J’ai appris assez jeune à me méfier de la part d’ombre des hommes.

Quand nous sommes arrivées aux portes du désert, la famille de Maman nous a accueillies chaleureusement.

Dans la petite maison qui jouxtait la pâtisserie du grand-père, on s’est serré pour nous faire de la place.

J’ y ai trouvé une jeune tante toujours rieuse, d’à peine quatre ans de plus que moi, un oncle de dix-huit ans dėjà fou amoureux de sa belle, une arrière grand-mère nourricière et un grand père sourd et silencieux aux cheveux blanc comme neige et au regard doux et espiègle.

A cette famille s’ajoutait la sœur cadette de Maman, mariée à un homme plaisantant toujours et qui s’efforçait de me faire rire , ils avaient un bébé de l’âge de la dernière petite cousine que j’avais quittée.

Cette nouvelle famille était ouverte et solidaire et même si dans mon cœur elle ne pouvait rivaliser avec Grandma, Grand-père, Tatie, Tonton et les cousins auxquels nous avions été arrachées, elle a contribué grandement a notre intégration dans notre nouvelle vie.

Tout allait bien jusqu’à ce que ma mère, environ un an après le divorce tombe amoureuse d’un homme doux et gentil. Elle retrouvait sa joie de vivre et recommençait à chanter, ce que j’admirais car moi j’ai une voix de casserole.

Je n’aimais pas cet homme même si il me faisait des cadeaux mais je l’acceptais car ma mère semblait avoir rajeuni à son contact.

Jusqu’au jour où tel un corbeau de malheur, il prit ma main pour la mettre sur sa braguette.

Le froid glacial qui m’envahit arriva jusqu’à mes yeux qui le fusillèrent. Il a compris de suite et a disparu de notre univers.

Je ne sais pas ce que Maman a pensé, je n’en ai jamais parlé avec elle.

Un an plus tard, nous sommes parties pour une troisième vie et nous sommes arrivées dans ce château gascon avec cette belle allée de cèdres et ce grand chêne dont il faudra me méfier désormais.