Chapitre 3
J'ouvrais les yeux, agressé par cette forte lumière au néon.
C’est vrai que je suis putain d’enfermé.
Je me tournais et je regardais le réveil. 13h50. J’avais encore dormi longtemps… La drogue. Je n’avais jamais vécu ça, j’étais vaseux comme si j’avais pris la plus grosse cuite de ma vie.
Je me levais en enfilant mes chaussures se trouvant au pied du lit et toujours dans mes fringues qui commençaient à être très sales, ce que je détestais.
J’avais mal dans mon corps mais je pouvais bouger. Ce qui était sûr c’est que j’allais avoir
avoir mal pendant quelques jours. J’ouvrais la porte qui donnait sur ce petit salon pas très cosy. Dégueulasse en fait, ça ressemble au genre d’endroits que je visite avec Taehyung quand on doit faire parler quelqu’un, sauf que là à la place d’une chaise en plein milieu se trouvait un canapé.
Quand Taehyung va apprendre ce que je vis, il va être intenable. D'ailleurs il doit être entrain de me chercher, on reste jamais plus de quelques heures l’un sans l’autre. Simple mesure de sécurité.
Elle était là, assise par terre, la tête vers le sol. Je marchais dans la pièce pour la rejoindre. Elle se redressa en m’entendant et se leva hâtivement. Elle était encore habillée d’un jogging et d’un grand t-shirt.
Je ne savais pas quoi dire. C’était étrange surtout que je ne côtoie que rarement des femmes sauf celles que je paie pour me faire plaisir. Au QG du Jopok, il y a toujours de jolies femmes qui trainent mais je ne leur parle pas.
— Hum…. Je...
— Va prendre une douche. Elle me coupait. Il a jeté des vêtements par terre.
Elle pointait du doigt des vêtements sur le sol, prêt de cette porte infranchissable. Je la détaille d’abord cette porte : aucune poignée, elle était blindée. Et j’étais assez surpris par sa façon de me parler et de me couper. Malgré son air fragile, il émanait d’elle une certaine assurance face à moi. Pourtant je ne suis pas n'importe qui, les gens sont d’habitude plutôt mal à l’aise en ma présence.
Chaque chose en son temps. Je vais faire les choses dans l’ordre pour éviter de me disperser, je dois reprendre du poil de la bête et être efficace.
Puis je regardais les vêtements éparpillés au sol. Elle avait raison, employer le verbe “jeter” est plus que de circonstance. Je me baissais difficilement pour ramasser le tout. Il y avait une brosse à dent dans le tas. Bordel que c’était bizarre.
Pourquoi ce putain de mec me tabasse, m’enferme avec une femme que j’ai vu s’enfuir et être violentée pour ensuite me filer des fringues ?
Ça n'avait pas de sens. Tout ça n’avait pas de sens, soit il y a une embrouille soit c’est un vrai psychopathe.
Et elle ? Pourquoi est-ce qu’elle est là ? J’ai envie de m’en méfier. Il faut que je m’en méfie si tout ça est un coup monté, je ne le connais pas.
Mais les gars de Jopok allaient s’inquiéter. Ils allaient venir me chercher. Jimin aussi sûrement, il irait voir Namjoon même s’il ne sait pas que c’est dangereux.
Chaque chose en son temps. D’abord une douche.
— La salle de bain est à droite. Elle parlait d’une voix faible, elle avait l’air fatiguée. Tu peux aller prendre une douche. Ca...Ca te fera du bien. Par contre, l'eau est froide, il nous punit.
Je remarquais qu’elle n'utilisait jamais le prénom de Namjoon. Elle me montrait la porte à gauche de la pièce. Je me courbais en vitesse plusieurs fois pour la remercier. J’entrais dans cette pièce. Encore de l’éclairage au néon, un renfoncement avec une douche. Du carrelage blanc, un lavabo, un toilette, un miroir. Je suis venu ici pour passer aux toilettes, je m’en souviens mais les souvenirs sont flous.
Je me déshabillais, mes vêtements sentaient vraiment mauvais. Le sang et la transpiration. En même temps, on est lundi, 14h, je suis là depuis … Samedi, 22h30.
Je fus complètement choqué quand je vis mon reflet dans le miroir. Mon visage était tuméfié, du sang avait séché au niveau de mon arcade. Je pouvais quand même voir un petit morceau de coton avec du sparadrap. C’est elle qui me l’avais mis ? Je l’enlevais et le jetais dans la poubelle. Mes cheveux gras collaient à mon front. Je descendis mon regard et ce fut un nouveau choc : un énorme hématome au niveau de mes côtes droites pouvait parfaitement se voir. Je me tournais en essayant de voir ma nuque mais impossible, je ne pouvais pas trop bouger la tête. J’ai rarement été dans cet état, personne n’ose me mettre dans cet état d’habitude.
Je faisais couler l’eau. Elle était glacée mais tant pis, il fallait que je me lave. L’eau froide me faisait mal, ça n’aidait pas les bleus. Je me lavais les cheveux, le visage et le corps avec l’unique savon dur qui se trouvait ici avant de me rincer et sortir. Je me séchais avec la seule serviette se trouvant là avant d’enfiler mes “nouveaux habits” que je pensais être ceux de Namjoon.
Un caleçon noir. Il est putain de serré.
Haha. Est-ce que ce taré ressent le besoin d'enfermer les gens parce qu'il a rien dans le pantalon ?
J’enfilais le jogging gris et le t-shirt large gris. Elle était habillée pareil. Je séchais mes cheveux trempés avec la serviette humide et j’essayais de les arranger comme je pouvais avec mes doigts. J’avais l’air d’un taulard.
Je me sentais fatigué et anxieux. Et je sentais mon estomac se tordre. En fait, j’avais tellement dormi et mon corps était si douloureux que je n’avais pas senti que j’avais faim. En même temps je n’avais rien mangé depuis 2 jours…
J’ouvrais la porte et je balayais la pièce du regard. Elle se trouvait sur le canapé, allongée et elle fixait le plafond. Elle tournait ses yeux remplis de longs cils vers moi. Je ne savais pas quoi dire alors je me dirigeais vers la mini cuisine en ouvrant le seul placard.
Manger. Parler.
Mais il était vide. Je continuais les recherches mais je me sentais observé.
— Si tu cherches à manger, y’a rien. Il nous apporte quand il l’a décidé.
— Comment ça ?
— Il ouvre la porte, il dépose des plateaux avec de la nourriture. Je ne sais jamais quand mais là avec ce qu’il s’est passé je pense qu’il ne va pas venir pendant plusieurs jours.
Ça va mieux ? Continua-t-elle
— Je… Un peu. J'ai moins mal mais je suis encore KO.
Je n’étais pas ravi d’entendre cette nouvelle. Je suis plutôt de mauvaise humeur quand j’ai la dalle.
— Oui, c'est le temps que la drogue se dissipe. Ne t'inquiètes pas ça guérira. D’ailleurs ça a l’air d’aller mieux ton visage…
Elle tentait de me rassurer comme elle le pouvait.
— Je suis contente d'avoir quelqu'un à qui parler … Elle chuchotait.
— Tu es là depuis combien de temps ?
— Je ne sais pas… J'ai l'heure mais pas la date. J'ai perdu la notion du temps. Je sais juste que tu es arrivé un samedi car je l’ai entendu le dire.
— Oui, samedi on était le 19 octobre.
— Je suis là depuis le mois de Janvier !
Elle commençait à trembler. Je sentais qu'elle paniquait.
Ho non, c’est quoi ce bordel encore. Depuis le début d’année ? Je vais rester combien de temps ici moi alors ?
— Depuis le mois de Janvier ! J'y crois pas, ça fait autant de temps ?
Je crois que prononcer cette phrase a eu l’effet de l’achever car elle s'accroupit en se tenant la tête.
— J'en peux plus … Je vais devenir folle.
Elle éclatait en sanglots, accroupie, se balançant comme une enfant d’avant en arrière. Je reculais sous le coup de la surprise.
Ho mon dieu. Je réalisais, ça me prenait comme une claque en pleine figure : nous étions enfermés. Nous étions emprisonnés. Moi, Jeon Jungkook, j’étais comme un animal en cage. Je ne savais pas ce que ce psychopathe avait derrière la tête mais j’allais y mettre un terme.
Putain, il va le regretter lui.
Je ne sais pas pourquoi, mais je l’ai prise dans mes bras en m'asseyant par terre. Elle était entre mes jambes croisées. Je crois qu’elle avait besoin de contact humain. J’étais plutôt tactile avec mes amis garçons, jamais avec les femmes, mais là ce n’était pas vraiment le moment de s’en inquiéter. Elle était si seule depuis … 10 mois. Et puis on est dans la même galère et j’avais ce besoin de la protéger en ayant appris ça, malgré qu’on ne se connaissait pas, malgré le fait que la situation était critique. Elle se calmait après quelques minutes de silence.
— Je suis désolée, j’ai…. Je…. C’est difficile. Elle bégayait un peu sous le coup de l’émotion.
— On va sortir d’ici.
— C’est impossible !
— Je vais trouver une solution. On va me chercher. Crois moi, on sortira.
— Mais tu ne vois pas là ? Elle se détachait de moi en se relevant. Pas de fenêtres, pas d’issues. J’ai réfléchi à tout tu sais, j’ai hurlé, j’ai frappé, j’ai …. tout fait. J’ai réussi une seule fois à m’enfuir parce qu'il a fait une erreur. C’est un monstre ! Elle battait les bras en l’air.
— Attends on va déjà prendre les choses dans l’ordre. Il faut que tu me racontes comment t’es arrivé ici. Qu’est-ce qu’il t’a fait ?
Je m’asseyais sur le canapé. C’était le moment de parler, de connaître son histoire.
— Mais avant tout, moi c’est Jungkook. Jeon Jungkook.
Elle m’expliquait tout. Elle connaissait Namjoon du lycée et elle l’avait recroisé par inadvertance dans le bar de son oncle, un certain Kim SeokJin. Ce nom me disait vaguement quelque chose et ça avait le don de m’agacer car j’avais la mauvaise impression de ne pas être arrivé là par hasard. Ils avaient discuté en se rappelant des souvenirs. Il lui avait avoué qu’il avait toujours été amoureux d’elle et ça l’avait fait beaucoup rire à ce moment-là. Ils avaient bu un verre, puis deux, puis trois. A la fin du troisième, elle s’était sentie très étrange. Puis c’était le trou noir et elle s’était simplement retrouvée ici.
— Je ne pensais pas que c’était un taré, tu vois. Je ne m'en suis vraiment pas méfiée moi. Il était sympa, avenant, drôle.
Elle continuait de me raconter son histoire. Elle avait vite perdu la notion du temps. Apparemment Namjoon lui apportait à manger quand il voulait, il n’y avait jamais d’heures fixes. Elle était passée par plusieurs phases, la panique, l’hystérie, la peur, l’anxiété, la colère. Mais depuis quelque temps, elle se sentait juste déterminée à partir. Elle pensait à sa famille, à ses amis qui devaient énormément s’inquiéter. Elle s’en voulait de ce soir-là, car elle était simplement sortie boire un verre seule sans prévenir personne. Elle faisait ça parfois.
_ Pourquoi tu n’utilises jamais son prénom ? lui demandai-je.
— Ce n’est plus un être humain à mes yeux. Je n’arrive plus à le nommer. Je ne sais même pas pourquoi je suis enfermée ici. Je regrette tellement si tu savais, me disait-elle, les larmes au bord de ses yeux verts. Ses yeux avaient tendance à m’hypnotiser.
Stop Jungkook.
Cette histoire était tout bonnement incroyable. C’était inhumain.
Mais une question m'inquiétait depuis le début.
— Est-ce….Est-ce que-
Tout à coup, on entendait la porte s’ouvrir. Nos deux visages se tournèrent en même temps.
Deux plateaux étaient posés sur le sol. Des nouilles.
Je me ruais et je ne disais plus rien, je m’étais juste assis par terre pour manger avec hâte. J’avais tellement faim.
Je me sentais humilié et indigne. À la fin de mon repas, j’avais envie de pleurer. Alors j’ai laissé d’abord couler des larmes assis en squat, la tête baissée. Je pensais à ma famille, à Jopok. J’étais en colère, j’avais envie de tout casser. C’était des larmes de rage.
Pourquoi personne ne vient me chercher ? Ça fait 3 ou 4 jours… Je ne sais plus. Normalement ils auraient déjà rappliqué avec tout le matos pour faire sauter cet endroit.
C’est plus grave que prévu, je le sens, je le sais.
Normalement les gars du clan vont vite retrouver Jimin donc Namjoon. On n'endort pas le Jopok comme ça. Je sentais une pression sur mes épaules et mon esprit. La panique, la peur, la colère. Moi, je ressentais tout ça en même temps. Elle s’asseyait en face de moi et elle mangeait son bol.
— Ça ne va pas être facile. On va devoir apprendre à vivre ensemble, tout ça est vraiment bizarre.
Je levais la tête vers elle. Elle avait raison : tout ceci est extrêmement bizarre. Pourquoi m’enfermer ? Parce que j’avais vu ? Soit. Mais pourquoi m’enfermer avec elle ?
Peu après le repas, mes paupières furent très lourdes.
Merde…
Chapitre 4 - Routine
Un mois plus tard.
Un mois qu’on était là. Je m’efforçais de compter les journées pour ne pas perdre le fil du temps. Tous les jours à minuit, je comptais le nouveau jour : 32 aujourd’hui. Une routine s’était installée avec Yeoni. On alternait chacun une nuit sur le canapé moisi, une nuit dans le lit pourri. Canapé/lit. Canapé/lit.
Je n’en peux plus de ces néons.
On était jamais dans le noir. Ça me rendait dingue.
9h réveil. Attendre. 12h. Repas s’il y avait. 15h. Attendre. 17h. Attendre. 19h. Repas s’il y avait. Attendre. Soirée. 00h, compter les moutons. S’endormir. Cauchemars. 9h réveil. Mauvaise nuit.
Une routine s’était installée et heureusement on discutait beaucoup avec Yeoni. Elle me parlait de sa vie, de sa famille, de sa passion pour le dessin, de son métier de graphiste. Je lui racontais mon travail, ce que je faisais, j’avais fini par lui lâcher le morceau. J’avais le sentiment que c’était quelqu’un de confiance et qu’elle connaissait ce milieu, même de loin.
C’était il y a deux semaines, nous étions assis par terre adossés au canapé rugueux. Nous attendions que le temps passe. J’avais cherché par tous les moyens de sortir de cette foutue pièce mais elle avait raison : c’était impossible. La porte était trop scellée, aucune arme à disposition, pas de fenêtres, aucune étagère, aucune chose à démonter, aucune bouche d’aération. Rien. Le néant.
Alors on parlait, j’avais perdu au fur et à mesure des semaines mon acharnement à quitter cet endroit. Je me demandais pourquoi le Jopok ne me trouvait pas.
On ne voyait presque jamais Namjoon. Il nous jetait nos repas sur une assiette au sol et on ne l’entendait pas.
Alors dans un état de désespoir, je lui avais avoué que je trempais dans des affaires illégales. Je lui en avais pas trop dit mais je lui avais fait part de mes doutes sur les motivations réelles de Namjoon. Je lui disais que le nom de son oncle ne m’était pas inconnu, elle me disait que c’était normal car il blanchissait de l’argent pour un certain réseau. Sûrement le mien du coup, je ne gère pas cette partie. C’était pas plus mal de lui en avoir parlé, au moins, nous étions sur le même pied d’égalité maintenant. Elle m’expliquait aussi qu’elle ne voulait pas appartenir à ce milieu.
On parlait de nos angoisses, on parlait quand ça n’allait pas, on parlait quand notre vie nous manquait, quand on y pensait trop. Elle appréciait dialoguer après ces mois passés seule.
Elle avait parfois des comportements d’anxiété poussés à l’extrême ce qui est normal au vu de la situation. Elle tournait en rond, elle tanguait de droite à gauche avec le regard vide. Du traumatisme en somme.
Je pense que le fait d’être enfermés ensemble nous lie d’une certaine façon. Parfois on riait.
Nous étions devenus proches, elle m’était familière maintenant. Et puis, elle a le même humour que moi. Certaines de mes passions aussi : le sport, le dessin, la photo…. On vient de Busan tous les deux. Mais, elle comme moi, respections nos moments d’intimité : la douche, se changer, aller aux toilettes…
C’était difficile ici, être enfermé c’était affreux. Pourtant j’ai du mental, pourtant je peux m’en sortir mais j’étais constamment sur le qui-vive. Même si Namjoon ne frappait pas, même si mes blessures étaient guéries.
Le temps semblait s’être arrêté dans ce sous-sol de l’enfer, mais grâce à Yeoni, la Terre continuait de tourner. C’est ce que je me disais.
J’étais quelqu’un d’actif, de sportif. Je tournais en rond dans cette piaule depuis que j’avais repris du poil de la bête alors je faisais des pompes. Mais je sentais au fur et à mesure des semaines que mon corps n’était plus en grande forme. J’avais maigri, mes muscles ne se voyaient plus autant qu’avant même si mon corps restait tonique et ferme.
Parfois on dormait énormément à cause des médicaments que Namjoon mettait dans la nourriture. Ces doses m'empêchaient d’agir et de penser convenablement. Mais ça m’empêchait aussi de tomber dans une certaine folie. Mais on ne pouvait pas arrêter de manger, on avait déjà peu de repas. Quand il entrait dans cette pièce, c’était forcément durant ces moments-là. Durant ces moments où mon corps était lourd, je me sentais nauséeux, fatigué, je ne pouvais plus bouger. Il venait juste pour me dire que personne ne viendrait me chercher et je commençais à perdre espoir et à croire en ces mots.
Il m’avait expliqué :
— Ça me soule vraiment que tu sois ici. J’aurais aimé ne pas avoir ce problème. Je suis obligé de te laisser là, j’ai pas le choix tu vois Jungkook. Je vais pas te laisser sortir et me foutre dans la merde parceque tu vas ouvrir ta sale gueule.
Autre problème : il ignorait complètement Yeoni. Il ne la regardait pas, il ne lui avait pas parlé de son essai de fuir.
Pourquoi ?
Namjoon était fou et il avait un pouvoir sur nous. Nous étions enfermés, sans aucune issue -et Dieu sait que j’ai tout vérifié méticuleusement- drogués, déprimés, incapables de se défendre ; il avait l’ascendant sur nous.
Puis il y eu ce jour-là. Où j’ai complètement vrillé. Mon cœur s’est déchiré réellement pour la première fois de ma vie. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais été le même.
Elle m’avait raconté à quel point il était bizarre, comme s’il avait deux personnalités. Dans le passé, il lui donnait le minimum de vivres pour manger un peu et être propre et d’un moment à l’autre, il vrillait et la frappait, lui hurlant qu’elle avait gâché sa vie.
J’avais mal pour elle.
Elle s’inquiétait beaucoup du fait que Namjoon ne s'était pas prononcé sur sa fuite. Qu’il n’ait pas cherché à se venger : elle m’assurait que d’habitude, il ne l’aurait pas supporté.
— C’est parce qu'on est deux, je lui disais.
Complètement faux. Si j’avais su ce qui m’attendait…
Ou plutôt nous attendait.
14h54.
Je sortais d’une douche chaude pour une fois, on se lavait à l’eau froide d’habitude. C’était réconfortant, tellement que j’oubliais de m’habiller. Mais j’aurais dû me douter que c’était inhabituel, qu’il allait arriver quelque chose.
J’aurais dû le prévoir.
Je sortais de la salle de bain donnant sur la “chambre” avec uniquement une serviette autour de la taille. Je ne m’attendais pas à tomber sur Yeoni, elle qui était toujours assise sur le sofa du “salon” à fixer le vide. Elle était allongée sur le dos, en m’entendant, elle se redressait sur ses coudes :
— Hé ! Tu crois qu’on pourrait l'intercepter la prochaine f...
Elle s’arrêtait net en me voyant. Elle fixait mes bras, mon torse, mes quelques tatouages, mes abdos en vitesse avant de rougir légèrement.
Je n’ai pas pu m’empêcher de trouver ça mignon.
Nos regards se sont croisés et on se perdait rapidement dans les pupilles de l'autre.
Elle tournait la tête et elle se mettait carrément sur le ventre, la tête dans ses bras.
— Désolée je pensais que tu sortirais habillé aaaash !
Je lâchais un rire. Je prenais les mêmes vêtements que d’habitude, qu’on devait laver à la main avec du savon d'ailleurs, le bordel. Les porter mouillés pour que ça sèche était désagréable, même si ce n'était pas le pire de ce qu'on vivait. J’entrais à nouveau dans la salle de bain pour m'habiller. Je regardais mon corps, mon visage et je remarquais que j’avais rougi aussi. Bizarrement, son regard m'avait fait plaisir, ça faisait desormais un mois que j'étais constamment avec cette - on va pas se mentir - jolie jeune femme à longueur de journée. J'aimais regarder ses beaux yeux verts. Ce petit moment m’avait fait du bien.
C’était le calme avant la tempête.
Ce jour-là malheureusement les événements se sont passés différemment
Ce jour-là, 15h12. J’ai appris ce que signifiait le mot trahison.
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