Ephyr, le Géant du Nord
Du Géant du Nord au gardien des Vallées boisées, Hel’méryth Ephyrast Légas de son nom véritable, aîné d’une fratrie de trois, était un roi de légendes ayant accompli de hauts faits lui ayant valu une immense place dans l’Histoire. Au courant de l’ère originelle, également surnommée l’Âge d’or, il amena la paix aux royaumes précurseurs de l’Empire d’aujourd’hui. Il n’était alors qu’héritier du trône, ambassadeur de renom, lorsqu’il acquit l’amour et le respect du peuple, à vingt printemps à peine. Il tenait son surnom de Géant de par son impressionnante carrure ainsi que par sa force surhumaine. Une beauté froide ornait toujours son faciès, à l’exception de quelques sourires que lui soutiraient le peuple ainsi que son épouse bien plus tard. Une crinière drue caressait sa nuque sans atteindre ses épaules et encadrait son visage au menton carré souvent rasé. Elle était sombre, un ébène corbeau caractéristique de la lignée des Légas. Son regard, en revanche, se démarquait de ses semblables : il avait la couleur propre aux abysses, un bleu si profond qu’on ne pouvait distinguer au premier coup d’œil.
À l’âge de dix-huit années, il maniait déjà comme un expert les rudiments de la politique et trempait dans les intrigues de la cour. Il format maintes alliances, certaines si inattendues qu’il s’étonnait lui même de ses exploits. Ephyr commandait déjà des armées conséquentes lorsqu’il reçut l’allégeance de l’armée royale dans son ensemble. Il lançait l’assaut et ils abattaient leurs épées, aboutissement d’un respect mutuel et d’une confiance absolue. Un dur fruit de labeur que ses cadets jalousaient secrètement. Il se lia d’affection avec une incroyable créature d’ordinaire hostile à toute autre espèce ; la femelle alpha d’Hzer’Üwa, des dragons aussi indomptables que fiers qui, fut une époque, pouvaient atteindre à l’âge adulte la taille d’un pan de montagne. La bête ne fut guère facile à séduire, elle lui infligea une grave blessure au dos dont il portera la trace jusqu’à la mort. Il fut quasiment victorieux à chacun de ses assauts, ce qui attisa davantage la haine et la jalousie de ses proches et amis : le succès était au rendez-vous à chacune de ses entreprises mais la chance avait fini par tourner. L’alliance qu’il conclut avec les Mages Anciens, ces drôles d’êtres secrets et introvertis sur leur communauté, marqua le début de sa chute avant même qu’il ne monte sur le trône. Il apparut alors que ces curieux individus désiraient davantage qu’une alliance quelconque ou un cesser-le-feu : ils étaient à la recherche d’un gène pur qu’on ne pouvait trouver qu’au sein du Prima Sanguë dans le but d’expérimenter de nouveaux sorts. Ils exigèrent du roi, père d’Ephyrast, qu’il leur offre davantage que ses sujets : un de ses enfants si l’antique sang venait à se révéler parmi eux. N’ayant aucune crainte, le roi les laissa disposer de ses descendants, trop orgueilleux et vaniteux, dormant sur ses lauriers car assuré qu’ils étaient dans le besoin et que jamais ils n’oseraient lui réclamaient une telle chose. En vérité, et il ne l’ignorait point, les Mages subsistaient à leurs besoins sans difficulté aucune et dans leur échange, le monarque était le plus gagnant, du moins en apparence.
Il s’avéra alors que Ephyr portait le gène le pur qu’ils aient pu rencontrer et, emportés par leur enthousiasme nouveau, ils s’emparèrent du futur roi au cours d’un périple qui fut tenu secret et l’on ne sut jamais à quelles expérimentations s’étaient-ils livré sur lui. Le premier impact qui l’affecta fut l’Immortalité, une jeunesse et une existence prolongées, une résistance accrue à la maladie ainsi qu’une régénération hors du commun. Mais, revers du médaillon, il était désormais incapable d’engendrer. Malgré ses nombreux descendants accumulés aux cours de ses trente cinq années, il était attristé de ne point enfanter avec son épouse et amie de longue date Zylvânäh, elle stérile de nature et lui privé de sa fertilité en sacrifice au royaume. Sa surprise fut immense lorsqu’il découvrit sa femme enceinte quelques mois suite au rituel étrange que lui avaient infligé les Anciens. C’était un miracle dont il ne pouvait totalement se réjouir car dans ses arrières se glissa le poison de la trahison, trahison à l’aide de magie noire commise par ses propres cadets, assoiffés de pouvoirs. Les circonstances de sa disparition ainsi que celle de son épouse et enfant, si ce dernier avait vu le jour, restent encore un mystère de nos jours. On raconte qu’il périt au cours d’une bataille et qu’il maudit dans son dernier souffle sa lignée aux tourments jusqu’à la fin des temps. Son dernier descendant qui n’était alors qu’un fœtus, éveillait déjà l’espoir mais l’attente fut longue et il ne vint jamais exiger le trône.
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