Hélène à la rescousse !

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Vue de Symphonie.

‘’- SALOPARDS !''

Plus de 100kg de chair et de muscles m’écrasent. J’arrive à peine à respirer, ce qui ne m’empêche pas d’essayer de mordre les doigts qui m’emprisonnent la bouche… rien à faire. Ils me tiennent. Je tourne difficilement la tête sur la côté, juste ce qu’il faut pour voir Claire se recroqueviller sur elle-même. Le couteau n’a pas quitté sa poche. Qu’est-ce qu’elle foutait avec ?! Je me morigène en essayant une fois de plus de me défaire des trois gus. J’aurais dû la fouiller ! J’aurais dû le prévoir !

Les menottes se sont refermées sur mes poignets, Dieu que je hais le froid contact du métal contre ma peau ! Je tire vainement dessus en espérant qu’elles se brisent. C’est une peine perdue, comme à chaque fois. Je souffle difficilement. En même temps, une petite fierté me prend. Je savais que je leur faisais peur, mais à ce point… Ils ont appelé les CRS à la rescousse tout de même ! On rigole pas avec ces types. Alors que d'eux d'entre eux s’assurent juste que je ne puisse plus bouger, le colosse sur mon dos applique froidement ses compétences en ‘’maîtrise d’élément agressif’’. Ma nuque me fait mal sous la pression qu’il exerce dessus de son autre main. J’essaye de lui faire comprendre qu’il va me casser quelque chose, ce qui n’a pour effet que de lui faire resserrer sa prise. Je commence à voir trouble… mes mouvements ralentissent, l’air va manquer alors que la douleur me vrille le crâne. Au bord de l’évanouissement, j’ai le temps de voir l’autre pourriture se relever.

‘’- NON !’’

Il se rapproche de Claire !! Laissez-moi ! Putain, mais aidez-la !

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Vue de Claire.

  • Cette fille est une vraie malade ! Il faudrait l’interner !

Je l’ai vue venir. J’aurais voulu parler, fuir, simplement fermer les yeux... Je n’ai pas bougé un muscle. J’étais tétanisée. Il fait peur à voir avec son front boursouflé, la peau est presque arrachée et il peine à ouvrir l’œil droit. C’est une maigre consolation. Il est toujours debout. J’aurais voulu qu’il crève !

Nous nous observons en silence. Moi, de mes yeux quasi-rouges, lui, de ses sales prunelles marrons-chiasse. Ma respiration s'accélère, lui, reste d’un calme insupportable. Il s'oriente vers les policiers, les inspecteurs, les scribouillards, moi… Il a son public.

  • Ça ne va pas rester comme ça ! Croyez-moi, je vais porter plainte !

Son regard s’attarde brièvement sur ma propre personne, pile au moment où il finit sa tirade. Il ose me parler ! Il ose critiquer Symphonie, mon amie qui vient de se sacrifier pour moi ! Il me fait un sourire agressif, provocateur, intolérable. La scène de la veille repasse en boucle dans ma tête.

Lui, m’arrachant le veau,

Lui, m’envoyant à terre,

Lui, rouant de coups mon père.

Il tend imperceptiblement le menton, attendant que je le frappe. Mon cœur cogne contre ma poitrine à m’en faire mal. Je serre le poing, tout mon corps tremble. Son petit air narquois ravive la douleur. Je veux lui faire mal ! Je veux le faire souffrir autant que je souffre ! J’amorce un coup, sentant la haine me consumer et dévorer mon être. Je veux le marteler, je veux me libérer de ma douleur.

A l’instant où je m’apprête à le frapper, du bruit émane de la porte d’entrée. Plus que de s’ouvrir, les battants sont presque arrachés du mur !

  • Symphonie ! Claire !

Le cri perce le brouillard dans lequel je me débattais. Je me retourne d’un coup en reconnaissant la voix. Deux personnes en tenue militaire viennent d’arriver avec Hugo en retrait. La plus avancée s’approche à grands pas.

Hélène !

Je m'élance vers elle, elle m’accorde à peine un regard, se dirige vers Symphonie qui a cessé de bouger. Ses cheveux en désordre cachent son visage.

La grande femme blonde est un phare pour mon esprit perdu. Je cours à en perdre haleine. La gorge nouée, je me colle contre son flanc, confiante en sa capacité à gérer la situation. En réaction, elle m’attrape par l’épaule et me jette sans ménagement vers son camarade qui m’agrippe fermement.

  • Bouge pas.

Même carrure, même réaction que le costaud immobilisant Symphonie. Sauf que lui est de notre côté. Je relève un regard implorant vers lui alors qu’il me soulève légèrement en me tenant par les bras. Je suis si légère qu'il n’a même pas dû se rendre compte que mes pieds ne touchent plus le sol. Et puis.. j’aurais voulu me débattre que je n’aurais pas pu. Il est prêt à toute réaction de ma part sauf à celle qui s’ensuit. Je m’accroche du plus fort que je peux à son bras alors que mes yeux fixent avec Hélène avec espoir.

Je vois quelques gendarmes tenter de s’interposer, elle s’arrête devant eux, les surplombant tous.

  • Lâchez-la !

Le ton est impérieux, sans contestation possible. La grosse brute est le premier à s’éloigner, manifestement peu concerné par toute cette histoire. Leur prisonnière inspire subitement de grandes bouffées d’air et recommence à se débattre ! Je ne suis même pas certaine qu’elle ait encore vu Hélène. Des deux hommes qui tentent de la maîtriser, l’un se prend un coup de coude sous le menton tandis l’autre préfère s’éloigner par prudence. Symphonie se relève tant bien que mal avec ses mains attachées dans le dos, bousculant toute personne sur son passage pour se jeter dans les bras de la militaire. Cette dernière place une main protectrice contre sa tête alors qu’elle s’effondre contre elle, en pleurs.

  • On va tous se calmer et aborder la situation tranquillement, n’est-ce pas ?

Bien que le ton soit devenu posé, le regard exprime une menace.

  • Ce n’est pas votre aff…
  • Ça l’est devenue à l’instant où vous avez roué de coups ma compagne.
  • Elle nous a atta… !

Elle s’est déjà détournée vers la salle de pause, toujours Symphonie plaquée contre elle. Je la vois clairement tirer la langue avant de retourner se coller à Hélène. Mon propre garde du corps leur emboîte le pas avec un sourire amusé. Il est visiblement habitué à ces situations.

Derrière nous, j'entends des grognements désapprobateurs. Celui qui m’a parlé en premier implore silencieusement les CRS de l'aider. Malheureusement pour lui, ces derniers se contrefichent de la suite ! Il suivit donc le mouvement par dépit, accompagné de plusieurs de ses collègues et d’un des inspecteurs. Les autres empêchent le représentant des L214 et les journalistes de se rapprocher.

Il y a toujours cette mystérieuse rousse restée en retrait. Elle m’observe à la dérobée tandis que Marcel l’a laissée seule le temps d’aller chercher la trousse de soins pour les blessés. Elle forme des mots de sa bouche, sans les prononcer. Sauf que Symphonie m’a appris à lire sur les lèvres.

[Je suis désolée.]

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