La lame traversa sa peau, lentement, laissant une traînée sanguinolente sur son avant-bras. Quelques gouttes coulèrent, et terminèrent leur course sur un bout de papier disposé à les accueillir. Les tâches rougeâtres se multipliaient tandis que le jeune homme traçait ces sillons rouges, le visage ravagé par les larmes. Il effectuait ces mouvements comme s'il l’avait toujours fait, avec une aisance et une habilité effrayantes. Un véritable robot. Le sang ruisselait à chacun de ses gestes, violents, et avec un profond soupir le brun ferma les yeux.

      Et brusquement, toujours tremblant, il reprit ses esprits. Laissant tomber la lame teintée de pourpre, il se recroquevilla sur lui-même, la tête entre les jambes, se balançant d’avant en arrière. Il murmurait des paroles inaudibles pour ses parents qui dormaient dans la chambre juste à côté, inaudibles pour son petit frère qu’il entendait ronfler depuis la pièce en face, inaudibles pour qui que ce soit. Inaudibles pour quiconque pouvait le sauver.

       Lorsque les larmes brisèrent à nouveau la barrière de ses paupières, il comprit. Il comprit qu’il ne voulait plus être le jeune homme qui pleurait tous les soirs et se levait tous les matins le sourire aux lèvres, mais celui qui était heureux en permanence. Surtout, il sut qu’il devait changer.

 Changer pour vivre.

   Changer pour exister.