Quand on m'a appris la maladie de mon frère F., en novembre 2016, je n'avais pas vu ce dernier depuis le décès de notre mère, en 2003. Nous étions en froid. Je pensais depuis un an à lui faire parvenir mon roman, sûre qu'il en ferait une lecture avisée et bienveillante. J'ai tergiversé.

Quand ma sœur m'a téléphoné pour me dire que F. n'en avait que pour quelques mois, je me trouvais à l'intersection des rues Stuart et Van Horne, à quelques pas de chez lui. Je me suis mise à pleurer.

Une fois à la maison, j'ai commencé à lui écrire un long courriel, que je ne lui ai jamais envoyé. Je tergiversais. Après tout, F. ne souhaitait pas que nous communiquions avec lui.

En décembre, un matin, j'ai rêvé que je rencontrais F. à l'endroit exact où j'avais appris la nouvelle de sa mort prochaine. Il était à vélo, il s'arrêtait pour me parler.

En m'éveillant, je me suis remise au courriel, mais je ne lui ai pas envoyé. Je tergiversais. Trois jours plus tard, mon frère était mort.