Lipo 10

Une minute de lecture

D'ici à dire que c'était mieux avant, il n'y a qu'un pas que nous ne voulons pas franchir. Sinon, nous nous inscririons dans une démarche lipothymique absolue avec l'incapacité de produire des outils, des stratégies pour s'en échapper. La lipothymie cérébrale frappe donc à tous les étages et, contrairement à la foudre, elle peut s'abattre parfois plusieurs fois de suite au même endroit, sur le même individu. Pourtant, pour tout être humain normalement constitué, comme le veut la formule, l'expérience première de la honte, de l'échec, du pas abouti, du mal fait, consitute une garantie qu'il ne recommencera pas, qu'il va s'améliorer, qu'il grandira vers maturité...

Prenons par exemple, Renée, 83 printemps. Depuis son balcon, au premier étage d'une petite résidence tranquille, dans une rue tout aussi tranquille, elle surveille qui se gare, chassant des précieuses places tous ceux qu'elle croit savoir ne pas habiter la rue. Satisfaite de faire le ménage, une étoile de shérif dans le bulbe, elle s'arroge le droit de déterminer qui doit pouvoir se garer. Elle se place au dessus de tout invoquant son grand âge et son expérience de la vie.

 — Monsieur, s'il vous plaît, interpelle-t-elle la voix tremblante.
 — Oui ?
 — Ne vous garez pas ici. C'est réservé.  
 — Désolé, Madame mais, c'est une rue publique. Je ne vois pas de marquage qui signale une quelconque réserva...  
 — C'est moi, le signal, avorton ! Tu dégages sinon je te plombes le froc au 22 !

Le pauvre homme fuira, abasourdi, dans l'incapacité de visiter sa grand-mère qui habite là. Renée, elle, s'offusquera de voir la police à sa porte, non pas pour sermonner les marauds qui volent les places, non pas pour la féliciter de son action civique et héroïque, mais pour lui voir retirer son fusil à canon scié qu'elle brandit quand personne n'obtempère.

 — Tiens, je t'ai apporté une tisane
 — Merci Bashib. Tu vérifieras les fautes d'ortographe avant la publication sur AdA de l'article sur la lipothymie. Je te remercie.
 — Tête de ouam, j'm'apelle pas Bashib, j'te dis. Moi, c'est Rachid !

Annotations

Vous aimez lire Dom C ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0