La préparatrice en pharmacie

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Elle est derrière le comptoir de la pharmacie, elle sert les clients. Elle est sans cesse en mouvement, scanne les ordonnances, se retourne, saisit quelque chose sur l'étagère derrière elle, le pose sur le comptoir. Tape au clavier. L'ordinateur bipe, elle fronce les sourcils, se rapproche imperceptiblement de l'écran, … l'imprimante s'active, ça y est, elle peut passer à la suite. Elle se redresse, regarde le client, sourit. Tend un sac en plastique rempli de boîtes, et annonce « il reste 3 euros et 20 centimes à régler ! »

Elle est là tous les jours, à son poste. Je la vois quand je promène mon chien devant sa vitrine. Toujours la même blouse de préparatrice, une blouse bien repassée, blanche évidemment, à manches courtes. Le col ourlé de noir. Le badge avec son nom, sur sa poche, bien droit.

Elle n'est pas bien grande, quand elle est derrière son ordinateur on ne voit que le haut de sa tête qui dépasse: ses cheveux sont toujours savamment ébouriffés, d'un rouge sombre profond. Les frise-elle au fer ? Elle les porte mi-longs, ils ne touchent jamais ses épaules. Elle les repousse souvent derrière ses oreilles, et chaque jour elle porte d'autres boucles d'oreilles pendantes, parfois dorées, fantaisie. Si on se place légèrement de côté par rapport au comptoir, alors on peut voir son visage : lorsqu'elle étudie l'écran, elle est concentrée, avec une ride horizontale qui lui barre le front. On ne la sent pas à l'aise avec l'informatique, elle approche son visage de l'écran quand elle ne trouve pas ce qu'elle veut, et s'en éloigne quand elle obtient ce qu'elle cherche. Les reflets du logiciel s'impriment sur les verres de ses lunettes de plastique rouge dont elle ne peut se passer. Son sourire est triomphant, lorsqu'elle repasse derrière le tiroir-caisse et qu'elle annonce au client, victorieuse, qu'elle a triomphé de l'informatique et qu'il faut juste patienter quelques minutes, elle va chercher les comprimés dans la réserve. Elle y va d’un pas rapide, le bruit de ses petits talons la suit.

Son sourire. Son sourire est toujours présent. Un grand sourire qui monte jusqu’aux yeux, qui fait chaud au coeur, qu’on pense sincère. Comme si rien ne pouvait l’atteindre, ni la mauvaise humeur des clients, ni la météo catastrophique, ni les patrons harcelants. Elle sourit et ses dents sont blanches, les rides qui froissent le coin de sa bouche n’arrivent pas à la vieillir, elle garde sa figure de gamine effrontée malgré son âge. Elle attend la retraite dans quelques années, sa carrière est déjà longue, mais si vous l’interrogez, elle vous dira qu’elle aime toujours autant son métier. Alors elle sourit. Et elle passe au client suivant.

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