L'ouvrier spécialisé

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— Pour la génération 900, c’est génial. Pourtant au début j’étais vraiment totalement opposé ! Comment pouvait-on penser que payer des gens à ne rien faire; allait améliorer quoique ce soit à la situation de l’époque? Mais le résultat est tellement extraordinaire. Tout a changé surtout parce que nos mentalités ont changé. Pour moi, cela m’a permis de me décider à moins travailler par exemple, de ne plus considérer le travail comme central. Auparavant, j’allais au boulot extrêmement stressé. Surtout par la pression des chefs. J’étais en permanence en conflits avec eux. Maintenant, je n’attends plus d’eux la reconnaissance ou le bâton, je ne vis plus mon travail comme une source d’évaluation permanente de ce que je vaux. Maintenant, nous sommes plus dans une relation pour travailler ensemble avec les chefs, que travailler les uns contre les autres. Imaginez qu’on a même viré le syndicat qui voulait trop foutre le bordel! Il faut dire que dans mon métier, la maintenance aéronautique, on était peu à peu entrer dans une spirale infernale. Je voyais les jeunes qui arrivaient, ils ne voulaient plus rien faire. Il passait la moitié de leur journée de travail à chatter sur leur smartphone. Si le chef leur faisait des remarques, soit ils n’en avaient rien à foutre, soit ils répondaient et s’engueulaient avec. Ils ne se laissaient plus faire, comme nous à l’époque, c’était bien, mais par contre la productivité ne cessait de diminuer. Il fallait 2 ou 3 fois plus de temps pour faire les réparations, ou pour former un nouveau à son poste. Ça allait de mal en pis. D’un autre coté les salaires et les avantages diminuaient de plus en plus, les jeunes qui entraient ne trouvaient plus le Graal c’est pour cela qu’ils ne s’investissaient plus autant. Vu le contexte, ils savaient qu’à la moindre baisse de charge de l’entreprise, ils seraient licenciés, ils n’étaient plus liés à la carrière. En plus les trois quarts travaillions pour des sous-traitants de l’entreprise aéronautique, eux ils avaient de sacrés avantages alors que nous non, et il n’en faisaient pas plus ! Avec les 900, tout a changé. Au début, je me suis mis à temps partiel flottant comme ils ont dit. En gros, tous les quinze jours, ils modifiaient notre horaire en fonction des charges de travail. Le temps libéré´me permettait de m’adonner à ma passion le Tango. Finalement, je faisais mois d’horaire pour le même salaire, c’étaient les 900 qui compensaient la différence. Mais rapidement je me sui9s mis forfaitaire. Plus d’horaires, seulement des tâches à accomplir. On va le lundi et l'on s’inscrit sur les taches. Et comme on ne veut pas de problème on fait bien son boulot et on finit rapidement. Il n’y a plus de discussion. Ils ont mis un système de priorité à ceux qui bossent le mieux, cela fait un peu compétition, mais comme j’ai de l’ancienneté je m’en tire très bien. Je fais 2 fois moins d’horaire et je gagne autant, et le travail est mieux fait. J’en vois, ils prennent des pauses café à rallonge. Mais ils préferent travailler comme cela et personne ne leur dit rien. Ils ont de toute façon une tache à terminer. L’ambiance est bien meilleure avec les cadres, le fait qu’on s’entende mieux donne du bon boulot. Les faignants, ils ne viennent plus, ils prennent leur 900 et restent chez eux ou font autre chose. Et bien, ce que je pensais être injuste, c’est bien mieux pour tout le monde, chacun assume ses choix maintenant

— Qu’ont changé les 900 dans votre vie personnelle ?

— Tout. J’ai enfin pu vivre ma passion, j’ai créé une association, on organise des évènements autour du tango. Ça marche bien, on a une dizaine d’évènement par an, on a dû créer un emploi à plein temps pour soulager les bénévoles. On va peut-être même prendre un local. C’est génial, je m’éclate.

— Ce genre d’association existait déjà avant.

— Oui, mais c’était beaucoup moins facile, dès que cela commençait à grossir c’était le bordel. Maintenant, les gens ne courent plus autant après le temps et l’argent, ils sont devenus plus sereins et cela se passe mieux.

— merci

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