Le moteur du monde
Soudain, je vis les icebergs flottants, la tâche jaunâtre formée par le désert du Sahara, un lézard caché dessous. Je vis les migrations d’oiseaux sauvages, un enfant dans la neige, une coccinelle au bout d’un doigt, prête à s’envoler. Le cadavre d’un éléphant, les montagnes à grands traits, un grain de poussière dansant dans la lumière. Je vis le roi de Suède prêt à engloutir sa dernière brioche, le sucre glace et deux armées qui se font face. Les charniers géants, les étoffes de couleurs et la gardienne de brebis dans son poncho de laine. Je sentais les épices du marché, le murmure des abeilles et la grande rotation. Ton souffle. Et puis, soudain, le tremblement d’une feuille, le battement de mon cœur, le bouillonnement volcanique : sourd mais non dénué de voix. Je vis le soleil s’éteindre, le diplodocus blessé, les peaux de bêtes au soleil, les cloches dans la campagne, la Terre se fendre et un morceau d’écume sur la plage. Une pince de crabe. Les piles de livres, les lunettes de la bibliothécaire. En reculant, j’entendis la chanson du moteur.
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