Un gardien de la paix d'un quartier de banlieue difficile
— Les 900 pour moi ont tout changé. Ils ont changé le quartier, mon métier et ma vie personnelle. Ils ont aussi transformé ma façon de voir, mes opinions politiques en particulier. D’abord dans le quartier il y a deux lois qui ont tout changée. D’une part les 900 qui ont donné un souffle d’air au niveau économique mais aussi la légalisation des drogues. Le problème principal du quartier c’était tous ces jeunes qui faisaient partie de la mafia du narcotrafic. Ils étaient recrutés de plus en plus jeunes, et ces activités devenaient de plus en plus violentes et pourrissaient la vie du quartier. Les trafics gêneraient beaucoup d’argent et les jeunes n’avaient pas de boulot. Donc l’appât du gain était très fort. Le contexte social c’était aussi d’associé toute cette délinquance à l’immigration. On les disait impossibles à s’intégrer, cela se ghettoïsait de plus en plus puis c’est rajouté le problème religieux qui est venus se fondre avec le problème identitaire. La confusion a été dès le départ vouloir confondre la délinquance avec un problème identitaire. En tant que français, les autres races ne pouvait être que moins bonnes. Donc il était impossible d’accepter que la délinquance était liée à la pauvreté. Un français blanc pauvre était obligatoirement moins délinquant qu’un noir pauvre ou qu’un arabe pauvre. On parlait de la délinquance des immigrés. En fait les noirs et les arabes désignés comme tel étaient français et même parfois sur plusieurs générations. Mais on continuait quand même de les stigmatiser pour leur race leur couleur de peau. Comme c’était mal vu de le dire frontalement, on a commencé à utiliser le terme d’immigrés. Même s’ils étaient nés en France, ne parlaient pas d’autres langues que le français, on leur disait que si la France ne leur plaisaient pas, ils devaient rentrer chez eux ! Évidement cette différence imposée constamment a entrainé et maintenu un problème identitaire. Beaucoup ont donc trouvé refuge dans la religion car la couleur de peau est bien trop superficielle et pas du tout choisie. Avec les attentats islamistes liés à la guerre au moyen orient, le racisme avait explosé chez les blancs et en réaction chez les arabes. Le communautarisme grandissait sur un terreau de racisme et de délinquance, la situation des banlieues étaient devenues ingérable au niveau policier. C’était évidemment le même problème au niveau de l’éducation. Cette défaillance du système éducatif était elle-même la source de tous les problèmes de délinquance. Mais l’état refusait d’investir efficacement dans l’éducation. Les 900 ont changé énormément de choses, il est difficile de savoir par où commencer pour l’expliquer. D’abord, tous les jeunes se sont retrouvés avec un peu d’argent, l’attrait pour le trafic est devenu moins grand. Ensuite, il y a eu un renouveau du tissus associatif qui avait été particulièrement malmené par les derniers gouvernements de droite. On a pu voir rouvrir des clubs de sport et des activités culturelles. La dessus, la légalisation de la drogue est venu donné un véritable coup de pied dans ce qui restait de la fourmilière. Sans ces quantités énormes d’argent, plus de financement de la délinquance, des armes, de la corruption. Sans ce trafic, la police a été libérée de la grande majorité de son travail et a pu se consacrer à d’autres taches, plus axées sur la prévention et la protection des biens et des personnes. La justice, les prisons ont-elles aussi été libérée d’une très grosse pression et ont pu mieux faire leur travail en qualité. Les nombreuses associations ont aidé l’éducation nationale à faire du meilleur boulot. Le fait que nous ne passions plus notre temps à fouiller les jeunes pour trouver de la drogue a fortement amélioré nos relations avec la population. Peut-être au début, une partie de cette délinquance qui avait des armes et était organisée en bande se sont tourné vers le braquage et le cambriolage. Mais là cela touchait les gens du quartier en tant que victime, ce n’était plus pareil, et on a même eu une vague de dénonciations pour nous aider á coffrer ces derniers délinquants. Leur efficacité était réduite par le fait que les forces de police se consacrer entièrement à lutter contre les braqueurs. On les a pratiquement éradiqués en deux ans.
— pour vous personnellement qu’est ce qui a changé ?
— Principalement mon statut professionnel. Je ne suis plus l’ennemi des jeunes, mais je suis une protection et une aide. Je ne représente plus un état raciste et injuste mais un état protecteur qui prend soin de toute la population. Vous savez la haine de ces jeunes était aussi lié à leur humiliation permanente par les services de l’état. La police entre autre, avec les fouilles corporelles, le soupçon permanent, le délit de facies. Mais que pensait-il quand ils voyaient leur parent qui s’étaient usés au travail, en avait perdu la santé et étaient obligés de mendier en permanence dans les services sociaux pour compléter leur maigre retraite. C’était indigne et injuste, et quand on est jeune et qu’il s’agit en plus de sa famille cela génère beaucoup de haine, c’était tout à fait normal. Maintenant tout le monde touche de l’argent sans mendier. Il n’est plus honteux d’accéder au 900 comme ça l’était d’avoir des aides sociales, car les 900 c’est pour tout le monde, on n’est plus montré du doigt. Par rapport au minimum retraite c’est un sacré plus aussi. Et puis, le fait que cela ait généré le plein emplois a été aussi très important pour l’intégration sociale dans ces quartiers.
— Vous disiez que cela avait changé vos idées…
— Bien sur ! Dans la police cinquante pour cent votaient LePen et pire dans les zones difficiles. Je ne vous dis pas l’ambiance raciste qui régnait dans les commissariats de quartier. Le fait de voir que tous ces problèmes se réglaient, que le noir et l’arabe n’étaient pas plus mauvais qu’un autre si on lui en donnait la possibilité, cela a tout changé. Notre opinion a changé notre attitude envers eux, et du coup leur attitude envers nous aussi. L’ambiance antiraciste qui a régné par la suite dans les médias, et qui a fait rupture avec la précédente surmédiatisation des idées LePeniste, a aussi amélioré les choses. Nous avions banalisé les pires discours et idées génératrices de haine. Surtout les fameux chroniqueurs de télé et de radio qui balançaient leur propagande destructrice à longueur d’antenne, sans aucune retenue. On les a tous viré, cela a fait du bien à la France entière. En apaisant les medias, on a apaisé les gens. On s’est tous senti portés par ce courant qui voulait enfin réunir la France autour de belles idées, de beaux projets. Les râleurs sont devenus ringards. Tout a évolué, et du coup moi aussi.
— Quelles améliorations aux 900 proposeriez-vous ?
— Le reproche principal, c’est son financement basé sur la baisse des effectifs des fonctionnaires. Pour la police, dès que la délinquance a diminué on a baissé le nombre de `policiers. Je pense que c’est une erreur et qu’on doit garder des effectifs pour continuer et en terminer avec la prévention des délits. Je dirais de même pour l’éducation. Et puis cette histoire de rouvrir les frontières à cause de la demande de main d’œuvre m’inquiète beaucoup, on ne voudrait pas de nouveau voir un problème d’immigration.
— Merci.
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