Chapitre 10.2

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Valgard ne craignait plus leur regard. Que pouvaient-ils lui faire, à présent qu'ils lui avaient fait connaître la douleur la plus abominable qui soit ? En plongeant dans Hvergelmir et en recevant la caresse des damnés, il avait échangé son âme contre des milliers d'autres. Leur souffrance était à présent la sienne. Tant que cela durerait, il continuerait à se sentir l'un des leurs, perdu au milieu des vivants. Pire, il lui suffisait d'observer leurs traits pour éprouver la moindre de leurs émotions passées, pour revivre le plus insignifiant de leurs souvenirs. Il entendait leur peine, leurs doutes et leur peur.

Bien que dépourvus de volonté et attirés par une force supérieure, une part d'eux-mêmes demeurait attachée à ce qu'ils venaient de quitter, ainsi qu'aux proches qu'ils avaient laissés derrière eux. La mort qui avait pris ces malheureux les avait rendus aussi fragiles et inquiets que des bambins arrachés à leur mère. Ces pauvres hères n'avaient pas non plus conscience de ce qui les attendait entre les grilles de Helheim. Alignés en rangs serrés, ils suivaient ce murmure qui les appelait par leur nom et les exhortait à rejoindre ce lieu où la lumière du jour ne brillerait plus jamais. La voix de Hel était leur guide jusque dans le pays des ténèbres, où, conformément à la volonté d'Odin, elle emprisonnerait leur être dans une geôle dont les barreaux se feraient infranchissables.

Sous peu, leur nouvelle condition leur apparaîtrait dans toute son horreur. Ils iraient croupir avec les autres, noyés dans les courants de la source originelle, contraints à y pourrir sans s'y dissoudre. Eliudnir les narguerait de toute la hauteur de ses pontons de pierre en suspension dans le vide. Chaque nouvelle seconde de cette lente agonie, ils se sentiraient les pantins pathétiques de dieux égoïstes, les victimes infortunées d'un partage éhonté de l'univers. Leur tristesse finirait par se muer en une haine profonde et tenace envers leurs bourreaux, rage que nourriraient leur impuissance totale et leur misérable faiblesse. Puis ils auraient un choix à faire entre la voie de la patience, confiante en leur champion, et une fin rapide, dans la gueule dégoulinante des serviteurs de Nidhogg. C'était le lot de ceux qui commettaient l'impardonnable faute de périr ailleurs que sur un champ de bataille, sans épée ni lance à la main. Les uns avaient été emportés par la maladie, la vieillesse ou la famine ; les autres avaient succombé à des brutes épaisses ou à des brigands sans foi ni loi que les valkyries ne manquaient pas de conduire jusque dans les lumineux palais d'Asgard.

En vérité, les dieux, terrifiés par l'annonce de leur propre trépas, tentaient désespérément de sauver leur vie. L'idée de perdre la bataille finale les remplissait d'un tel effroi qu'ils avaient choisi de s'entourer de guerriers capables de les défendre lors de ce que tous appelaient, dans un mélange de crainte et de respect, le « Crépuscule des puissances ». En conséquence, vivre par la force était devenu le seul et unique moyen d'échapper au sort peu enviable qu'Alfadr et les siens destinaient à ceux qui, jadis, retournaient au Grand Vide une fois leur existence achevée. Par peur de la mort, le fils de Bor³³ s'était octroyé le privilège de bouleverser ce qui avait toujours été, retirant au primitif Orlög ce qui lui revenait de droit.

L'équilibre devait être restauré. Néanmoins, Valgard devait d'abord s'éveiller au Wyrd, cette gigantesque toile cosmique tissée par la destinée. Combattre le seigneur des Ases et ses serviteurs ne serait possible qu'après être devenu leur égal.

« Ne regardez pas ces spectres, lança Garm.

— J'ai l'impression que nous avons déjà eu cette conversation, répondit Valgard, heureux de recevoir la visite de son vieil ami.

— Je vous avais mis en garde contre leurs sombres pouvoirs à l'époque où vous n'étiez qu'un petit garçon.

— Les choses ont changé depuis lors. Je ne suis plus le même. Eux non plus, d'ailleurs.

— Si seulement j'étais arrivé plus tôt. Peut-être aurais-je pu vous éviter ce drame. J'ai senti que quelque chose de grave se déroulait dans le Niflhel. Je me suis mis en route immédiatement. Malheureusement, les serpents avaient été plus rapides et vous avaient précipité du haut de la falaise. Vous aviez dérivé sur de nombreux milles, là où le courant se faisait moins violent.

— Tu n'as pas à t'en vouloir. Tu m'as ramené à Eliudnir et c'était tout ce que tu pouvais faire. Nidhogg est un ennemi trop dangereux. Si tu étais arrivé plus tôt, ces charognards t'auraient peut-être jeté dans le vide à ma place !

— C'eût été préférable. Je ne suis qu'un chien de garde, un monstre dont la vie n'a que peu de valeur. Je suis né pour défendre votre mère et le royaume qu'elle a créé.

Valgard soupira. Bien que titanesque, tout en poils et en crocs, Garm était un être magnifique. Lui seul semblait encore l'ignorer.

— Sans doute. Mais tu l'as dit : ton rôle est de servir ma mère, pas moi.

— N'êtes-vous pas une partie d'elle ? Je vous trouve semblables sur bien des points.

— Je ne peux le nier. Voilà des années que je ne l'ai vue, pourtant, je me sens toujours proche d'elle. Peut-être est-ce dû au fait qu'elle continue à m'observer. Et puis, quand je vois mon reflet dans une lame, c'est son visage qui m'apparaît.

— Hel vous aime profondément. Elle le fait à sa façon, dans l'obscurité et le silence.

— Je t'avoue que je t'envie un peu. Lorsque tu en parles, tu sembles la connaître mieux que moi.

— Ne dites pas de bêtises. Vous êtes son unique enfant. Personne ne peut se vanter de la connaître mieux que vous.

Un nouveau soupir. Proche de Hel ? Non, Valgard n'y croyait pas.

— Tu es aussi vieux qu'elle, n'est-ce pas ? Les dieux ne l'ont pas jetée seule dans le gouffre qui l'a menée au Niflhel. À cette époque, tu étais à ses côtés. Tu as été banni de Midgard également.

— Je vois que la vierge n'a pu s'empêcher de vous raconter mon histoire. En vérité, il n'y a pas grand chose à en dire. Je suis un monstre qu'Odin et les siens ont exilé en même temps que celle dont ils craignaient le pouvoir. Je n'étais qu'un chiot à cette époque, une simple boule de poils pas plus grosse qu'un poing. J'ignore ce qu'on me reprochait.

— Que te rappelles-tu de ce jour ? Te souviens-tu d'Odin ?

— Non, cela remonte à trop longtemps. Je me souviens seulement d'un homme. Avec lui, je me sentais en sécurité. Il me nourrissait et s'occupait de moi. Ce qui ne l'a pas empêché de m'abandonner à son tour et de me livrer aux ténèbres.

— Que peux-tu me dire d'autre à propos de lui ?

— Pas grand-chose. Je me rappelle juste que sa voix était toujours calme et ses gestes tendres. En revanche, j'ai le souvenir d'un autre animal, enfermé dans une cage près de la mienne. Il était convenablement traité ; malgré tout, il avait dans les yeux une sorte de rage que la bonté de notre geôlier ne pouvait calmer. Lui et moi marchions à quatre pattes ; c'était là tout ce que nous avions de commun. Il suffisait de croiser son regard pour réaliser quel genre d'implacable tueur il allait devenir.

Garm avait presque l'air gêné de revisiter cet épisode de sa vie passée. D'ailleurs, peut-être était-il capable de se remémorer plus de choses qu'il ne voulait l'admettre. Était-il seulement possible que l'origine de sa naissance soit liée, d'une façon ou d'une autre, à celle de la fille de Loki ?

— Quel genre d'enfant était ma mère ? demanda Valgard.

— Je ne crois pas me tromper en vous répondant qu'elle n'a jamais eu d'enfance. Elle et moi avons grandi ensemble, comme des bêtes sauvages. Errant à travers le premier monde, nous ne nous souciions pas de notre nourriture – fort heureusement d'ailleurs, puisqu'on ne trouve nul être vivant dans le Niflhel. Nous n'avions pour seul langage que grognements et autres hurlements animaux.

— C'était avant que Helheim voie le jour, c'est ça ?

Un oui de la tête.

— Les dieux avaient exilé votre mère afin qu'elle crée un royaume dans lequel pourraient être emprisonnées les âmes des faibles. Mais, au préalable, Hel devait s'éveiller à ses véritables pouvoirs. Cela a pris quelques années, vous vous en doutez.

— Et pendant ce temps, qu'est-il advenu de ceux que les dieux destinaient à habiter le royaume souterrain ?

— Ceux-là sont retournés au Néant. Ce n'est que lorsque Hel a fait la connaissance de Nidhogg et de ses serpents que sa véritable nature s'est réveillée.

— Nidhogg !

— Jusqu'à notre venue, lui et ses hordes de parasites étaient les seuls habitants de ce désert. Peut-être n'avaient-ils pas senti notre présence, peut-être avaient-ils préféré nous ignorer. Quoi qu'il en soit, durant longtemps ils ne nous importunèrent pas. Un jour, cependant, ils décidèrent de venir nous rendre visite. Aujourd'hui, les serpents me craignent et n'oseraient m'attaquer sans s'assurer d'être assez nombreux. À l'époque, j'étais loin d'être aussi impressionnant.

— Ils ont cherché à vous faire du mal ?

— Vous savez de quoi ils sont capables. Ils n'avaient sans doute jamais encore goûté autre chose que la viande de reptile ou de iotun. Leur curiosité les a donc poussés à se demander si la moelle de mes os et la chair de mes muscles pourraient satisfaire leur insatiable appétit.

— Ils ne reculent donc devant rien.

— Je me suis défendu avec hargne. Malheureusement, leur nombre était trop important. Et je ne raconterais pas cela si votre mère ne s'était pas interposée.

Valgard brûlait de connaître la suite.

— Qu'a-t-elle fait exactement ?

— En un instant, elle a pulvérisé mes assaillants. Brusquement, une énergie sans borne a émané d'elle. Son apparence était celle d'une petite fille nue, efflanquée et difforme, mais son önd était devenu celui d'une déesse ! Étrangement, cela n'a pas semblé étonner Nidhogg. Si nous ignorions tout de l'endroit dans lequel nous vivions, lui, au contraire, donnait l'impression de maîtriser cet environnement hostile.

— Comment a-t-il pu savoir qui vous étiez ?

— Il connaissait les noms que l'on nous avait donnés, ces noms qui faisaient partie des rares choses gravées au fin fond de notre mémoire. Il disait savoir quel était le rôle de la fille de Loki et qu'il ne tenterait pas d'aller contre la volonté des dieux. Il disait être prêt à partager son royaume, en offrant une partie à celle qu'Odin avait chargée d'accueillir les âmes damnées dont il ne voulait pas lui-même. Il avait ajouté que le pouvoir de Hel était grand et que, grâce à ses nouveaux serviteurs, elle ferait bâtir ici un palais de pierres noires qui surplomberait Hvergelmir.

— Eliudnir. L'endroit où je suis né.

— Ce sont les morts qui l'ont construit. Après que votre mère ait compris ce à quoi elle était destinée, de pauvres créatures vinrent la rejoindre, totalement soumises à sa volonté. Dans la vie, elles avaient été les esclaves de bien des seigneurs ; dans la mort, elles n'étaient les sujets que d'une seule et unique suzeraine. Partout dans les huit autres mondes, on commença à murmurer avec crainte le nom de Hel, l'ensorceleuse. Les dieux comprirent alors que leur atout venait d'être joué. »

La demeure des ombres brillait tel un sombre joyau dans la nuit perpétuelle qui recouvrait la plus petite parcelle de roche et de glace. C'était un édifice titanesque, comparable à un véritable labyrinthe. Ceux qui n'étaient pas protégés par le pouvoir de la gardienne des lieux étaient réduits à s'y perdre pour toujours et à y être inlassablement tourmentés. Plus qu'une simple résidence, il s'agissait du cœur de l'empire de Hel et personne n'ignorait quelle horrible fin attendait ceux qui se montreraient assez hardis pour en forcer les portes. Seul un dieu aux pouvoirs supérieurs ou égaux à ceux de la fille de Loki pouvait espérer y trouver son chemin. Cet endroit n'avait rien de commun avec la grande Valhalle ou l'éblouissant Folkvang. C'était à la peine et à la tristesse de ses habitants qu'Eliudnir devait ses formes tranchantes et torturées, ses murs de jais et ses grilles acéraines rongées par la rouille. Personne n'en avait dessiné les plans : le désespoir et la souffrance en avaient été les uniques architectes.

« Seul Giallarbru n'est pas l'œuvre des morts, intervint Modgud, surgissant de nulle part.

— J'allais y venir. Quelle étrange coïncidence que de te voir apparaître au moment où j'allais aborder son cas. Tu prends ton travail à cœur, plaisanta Garm, souriant de toutes ses dents.

— Si ce pont n'a pas été bâti par les habitants de Helheim, qui s'en est chargé ? demanda Valgard.

D'un geste, la guerrière brandit Stiarna, la lance née des ateliers nains. En un instant, l'extrémité tranchante de l'arme se replia sur elle-même pour se rétracter dans le manche au bout duquel elle se pavanait habituellement. Modgud fit tourner le bâton avec une extrême facilité, comme s'il n'avait jamais été plus lourd qu'une plume. Valgard, hypnotisé par l'habileté de son professeur, ne parvint pas à détacher son regard d'un spectacle si impressionnant.

— Regardez l'or dont il est constitué, répondit Modgud. Il est aussi pur que celui qui orne ma lance. Il s'agit d'un minerai d'une incomparable perfection, travaillé par des mains expertes et des outils habiles.

— Ne reconnaissez-vous pas le savoir-faire des nains de Svartalfaheim ? Suite à la création d'Eliudnir, Odin réclama l'aide des fils de Modsognir³⁴ et leur demanda de construire un pont avec autant d'or que pourraient en posséder neuf rois, précisa la bête.

Mais Valgard avait du mal à comprendre :

— Pourquoi ? Pourquoi Odin n'a-t-il pas laissé les morts s'en charger ? s'étonna-t-il.

Avançant d'un pas, la beauté brune toucha du bout de sa lance l'épaule de son élève.

— Alfadr voulait signifier sa présence à ceux qui prennent le chemin de Hel, expliqua-t-elle. Quoi de plus symbolique qu'un pont aux couleurs du Père des dieux ?

— Les nains gagnèrent les bords de Gioll et se mirent au travail, compléta le molosse. Giallarbru fut rapidement créé. Mais Odin ne s'arrêta pas en si bon chemin. Pour que chacun comprenne que Helheim était son œuvre, il y envoya l'un de ses plus fidèles agents. Sa mission : garder le pont et empêcher tout être vivant de le traverser.

— Modgud, tu es une valkyrie, c'est vrai ! C'est d'Odin que tu tires tes ordres, se rappela Valgard.

— J'aimerais en être sûre. Malheureusement, force est de constater qu'Odin et les siens m'ont oubliée. Aujourd'hui, je ne sers que votre mère et cela me suffit amplement. Je sais au moins où va ma loyauté. »

Parfois, les traits de la jeune femme semblaient se faner. Les années la rattrapaient alors. Quel âge pouvait donc avoir Modgud, elle qui protégeait le vieux pont depuis un temps qui remontait à l'arrivée des premiers esprits ? Plus qu'un maître, c'était surtout une amie, une figure rassurante dans cet océan de noir et de gris. Elle était peu loquace et dure comme l'acier, mais derrière le masque d'impassibilité qu'elle avait apposé sur son visage, Valgard pouvait distinguer les traits d'un être terriblement seul, abandonné par sa famille. D'acariâtre sorcière, elle était devenue, au fil du temps, ce modèle de force et de courage dont les pas pouvaient être suivis dans la fierté et l'honneur.

« Les conflits qui secouent Midgard, Iotunheim et Asgard, nous isolent un peu plus chaque jour, poursuivit Garm. Pour Alfadr et les siens, Helheim n'est qu'un endroit dans lequel s'entassent les cadavres.

La valkyrie eut l'air préoccupée.

— Cependant, je ressens une perturbation dans le Wyrd, fit-elle. Quelque chose se prépare.

— Le Wyrd est comme un lac paisible et clair, enchérit le dogue. Le moindre bouleversement dans le cycle du Destin vient troubler la tranquillité de sa surface. S'ensuit une onde quasi imperceptible qui se propage jusqu'à se transformer en de véritables vagues, parfois dignes d'un raz-de-marée.

— Reste à savoir quand nous aurons à faire face à ce cataclysme » conclut Modgud.

Les deux sentinelles n'étaient pas des dieux, mais dans leurs veines coulait un sang aux multiples pouvoirs. À l'image des habitants d'Asgard, ils vieillissaient plus lentement que les hommes de l'Enclos du Milieu. À l'instar des géants, ils étaient capables d'entrouvrir la terre et de briser des montagnes. Enfin, leur sagesse n'avait rien à envier aux prospères Vanes, propriétaires des vertes plaines de Vanaheim, situées à l'extrême-sud de l'Enclos du Milieu. Ensemble, ils constituaient le duo de gardiens le plus craint du multivers, un tandem sans pitié que rien ne pouvait écarter de sa mission première. Pourtant, une menace se profilait à l'horizon, une ombre fantomatique contre laquelle la belle et son vieux compagnon se sentaient impuissants.

Peut-être les morts avaient-ils eu raison de mentionner le nom d'un certain Orlög. Depuis l'apparition de la vie, il était l'incarnation du Grand Vide, de ce ventre insatiable duquel la moindre poussière d'étoiles avait vu le jour. Bien que, pendant des siècles, sa suprématie n'ait pas été remise en question, les dieux avaient fini par jouer les apprentis sorciers et marcher sur ses plates-bandes. À présent, le cycle de la vie et de la mort était rompu ; ses morceaux épars gisaient aux quatre coins de l'éternel maelström cosmique, tels ceux d'un anneau brisé.

Valgard avait besoin de savoir quel chemin suivre, quelle attitude adopter. De quels alliés devrait-il s'entourer ? De quels ennemis devrait-il se méfier ? Subir cet entraînement et repousser sans cesse les limites de son être revenait à courir à perdre haleine en direction d'une cible toujours changeante. Le plus désagréable restait cette sensation de se sentir oublié et insignifiant au centre de cette gigantesque partie d'échecs que se disputaient des êtres millénaires. Tant d'inconnues rendaient l'équation trop complexe. D'ailleurs, pouvait-il seulement avoir la certitude de compter parmi ceux qui aideraient à la résoudre ?

Qu'importe, il n'était plus temps de s'appesantir sur la question : une caravane en provenance de Midgard se détachait sur la ligne d'horizon. Sous le cahot, le convoi faisait route vers Giallarbru.

Un grognement s'échappa de la gorge de Garm ; Modgud caressa le manche de Stiarna, prête à se jeter corps et âme dans une nouvelle bataille. C'était leur devoir, leur raison d'être : mater les tentatives d'évasion et protéger Helheim de toute intrusion.

« Par la chevelure de Sif³⁵, on dirait que nous avons de la visite ! »

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Lexique :

33 - Bor : forme simplifiée du nom Borr, signifiant, comme Búri, Le Géniteur. Fils de Buri, époux de la iotun Bestla et père d'Odin.

34 - Modsognir : forme simplifiée de Móðsognir, signifiant Celui qui est fatigué. Premier des nains, vénérable chef décédé des millénaires avant la naissance de Valgard.

35 - Sif : nom signifiant sans doute Parente. Asine, épouse de Thor et mère de Ull, qu'elle tient d'une précédente union.

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