Ce matin, j’ai besoin de réfléchir, de prendre un peu de recul, en quelques jours, il s’est passé tant d’évènements.

Des choses qui m’ont renvoyée dans l’ombre du passé, parmi les ombres tapies dans les circonvolutions de mon cerveau.

L’ombre noire de mon père, l’ombre douloureuse du départ, de la séparation et avant même celle là, la souffrance aigüe et interdite provoquée par la mort de ma jeune tante.

Elle est partie en trois mois, emportée par une maladie foudroyante, nous laissant tous pétrifiés de douleur, de révolte et dans l’incapacité de l’exprimer.

De ce jour, Grandma a condamné la chambre de Tantine, l’a transformée en sanctuaire où elle seule pénétrait de temps en temps pour pleurer seule en se cachant.

Tantine est l’une des quatre femmes qui m’ont élevée, faite ce que je suis, avec la force et les failles qui me construisent.

Bien sûr, il y a eu Maman, sa tendresse, sa gaîté, son amour inconditionnel, et Grandma, ses histoires, son mystère, ses calins, et Tatie de l’âge de Maman mais pas encore mariée, elle aussi si gaie et malicieuse, toujours prête à faire des farces, enfin il y avait Tantine que tout le monde admirait pour sa beauté, sa chevelure brune et épaisse, son intelligence brillante, son élégance et son autorité naturelle.

C’est elle qui m’a appris à lire, à écrire et à compter, elle surtout qui m’a inculqué ce goût pour le savoir, la découverte...

Mais elle est partie, si jeune rejoindre le royaume des ombres.