouveaux casques, les futurs gilets pare-balles, venait d’ATS, Aves Technology Systems, une très grosse boîte, créatrice du premier ordinateur quantique, 2ème en Bourse derrière Gogolplex et devant Google. ATS développe, pour sa propre filiale sécurité, du matériel de première qualité, dont on peut se porter acquéreur pour une belle somme.
Le fait que nous, mercenaires de huitième zone – au moins –, ayons accès à ce type de matériel me fait dire qu’on a soit un parrain – et je commence à penser à un Italien, voire même à un Lombard, je ne sais pas pourquoi –, soit qu’on sert de testeurs sur le terrain.
Bref, je reprends mon récit.
On a fini par arriver au pied de la petite éminence que Tito et moi avions repérée. En file indienne, on a suivi le sentier qui nous conduisait, non pas au sommet, ce qui nous rendrait visibles et vulnérables, mais à mi-hauteur, sur un ressaut qui avait l’air prometteur.
Très prometteur, même : il s’agissait d’une cuvette assez grande pour nous tous, et dont le rebord était suffisamment haut pour bien nous cacher, à plat ventre. On a décidé qu’on se déplacerait à quatre pattes s’il le fallait.
- Bon, a dit Kris. Baby Jane, tu te places au mieux pour pouvoir viser la ferme. Essaye de ne pas te faire repérer. Pour l’instant, on est à l’ombre, mais quand le soleil va tourner, je crains un reflet.
- Pas sur la lunette, en tout cas, a répondu notre sniper/marksman.
- Je pensais au canon. Il a beau être peint en camouflé…
- Oh, je vais couvrir mon flingue de poussière là où ça ne gênera pas.
- D’accord. Et si tu tires ?
- Le suppresseur dissimulera la flamme et… on n’est pas dans la neige, ici…
- Tu penses à Simo Häyhä, la Mort Blanche ?
- Absolument. Tu connais sa méthode. Mais elle ne s’applique pas ici. Mais dis-toi une chose, Kris, c’est que si je tire, on sera immédiatement découverts. Ils mettront plus ou moins de temps à nous trouver, mais…
- Je sais, Baby Jane. Faisons au mieux et croisons les doigts.
Pendant ce temps, Erk avait demandé à Quenotte de prévenir Lin, et j’avais filé au rouquin les coordonnées GPS qu’affichait ma visière, pendant que Tito utilisait son interface au poignet pour nous situer sur une carte et l’envoyer ensuite à la base.
- Bon, frangin, les motos sont à deux heures de notre position, la Land un peu plus proche.
- J’espère qu’on n’en aura pas besoin.
- Moi aussi, petit frère, moi aussi.
On s’est installés autour de la cuvette, allongés sur le ventre dans la poussière et les cailloux, suivant les instructions de Kris, Baby Jane avec son MKSR, tournée vers la ferme, Quenotte et Kris de chaque côté d’elle, avec leurs EMA 7. Kitty s’est placée à la droite de Kris, et moi à la gauche de Quenotte.
Tito et JD étaient à l’arrière, ne servant pas à grand-chose pour l’instant, profitant de l’ombre que le petit sommet, au sud, projetait sur nous. On ferait une rotation, sauf Baby Jane et Kris, histoire de profiter un peu tous de l’ombre. Kris avait décidé de rester en alerte et avait interdit à son frère de se mettre en danger.
Celui-ci, assis par terre au milieu de la cuvette, avait sorti la carte et l’étudiait soigneusement, aidé par Yaka que le bout de papier plastifié semblait fasciner. Le géant s’est ensuite approché de son frère, jumelles sorties, et a visé l’exploitation agricole américaine en contrebas.
Ça faisait bizarre de voir une ferme de grande taille, avec de grands bâtiments, des silos, ça ne correspondait pas trop aux habitats locaux. C’était bien construit avec les matériaux du coin, pierre, adobe, pisé, mais aussi avec des parpaings, des poutrelles métalliques, etc.
- Il y a du monde… a dit Erk de sa voix basse. Il y a bien des tracteurs agricoles, mais je vois aussi de la Kalachnikov. Plus modernes que celles qu’on a récupérées l’autre nuit. Je ne vois pas d’animaux, pas de chiens, poules… pas de femmes et pas d’enfants. Ça sent le pavot, ça…
- Erk ?
- Oui Kitty ?
- Pourquoi tu dis ça ? Les enfants et les femmes, dans cette partie du monde, ça ne coûte rien, comme main d’œuvre… Donc s’ils les employaient pour récolter le suc du pavot, comme ils font en Birmanie, ça baisserait les coûts de production et augmenteraient leur marge ?
Erk l’a regardée fixement un instant et si je n’avais pas dû garder mes yeux à moi sur la ferme, j’aurais fait pareil. Elle comprenait plutôt bien les problématiques économiques de la région. Je me demandais qui l’avait formée.
- Tu as tout à fait raison, Kitty. Et c’est pour ça que je dis que c’est du pavot. Tu connais la place des femmes dans cette société… J’ai discuté un peu avec le mari de Dina, le jour où on est rentrés trempés, tu sais, quand le village nous avait préparé une soupe ?
- C’est le jour où Tito est tombé malade ? Oui, je me souviens.
- J’ai discuté un peu avec lui. Il est très… occidental, lui, et il était content de voir nos deux femmes soldats, et se désolait que les Afghans continuent à voir les femmes comme inférieures, impures, et toutes ces conneries. Et c’est là qu’il m’a dit que certains mecs voyaient la culture du pavot comme une culture noble et…
Il a haussé les épaules.
- Oh, une affaire d’hommes, quoi ?
Elle avait l’air dégoûté, et faut avouer qu’il y a de quoi. En quoi la noblesse était-elle purement masculine ? Quand on voyait comment certains se comportaient, on pouvait en douter. Je ne suis pas un ultra-féministe, et pour moi, hommes et femmes ne sont pas égaux mais complémentaires, mais sur certains sujets, les femmes étaient meilleures, en capacité d’empathie, par exemple, et donc, souvent, de négociations et de diplomatie, mais aussi, quand je vois Lin, Baby Jane ou Mac, je me dis que l’écart disparaît au fil du temps. Les femmes étaient, selon les métiers, moins obligées de faire leurs preuves qu’avant, mais, aussi souvent que les hommes, elles excellaient dans ce qu’elles faisaient.
Erk a repris.
- En effet, c’est comme ça qu’ils voient ça. Donc, les femmes étant impures et les enfants irresponsables, le pavot étant une culture noble, quand on voit des manœuvres uniquement masculins, deux et deux font quatre et… Voilà !
Alors, normalement, on aurait pu, juste en regardant les cultures, savoir si c’était du pavot ou autre, mais en fait, à cette époque de l’année, les plants étaient petits et n’avaient pas encore commencé leur floraison, donc impossible de les distinguer d’un blé, par exemple. Mais si ça avait été du blé, on aurait vu des moissonneuses batteuses, pas des bennes tirées par des tracteurs.
Le pavot… en fait, ce qu’on récolte sur le pavot, c’est sa sève, une sorte de gomme blanchâtre, qu’on obtient en incisant le fruit du pavot, cette capsule qui reste une fois la fleur fanée ou, plus généralement, enlevée. On ne peut pas mécaniser cette récolte sous peine d’en perdre plus de la moitié.
Les Birmans, les Laotiens, les Mexicains, aussi, emploient des enfants, des vieillards, des femmes, des handicapés, trop heureux de se remplir le bide une fois par jour en échange de plusieurs heures de travail penchés sur les capsules.
Les Afghans, ou plutôt, notre Pashtoune, estiment que seuls les hommes peuvent récolter correctement le suc. Comme chaque capsule, une fois incisée, laisse écouler lentement son suc, et en donne peu à chaque fois, la récolte se fait en plusieurs fois, et le sac que les hommes portent à l’épaule se remplit très lentement.
Donc la grande benne tirée par le tracteur sert à transporter les hommes dans les champs, avec de l’eau et à bouffer, puis aussi à rapporter les sacs pleins…
Donc, Erk ne se trompait pas en disant qu’il s’agissait de pavot. Or, pour nous, qui dit pavot dit destruction programmée. Malheureusement pour ce programme, ou heureusement pour Durrani, nous n’étions pas équipés pour la destruction. C’est généralement Frisé et la Land qui trimballent l’essence et les explosifs.
Donc, aujourd’hui, nous ne ferions qu’observer. Nous nous étions néanmoins placés de manière à nous défendre parce que c’est comme ça qu’on fait en territoire ennemi. Et la lunette de Baby Jane était presque aussi efficace que les jumelles d’Erk. Je dis presque aussi, parce qu’elle ne permettait de voir que d’un œil, limitant un peu la vision, et qu’elle était plus petite que les jumelles, limitant le champ de vision. Mais d’un point de vue distance et précision, elle pouvait être supérieure.
On a observé pendant un moment, Erk notant les mouvements des camions, des hommes, comparant ses notes avec ce que voyait Baby Jane. Le soleil envahissait lentement notre petite cuvette, et ceux d’entre nous qui le pouvaient ont tourné, changeant de place pour se reposer un peu. Mais jamais longtemps, hors de question de faire une sieste, par ici.
Baby Jane ne pouvait pas bouger, et Kris avait décidé qu’il ne bougerait pas. Quand Erk a voulu prendre la place de son frangin, il a eu droit à un regard noir. Non, pas noir. Gris acier. La couleur de la colère chez Kris. Je me suis demandé pourquoi il était dans cet état, puis je me suis dit que lui aussi tenait à protéger son frère et que si Erk était au centre de la cuvette, c’était pour le protéger, lui. Car, avec son Don, il pouvait nous Soigner, mais lui, personne ne pouvait le Soigner et s’il était blessé, il lui faudrait guérir de manière classique, ce qui prendrait du temps. Et occasionnerait tellement d’angoisse chez Kris qu’il valait mieux l’éviter.
Erk a fixé son frère un moment, puis le coin de sa bouche s’est légèrement relevé et il s’est rassis au centre de la cuvette, les bras croisés. Apparemment incapable de rester assis, il s’est relevé à quatre pattes, s’est approché de Kris, a ouvert son sac et a farfouillé dedans.
- Qu’est-ce que tu fous, Erik ?
- Pharmacie. Tu la planques où ?
- Tu… poche de gauche. Les HE, à droite.
- Merci.
Et, une fois réinstallé au milieu, il a ouvert la trousse en cuir noir qui contient notre pharmacie de patrouille et en a commencé l’inventaire. Comme l’avait demandé Lin à Doc, on a tous, dans nos poches et nos sacs à dos, une pince longue stérilisée et emballée sous vide, ainsi que quelques compresses, une bande et de l’ibuprofène. Tito se trimballe, en plus, sa chloroquine anti-palu. La pharmacie de patrouille comprend en plus d’autres compresses, bandages et pinces, des aiguillées de soie toutes prêtes, des micro-pipettes d’huiles essentielles, de quoi désinfecter, et tout et tout. Avec le Don d’Erk, on a besoin de moins que les autres, heureusement pour nous.
Le soleil a continué à grignoter l’ombre de notre cuvette, on s’est mis à rôtir doucement, ceux qui n’étaient pas de surveillance somnolaient…
- Ras le cul de peigner la girafe, moi, a dit Tito au bout d’un moment.
- Ouais, je me sens aussi utile qu’un frigo au Groenland, j’ai répondu.
- Au moins, au Groenland, il fait froid… On pourrait cuire du bacon sur les pierres ici…
- J’te croyais musulman, Tito, a dit Quenotte.
- De loin, mon pote. Et puis, ce serait con de se priver de ce truc absolument extraordinaire qu’est le bacon, non ? Ou les rillettes… un bon saucisson bien sec… ou une omelette aux lardons, à peine baveuse, avec plein de fromage, d’oignons verts et les lardons juste grillés comme il faut…
- Ah, putain, arrête, Tito, a dit JD. On a des rations militaires et tu nous parles de charcuterie…
Et on a entendu son estomac gronder. On s’est marrés.
On a continué à peigner la girafe, à regarder les mecs s’agiter vaguement en bas, et on s’est préparé à attendre encore, voire à passer la nuit sur place. Merveilleux…
Et puis…
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