25. Mon nom est Badger, Honey Badger

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"Vodka-Martini.
Au shaker ou à la cuillère ?
Qu’est-ce que j’en ai à foutre !"

Casino Royal

Quand j’ai un coup de mou, je relis ma To Do List. Histoire de repartir dans une bonne trajectoire, de ne pas rester enlisée dans ma tête qui est parfois pleine d’ornières et de sables mouvants.

Au niveau physique, sport, régime et médocs, j’étais pas mal, mais j’ai décidé que mon petit rythme de croisière ne suffisait plus. Parce qu’on peut toujours s’améliorer et ceux qui pensent le contraire sont des feignasses ou dépourvus d’imagination. Point barre. Moment intolérance nazie off.

Alors, j’ai passé la fin de mon samedi après-midi à confectionner des fat-bombs, mes premières, pour ingérer un maximum de lipides en un minimum de bouchées. Grosso merdo, une fat-bomb, bombe de gras donc, c’est de l’huile de coco fondue et agrémentée de poudre de cacao non sucrée, de cannelle, de curcuma ou de noix de macadamia broyées. On peut en faire aussi avec du beurre de cacao, miam. Après, on place cette mixture dans des petits moules en silicone et zou ! au frigo deux heures. Puis on s’en envoie quelques-unes dans le gosier tout au long de la journée.

Est-ce que c’est bon ? Là n’est pas la question, mes amis. Pas vraiment dégueu, mais pas des chocolats belges non plus. L’important, c'est que ça augmente drastiquement mon ratio de lipides quotidien et c’est une très bonne chose en cas d'alimentation cétogène. Bonus top à la vachette : ça cale bien.

Le dimanche matin, après avoir sué une demi-heure sur le vélo de l’enfer au rythme de mes suicidés préférés Nirvana et Linkin Park, car c’est toujours mieux en musique, quoi que l'on fasse, j'ai bénéficié d'un coaching abdos/pompes par mon fils. OK, il a 11 ans. Mais il est fan de Tibo InShape et dans sa vie antérieure, il devait être instructeur chez les GI’s. Il est naturellement plus qualifié que moi en muscu. Aussi, c’est sa vision d'un amour filial épanoui.

Finalement, le matin suivant, j’ai décidé d’arrêter de procrastiner le jogging. J’ai harnaché le chien, je me suis ceinturée et nous ai accrochés ensemble avec la laisse accordéon, en espérant qu’il ne me fasse pas voltiger. J’ai souffert mon parcours habituel, moitié joggant moitié marchant, en soufflant comme un bœuf et en me faisant pas mal tracter par le clebs.

Voilà, ça allait un petit peu mieux.

Mon chantier bien-être émotionnel – qu’il est chiant celui-là – avait bien avancé. J’ai trouvé de bons professionnels et je me suis improvisée maître d’œuvre, cela marchait bien, d’une façon surprenante. J’allais relancer les rendez-vous.

Un item reste sur cette liste. Il me regarde, il me nargue, il me dit : pourquoi t’es pas foutue d’y arriver ? T’as peur ? T’es mal fichue à ce niveau–là ?

Le putain d'approfondissement de ma spiritualité.

Sur mon chemin depuis plus de dix-huit mois, j’ai loupé pas mal d’occasions de m’y mettre. Il y a eu des moments calmes et silencieux, ennoblis par la beauté de la nature. Il y a eu des endroits magnifiques, des lieux exotiques, érigés exprès pour ça, où j’étais portée par les prières des fidèles. Des personnifications géantes des dieux, des guides vers cette autre dimension que l’on peut entrevoir si on ouve son troisième œil. Mais bon, chez moi il cadenassé comme une moule pas cuite le nœnœil.

Certainement que ma méthodologie n’était pas la bonne.

Peut-être que la spiritualité ne te tombe pas dessus inopinément pendant un voyage, une visite ? Que partir pour se découvrir, quitter pour se retrouver, bla bla bla, c’est juste un slogan de tee-shirt ou de mug ? En tout cas, le tourisme spirituel ne fonctionne pas pour moi.

J'avais déjà arpenté d'une lecture concentrée pas mal de blogs et d'articles de magazines axés sur le développement personnel. J'avais également bénéficié des conseils d'amis et de proches, ces conversations bienveillantes et un poil patronisantes où je me sentais toujours un peu à côté. De la plaque, de Dieu(x), de ce vide dans lequel je ne me sentais pas de sauter : mon blocage d'acte de foi. Intellectuellement, je comprenais la démarche. C'est juste que mon cordon cerveau-tripes ne faisait pas la transmission. Je décidais donc de revenir aux bases en reprenant les définitions de la spiritualité, armée de mon Larousse et de Wikipédia.

Pour le Larousse : "Qualité de ce qui est esprit, de ce qui est dégagé de toute matérialité. Ce qui concerne la doctrine ou la vie centrée sur Dieu et les choses spirituelles." Cela ne m'aidait pas des masses.

D’après Wikipédia : "La notion de spiritualité (du latin ecclésiastique spiritualitas) comporte aujourd’hui des acceptions différentes selon le contexte de son usage. Elle se rattache conventionnellement, en Occident, à la religion dans la perspective de l’être humain en relation avec des êtres supérieurs (dieux, démons) et le salut de l’âme. Elle se rapporte, d’un point de vue philosophique, à l’opposition de la matière et de l’esprit ou encore de l’intériorité et de l’extériorité.

Elle désigne également la quête de sens, d’espoir ou de libération et les démarches qui s’y rattachent (initiations, rituels, développement personnel, Nouvel Âge). Elle peut également, et plus récemment, se comprendre comme dissociée de la religion ou de la foi en un dieu, jusqu’à évoquer une "spiritualité sans religion" ou une "spiritualité sans dieu".

OK. Donc si on élimine Dieu de l’équation, parce que notre introduction ne fut pas concluante, cela me laisse avec la piste philosophique d’une opposition corps/esprit. Je crois que j’en ai soupé de me battre avec mon corps. Là, je suis plus à la recherche d’une cohésion corps et esprit. Allez les gars, faut bosser en équipe !! Synergie et tout et tout !

Sinon, il y a la quête de sens, d’espoir et de libération. Cela tombe bien, je suis en plein dedans. Donc, je pourrais me rajouter quelques rituels là-dessus et je toucherai au but. Nan ? Si j’égorge un poulet, ça peut le faire ? J’ai un chouette poulet en plastique qui fait pouët pouët, je suis certaine que le chien voudra bien me le prêter.

Je ne veux pas finir cette journée sans avancer, au moins d’un pas, sur le chemin de la spiritualité. Même si c’est un pas de la Macarena ou de Un, dos, tres, Maria. Parce que je peux me déhancher aussi bien que Ricky Martin et que je ne lâcherai pas l’affaire. Tout doit progresser dans cette liste. La vie, c’est le mouvement. S’enliser, se cacher dans des habitudes, refuser d’avancer, c’est niet. Car si tu ne veux pas te faire rattraper, tu cours plus vite. Alors merde de merde, je vais l’approfondir cette spiritualité, à coup de pelle ou de marteau-piqueur s’il le faut.

Et c’est comme ça qu’a débarqué le honey badger. Parce que finalement, je me suis décidée pour un truc simple, un truc d’enfant ou de tests de magazine d’été : choisir un animal totem. C’est un chouïa spirituel, un peu amusant et pas trop compliqué. Il faut vraiment les bases pour moi.

Peut-être qu’il va me guider dans la suite des événements ?

J’ai choisi l’animal le plus tenace, le plus agressif, le plus malin, le plus méchant, le plus résilient et sans peur. C’est lui : le ratel, ou blaireau à miel, mais je préfère son nom anglais : honey badger. C’est un nuisible et les fermiers d’Afrique et d’Inde le détestent. Mais est-ce que j’ai besoin d’un animal noble, sympathique et populaire ?

Le honey badger se bat contre des serpents, contre des hyènes, contre des lions. Au vu de sa taille, forcément parfois il perd et finit en casse-croûte. Mais régulièrement, il parvient à s’enfuir, à décourager ses adversaires, à gagner. Pourquoi ? Parce qu’il est super chiant à tuer. Il n’en a rien à foutre des obstacles, des assaillants, de la difficulté, le honey badger. Il n’abandonne jamais. Cela demande trop d’effort à ses agresseurs de l'achever, tout simplement. Je suis fan.

Si la survie avait un emblème, ce serait lui.

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