Je veux vous parler d’un homme. Je veux vous parler d’un loup. Je veux vous parler de lui comme je veux que vous l’entendiez, vous. Je le veux, parce que sans ça, peut-être que vous ne comprendrez pas. Et ça, je ne le supporterai pas.
Je veux vous parler d’un homme, je veux vous parler d’un loup. D’un loup aux yeux d’émeraude au poil de neige, qui toute sa vie durant a vu et fait couler le sang. Celui des bêtes, celui des hommes, celui d’une brebis bêlant des pâturages montagneux, celui du berger solitaire et de son chien valeureux, défendant les leurs, montrant les dents. Le loup a tué. Il a tué pour survivre aux froids hivers qu’il passe en solitaire, à la neige épaisse qui son poil caresse lorsque le terrible froid fait fuir toutes ses proies. Il n’a pas tué par vengeance ou pour protéger son engeance, non, il a tué pour subsister, il a saigné pour manger, il a chassé. Ses yeux comme ses dents il a planté dans sa proie effrayée, incapable de lui échapper. Tu es un loup, c’est dans ta nature, tu es comme nous, sauvage créature.
Je veux vous parler d’un loup, je veux vous parler d’un homme. D’un homme aux yeux d’émeraude, au poil de neige, qui toute sa vie durant a vu et fait couler le sang. Celui des bêtes, celui des hommes, celui d’une brebis bêlant des paysages montagneux, celui du berger solitaire et de son chien valeureux, défendant les leurs montrant les dents. Celui du loup qui pour se nourrir doit tuer. L’homme l’a tué. Il l’a tué, exterminé, repoussé dans les forêts, pour s’assurer qu’il ne reviendrait plus dévorer son garde-manger. Il l’a tué par vengeance, pour étaler sa présence, pour remplacer le loup sur ces terres désolées. Il n’a pas vu sur ses mains l’incarnat, l’éclat du sang grenat, des yeux dont s’envole l’éclat. Il tue, nécessairement croit-il, les malotrus les créatures viles qui n’ont d’autre choix que de chasser les maladroits pour vivre tandis que lui s’enivre. Es-tu homme, est-ce dans ta nature ? Es-tu comme nous, sauvage créature ?
Car aujourd’hui, bien que protégés, les loups sont poursuivis, braconnés, eux qui n’ont qu’une vie et dont les bois sauvages laissent place aux marécages où nous, humains embourbés, considérons notre vie comme assurée. Dévorant sans pitié la nature et ses réfugiés, nous perdons de l’existence la valeur inculquée à nos prédécesseurs par ceux qui l’habitaient, sans penser qu’un jour peut-être, nous serons loups et que d’autres seront hommes, qu’ils nous chasseront nous, bien qu’aujourd’hui on fanfaronne.