Chapitre 18 (Regarde ce que tu m'as fais faire) Partie 1

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Qu'allait-elle répondre? Son visage ne m'en donnait pas d'indice. Elle était neutre.

Ma sœur elle, l'avait déjà adopté ce chat. J'étais assise avec elle sur le tapis dans le salon tandis qu'elle lui faisait faire tout de sorte d'acrobatie. ça ne lui dérangeait même pas de se faire brasser de tous les côtés. Mes parents eux étaient assis sur le divan et regardaient ma sœur s'amuser avec le nouveau compagnon qui était entré dans notre maison. Nick lui, m'ayant accompagné, était appuyé contre le cadrage de la porte de l'entrée du salon.

Une fois de temps en temps, ma mère répétait à ma sœur de faire attention avec le chat. Peut-être qu'il se laissait faire, mais il fallait lui éviter de lui casser les os à un moment ou à un autre.

Sinon, ma mère restait silencieuse, tout comme mon père, jusqu'à qu'il décide de prendre la parole pour dire:

-Il faut avouer que ce chat est extrêmement mignon par contre.

Ma mère tourna la tête vers mon père.

Son commentaire ne lui avait pas plu.

-Scott... non, il n'en ait pas question, refusa ma mère.

Elle n'avait rien dit encore sur ce qu'elle en pensait. Désormais, nous le savions ce qu'elle en pensait.

En entendant cela, le visage d'Ava changea et se transforma en déception.

-Mais... pourquoi? Se plaignais-t-elle, déjà tomber sous le charme du chaton.

-Parce que chérie, c'est tout simplement non, lui répéta-t-elle en se levant du divan comme si notre conversation se terminait là.

Je crois que j'avais le droit de dire un mot là-dedans. Ce cadeau venait de mon copain.

-C'est vrai, pourquoi maman? Lui demandais-je à mon tour, voulant comprendre pourquoi elle refusait aussi sèchement.

Si ça avait été un chien, d'accord, j'aurais compris. Un chien c'est beaucoup de responsabilité, mais pas un chat.

-Parce que! Commença-t-elle à s'énerver. Nous venons à peine de perdre Winston. On ne s'embarquera pas tout de suite avec un autre chat. Laissons-nous du temps pour digérer ça.

-Et qui a-t-il de mal à vouloir un autre chat?

-Écoute, s'adressa-t-elle maintenant à Nick, c'est extrêmement généreux de ta part ce que tu as fait, mais nous ne pouvons pas accepter ton cadeau.

-Andréa, si c'est le fait que je l'ai payé de mes propres poches, ne vous en faites pas avec ce détail. ça me fait un plaisir immense de vous offrir ça.

-Peut-être... mais... nous ne pouvons pas.

Je me levai du tapis, là où j'étais assise avec ma sœur.

-Nick, laisse-moi m'en charger, lui dis-je en chuchotant en passant à côté de lui.

C'était à moi de régler ça avec ma mère, pas à lui.

-Maman, lui dis-je en allant la rejoindre dans la cuisine, là où elle s'était retirée.

Quand elle se retirait, c'était parce qu'elle avait besoin sérieusement de réfléchir.

-On pourrait en discuter plus longuement, seul à seul. Réfléchis-y encore un peu.

-Taylor, je n'ai pas besoin d'y réfléchir. Ma réponse est définitive.

Elle alla ranger les dernières choses qui restaient sur l'îlot de la cuisine et qui n'étaient pas à leur place. C'était une façon de se changer les idées.

-On ne peut tout de même pas demander à Nick d'aller le reporter. ça ne se fait pas. De toute façon j'ai l'intention de lui remettre l'argent, si c'est ce qui t'inquiète tant.

-Je suis celle qui prend les décisions ici. Cette maison m'appartient, non?!

Je ne voyais pas pourquoi ma mère s'emportait uniquement pour un chat.

-Et nous dans tout ça? Ava l'a déjà adopté, tu l'as vu? ça ne devrait pas nous faire de mal d'en avoir un autre. En plus de ça il est tellement mignon.

-Je te l'accorde, ce chat est... réellement d'une beauté rare. Mais ce n'est pas du tout une raison pour le garder.

Ma sœur cria quelque chose du salon.

-Je peux lui donner son nom!?

Si ma mère retirait le chat à ma sœur, elle savait qu'Ava lui en voudra pour longtemps et qu'elle en pleurera même ce soir.

Ava n'avait jamais eu la chance de vivre en compagnie d'un chaton. Elle était la seule d'entre nous qui n'avait pas pu vivre en présence d'un bébé chat. Je voulais lui faire vivre cette expérience.

-Maman, je t'en supplie.

Je connaissais trop bien ma mère, vous le saviez. Elle ne résistait pas elle non plus et elle allait regretter par la suite de refuser de le garder. Elle allait sans doute retourner à l'animalerie et aurait demandé à le ravoir. C'était possiblement ça d'ailleurs son plan pour éviter de faire payer Nick pour l'animal.

-C'est moi qui s'en occuperai.

Elle hésitait. Vraiment.

-C'est d'accord, avait-elle finit par accepter. C'est d'accord.

-Merci! Tu es la meilleure!

Je sautai dans les bras de ma mère après avoir contourné l'îlot pour la retrouver de l'autre côté. Je le remerciai au moins 100 fois d'avoir accepté de faire entrer un nouveau chat dans notre vie.

Je savais qu'elle allait finir par céder. Nous étions tous de grand sensible dans ma famille et nous étions trop obséder pour refuser de le garder.

J'allai rejoindre Nick, Ava et mon père qui était restés au salon pendant que j'avais tenté de convaincre ma mère. Nick avait pris ma place, accompagnant ma sœur en s'amusant avec le chaton.

Durant un instant, j'eus une sorte de coup au cœur. Voir Nick et ma sœur ensemble s'amuser avec le chat comme ça, ça m'avait mis une drôle d'idée en tête. Une idée qui ne m'était d'ailleurs jamais passé à l'esprit. Je m'imaginais Nick avec des enfants et par n'importe lesquelles. Mes enfants. Nos enfants.

Tôt, cette idée voulu sortir de mes pensées. Je n'avais que 18 ans. Certes, j'adorais les enfants, encore, j'étais très loin d'être prête à en avoir. Ce n'était qu'une idée absurde de m'imaginer avoir des enfants avec Nick.

Par contre, si un jour il advenait que je tombe enceinte par accident et que cet enfant venait de Nick, alors je le garderais, c'était certain. J'aurai entièrement confiance en nous deux et...

Mais... pourquoi est-ce que je pensais à ça? C'était loin d'être une situation dans laquelle j'étais en ce moment. Alors pourquoi ça m'était venu en tête?

C'était assez inhabituel parce que Nick était le premier homme avec lequel je m'étais évoqué avoir des enfants, même durant juste un petit instant.

Nick avait véritablement l'air satisfait que ma mère ait enfin accepté de garder le chat. Je crois que lui aussi il avait eu cette inquiétude que ma mère refuse pendant un instant. Il ne la croyait pas aussi résistante.

J'avais remercié Nick au moins un million de fois encore. Au passage, j'avais aussi tenu à remercier ma mère pour avoir finalement choisit de le garder.

C'était fou ce qu'un simple chaton pouvait me redonner le bonheur. Je lui avais dit que d'avoir un autre chat ne nous ferait pas de mal, mais bien plus de compagnie.

Il était d'ores l'heure du souper, simplement, Nick ne pouvait pas rester. J'étais déçu, mais il avait quelque chose d'important à régler. Je ne pouvais tout de même pas le retenir, même si c'était ce que j'aurais voulu faire.

Je le remerciai à maintes fois encore, sans oublier de nous embrasser juste avant qu'il parte.

Ce cadeau, je ne l'oublierai pas d'aussi tôt.

Avant de quitter, Nick distingua quelque chose.

-Hey, tu as du courrier.

Il s'approcha de notre boîte aux lettres et il en sortit une enveloppe blanche. Il jeta un œil à ce qui était écrit à l'arrière.

Il arrivait parfois que le facteur se trompait d'adresse et ça n'aurait pas été la première fois.

À la même seconde où je pensais à mon audition et à la réponse que j'aurais dans peu de temps, Nick me mentionna ce qu'il y avait d'écrit sur cette enveloppe.

-C'est pour toi Taylor. ça vient de l'école.

Je pouvais y voir dans son visage qu'il se doutait tout autant que moi ce qu'il pouvait y avoir dans cette enveloppe. La réponse pour mon audition.

J'arrachai presque l'enveloppe des mains de Nick, impatiente de savoir qu'en était le contenu. Je la déchirai et en sortit une lettre pour la déplier. Je tremblais. Le moment de vérité. Est-ce que j'avais convenablement impressionné les juges pour leur prouver que j'étais fait pour ce rôle? Il suffisait de lire cette lettre pour le découvrir.

N'étant pas une surprise, c'était effectivement une lettre à propos de la pièce de théâtre.

J'avais bien faillit me retrouver sur le sol. Était-ce mon excitation qui me faisait divaguer? Sincèrement, il m'aurait fallu quelqu'un pour confirmer. Je restais sans mot, fixant la lettre là où j'y avais bien vu d'écrit en caractère gras: félicitation, vous avez obtenu le rôle d'Esméralda avec succès!

Mes parents et Nick attendaient une réponse, que je dise quelque chose. Or, j'étais si confuse qu'aucun mot n'arrivait à sortir de ma bouche.

-Alors, qu'est-ce que c'est? S'impatienta ma mère.

J'avais fini par réaliser et je suis revenu sur terre.

-Mon dieu mais... c'est impossible. J'ai le rôle!

Ma mère cria de joie et elle me prit tout de suite dans ses bras en entendant cette bonne nouvelle. Mon père venu se joindre à notre accolade.

Ce n'était pas un rêve, j'avais obtenu ce rôle! Mon souhait s'était miraculeusement réalisé. J'étais si fière de moi! Parmi toutes ces filles qui s'étaient présentés pour ce rôle, j'étais celle qui avait le plus impressionné les juges, celle qui avait passé le test, celle qui correspondait le plus au rôle d'Esméralda. Il fallait un sacré talent et une sacré chance pour pouvoir obtenir le rôle principal dans une pièce. Aurais-je cru que j'aurais été l'élu? Non!

-Oh je le savais! S'écria ma mère. Je le savais!

-Mon dieu... je ne peux croire que j'ai réussi.

Je regardai Nick qui lui, attendait de me féliciter à son tour. Je demandai à mes parents un petit instant avec lui.

Je me dégageai de leur bras.

Nick me prit sans plus tarder dans ses bras, si content pour moi. Il m'embrassa plusieurs fois, me disant en même temps qu'il avait eu raison d'avoir confiance en moi et qu'il se doutait que ce rôle serait le mien.

-Alors, est-ce que j'avais une bonne raison d'avoir confiance en toi? Me dit-il à voix basse, toujours dans ses bras.

-Si ça n'avait pas été de toi, je ne l'aurais jamais fait.

Nous nous sommes souri puis ensuite embrasser, encore.

J'avais eu besoin de ces bonnes nouvelles. Enfin j'avais droit à un peu de bonheur, un peu de soulagement. Oui, j'avais souhaité fort avoir ce rôle, mais de là à réellement espérer l'obtenir, je ne me serais jamais attendu à le mériter. Comme mon père l'avait si bien pressentit, ce rôle était donc vraiment fait pour venir à moi.

La dernière question que je me posais par contre était: avais-je l'étoffe d'une comédienne? Étais-je fait pour me cacher derrière un personnage et de l'interprété correctement?

Avec tout ce mélange d'excitation que j'avais eu aujourd'hui et de mon anxiété à la fois face aux éventuelles pratiques, le sommeil fût plutôt long à trouver. En plus de cela, j'avais emmené Benjamin avec moi pour qu'il puisse passer la nuit dans ma chambre... j'avais oublié. Benjamin Button, c'était le nom de notre nouveau chaton. C'était l'idée de ma sœur. Ce nom venait du film, vous savez cet homme qui naît vieux et meurt jeune? Ma sœur et moi avions regardés ce film ensemble durant une journée de semaine alors que mes parents étaient dans un souper. Je gardais Ava et nous sommes tombés sur ce film à la télévision. J'en avais déjà entendu parler légèrement et j'étais curieuse de le voir.

Ma sœur et moi l'avions adoré. Quand ce nom est sorti de la bouche d'Ava tout à l'heure, mes parents et moi avions éclatés de rire. C'était le plus drôle et le plus originale de tous les noms que je n'avais jamais encore entendu. Ce fût sa première idée et nous avions tout de suite accepté de l'appeler comme ça. Et pas seulement Benjamin, mais avec son nom de famille aussi, Button.

Justement, Benjamin, n'étant encore qu'un bébé, était plutôt très joueur. À plusieurs reprises, je dû intervenir parce qu'il s'amusait avec tout ce qu'il trouvait dans ma chambre, feuille de papier, crayon, vernis à ongles... Heureusement, il avait fini par s'épuiser et son heure de jeu se termina. Il était venu s'allonger à mes côtés, là où il venu me ronronner aux oreilles.

Finalement, la conversation que j'étais supposé reprendre avec ma mère ce soir-là n'avait pas eu lieu. Quelle chance que Nick était arrivé au bon moment avec un chat à porter de main. J'avais voulu éviter cette conversation et mon vœu fût réalisé. À la place, j'avais passé une magnifique soirée en présence de ma famille et de notre nouveau copain. Tout ça grâce à Nick je crois.

Le ronronnement d'un chat m'avait manqué la nuit dernière. Ce soir, j'avais le sentiment d'avoir retrouvé mon chère Winston.

Je frappais à la porte depuis au moins une minute déjà. En fin de compte, je me suis dit que le directeur n'était apparemment pas là puisqu'il serait déjà venu répondre après le nombre de fois que j'avais frappé. 

Ce n'était ce que m'étais prévu de faire ce lundi matin. Aller voir le directeur de l'école pour pouvoir aller recueillir des renseignements à propos de la pièce qui n'ont pas été mentionné sur la feuille que j'avais reçue par la malle, me disant que j'avais obtenu le rôle. 

En me retournant, prête à quitter le corridor des secrétariats, je croisai une femme en chemin. Ce n'était pas moi mais elle qui m'avait adressé la parole en premier. Je l'aurais prise pour une élève avec sa petite taille et son physique très jeune. 

-Je peux t'aidez? Me demanda-t-elle sympathiquement.  

-Oh, euh... vous savez où se trouve monsieur Davies? 

Davies, c'était le nom de famille du directeur. 

-Il est en rencontre en ce moment. Tu avais quelque chose d'important à lui dire? 

-Pas... nécessairement. ça peut attendre. 

-Si tu veux, je peux prendre le message et je lui dirai que tu es passé?

-Bien... puisque vous êtes là, pourrais-je vous poser la question à vous? J'ignore par contre si vous êtes bien placé pour pouvoir me répondre puisque c'est à propos de la pièce de théâtre. 

-Oh, effectivement, me dit-elle en riant un peu, mais... peut-être que je pourrais me renseigner. 

-Je voulais seulement savoir qui serait présent dans cette pièce. Je veux dire, ceux qui ont été choisi. Je ne veux tout simplement pas avoir de surprise une fois arriver à la pratique. 

-Oh, tu fais partit de la pièce? 

-Oui. Je jouerai le rôle principal. 

-ça alors, c'est... bien je te félicite. Ton nom alors c'est... Taylor, je me trompe? 

J'étais assez confuse. Elle qui disait ne pas être bien placé pour me donner des renseignements sur la pièce de théâtre, elle connaissait pourtant mon nom.

-Oui... comment savez-vous mon nom? 

-Ton nom est écrit sur toutes les affiches dans l'école pour la pièce. Tu n'as peut-être pas eu le temps de les voir? 

Évidemment, je n'étais pas au courant de ça. J'étais directement entré par le secrétariat ce matin, donc, je n'avais pas eu le temps de pouvoir voir les affiches avec mon nom inscrit dessus. 

Rien qu'à savoir que mon nom était imprimé sur des affiches partout dans les corridors de l'école, ça me rendait nerveuse, néanmoins folle de joie à la fois. J'avais le sentiment d'être une vedette du cinéma. Pourtant, ce n'était que ma toute première pièce.  

-Mais pour revenir à ta question, je ne peux malheureusement rien faire pour ça. D'ailleurs, je crois que personne ne peux te donner plus d'information. Je crois dans ce cas que tu devras attendre à ta première pratique pour pouvoir connaître tes compagnons durant cette pièce.

On dirait bien que je n'avais pas trop le choix. 

-Et quand tu as dit « surprise » tout à l'heure... excuse-moi d'être indiscrète, mais est-ce que par hasard tu n'aurais pas des problèmes avec d'autres élèves de l'école? 

Affirmativement, cette question était indiscrète de la part d'une femme qui ne me connaissait même pas. 

-Laisse-moi me présenter. Je m'appelle Rachelle. Je suis une intervenante dans cette école et je suis en charge des cas d'intimidation. C'est normal si tu ne m'as jamais vu, je suis nouvelle depuis la semaine passée. 

Alors voilà d'où sortait cette question. Vu la position dans laquelle elle était, une question de ce genre n'était plus indiscret. 

Devais-je considérer les menaces de Paris comme étant de l'intimidation? Il y avait un bout de temps que je ne lui avais pas fait face à nouveau, donc est-ce que je pouvais dire que ça avait cessé? Je n'étais sûr de rien, encore, il y avait une seule chose dont j'étais au courant, c'était que je ne voulais pas en parler aujourd'hui. Pas maintenant alors que tout recommençait à redevenir « normal » dans ma vie. J'avais de bonne nouvelle en ce moment. Je n'avais pas envie de me retrouver dans un bureau avec une espèce de psychologue, me replongeant dans ces mauvais souvenirs de moqueries gratuite et de menace. 

-C'est un plaisir de vous rencontrer, Rachelle. Mais en fait... vous savez quoi? Oublier ce que je vous aie dit, bégayais-je un peu. Mais je vous remercie quand même. 

Cette dame avait l'aire extrêmement serviable et prête à me donner un coup de main, s'étant douté que je vivais peut-être de l'intimidation. J'appréciais son aide, c'était évident, en outre, je ne voulais tout simplement pas en parler avec un spécialiste. Peut-être que plus tard je me sentirai prête. 

 

-D'accord. Mais ne te gêne surtout pas si jamais tu as besoin d'aide, ok? 

-D'accord, merci beaucoup. 

Je quittai le corridor des secrétariats, mon sac à dos sur l'épaule, m'engouffrant dans cette foule en délire. Une foule tout aussi agité qu'à tous les matins. Je me faufilai parmi une dizaine d'élève qui prenait tout leur temps et ne se préoccupait pas des autres autour. C'est là que j'arrivai face à une affiche pour la pièce. C'était comme cette femme me l'avait dit juste avant. Mon nom était là! 

Désormais, je passais à un tout autre niveau. 

Ma première répétition aura lieu ce mercredi, c'est-à-dire dans trois jours, comptant aujourd'hui. Je savais où tout ça se déroulerait, mais pour le reste, j'étais dans le néant. Je ne savais pas combien de temps nous allions pratiquer, je ne connaissais même pas l'histoire de la pièce. Mais le pire dans tout ça pour moi, c'était de ne pas savoir avec qui je jouerais. Est-ce que j'aurai affaire à des gens que je déteste et qui me détestent eux aussi? Et pour le second personnage principal, Scott, qui ce sera? 

Je devais penser positif. L'important, c'était d'y aller une journée à la fois et surtout, avoir confiance en moi. C'était le plus essentiel. 

Avec uniquement mon nom sur les affiches, les gens ne pouvaient pas savoir qui était Taylor, celle qui jouera Esméralda. J'ignorais si ma photo allait à un moment se retrouver sur ces affiches. Moi qui n'étais qu'une élève très normal comme les autres, je me retrouvais désormais dans une pièce de théâtre et j'allais sans doute devoir jouer devant tout le collège en entier, élèves et enseignants. 

Je me souviens des petites pièces de théâtre en cour d'art dramatique qui était ensuite présenter à l'école. Les élèves qui en sortaient avaient des admirateurs ensuite. Plausiblement que ce sera le cas pour moi? Cette année-là en plus, la production pour la pièce était plus grosse, de plus grande qualité. Cette pièce sera faite avec des professionnels, que ce soit dans les costumes que dans le décor. Ce n'était plus des petites pièces d'école fait par l'enseignant lui-même. La seule chose qui sera pareille, c'est que ce seront des élèves qui devront interpréter les personnages, probablement avec beaucoup plus de maturité.  

C'était peut-être pourquoi j'avais été sélectionné. Il me croyait capable de jouer ce rôle parfaitement, avec adultisme. 

La cloche annonçant la fin de la journée sonna et je retournai chez moi à pied. Ma mère avait un contrat aujourd'hui de jardinage. Ma sœur elle, devait rester au service de garde puisque mon père allait rentrer plus tard à cause d'une urgence au boulot. Donc, ça me donnait probablement du temps pour rendre une petite visite à Nick, le temps qu'il n'y avait personne chez moi. Je tenterais d'être de retour avant que mes parents reviennent.

J'aurais bien voulu aller chercher Ava à l'école, en revanche, ma mère m'avait dit qu'elle s'en chargeait. Je n'avais pas insisté. De toute façon j'avais des devoirs à faire. J'avais des devoirs à faire, encore, à la place, je préférais aller chez Nick? Quand je repense à ça, il n'y avait pas deux jours, je l'évitais et aujourd'hui, je tenais pleinement à aller chez lui ainsi que je me promettais de mettre mes études en priorité. 

ça ne faisait pas 5 minutes que j'étais sorti de l'école que je me sentis suivit. Enfin, c'était normal puisque d'autres étudiants habitaient dans le même quartier que moi, donc, il n'y avait pas de raison de s'alarmer. Malgré ça, je m'étais tout de même retourné pour être certaine que c'était véritablement un étudiant et non un homme ou une femme louche. 

Ce n'était pas à ça que je m'attendais. Qu'est-ce que Paris me voulait au juste? Pourquoi elle me suivait? Je n'étais pas idiote, je savais très bien qu'elle n'habitait pas dans mon quartier. J'aurais été la première au courant si ça avait été le cas. 

Je continua mon chemin, l'ignorant. 

-Hey! Me cria-t-elle. 

Non, il n'était pas question de lui refaire face. J'approchais de ma maison. J'avais le temps de la semer. 

J'accélérai le pas. 

Je l'entendis se mettre à courir, derrière. Néanmoins, ne voulant pas me mettre à courir, je la laissai me rattraper. 

-Tu es sourde ou quoi? Me dit-elle en empoignant l'un de mes bras et en me retournant brusquement vers elle. 

-Qu'est-ce qui te prend?! M'emportais-je. 

Si elle osait me toucher une autre fois, elle pouvait être certaine de voir le démon sortir en moi. Me menacer comme ça alors que je rentrais chez moi, je n'accepterai pas ça. 

-Tu n'es qu'une sale garce! Me cracha-t-elle au visage. 

J'y voyais une terrifiante fureur dans ses yeux et je savais qu'elle était désormais prête à frapper plus fort et à y laisser des marques. 

Avant qu'elle n'ait pu m'expliquer la raison de son emportement, elle me frappa violemment en plein visage, ayant l'impression qu'elle m'avait brisé la mâchoire. Ce coup fût si dur que je me retrouvai à genoux sur le sol, laissant tomber mon sac à mes côtés. On aurait dit que sa main était restée imprimer sur ma joue. 

Je levai la tête vers elle et c'est là qu'on commencer les coups de pied. 

Le premier me frappa en plein dans le ventre. 

-Il m'avait promis ce rôle! Me cria-t-elle de rage, presque prête à me tuer. 

Voilà pourquoi elle m'attaquait comme ça. J'avais compris. Je lui avais volé son rôle pour la pièce. Mais qui avait pu lui promettre ce rôle? Avait-elle trouvé un arrangement?

Son coup dans le ventre m'avait coupé le souffle et m'empêchait de pouvoir me relever ou de me défendre. Je ne pouvais même pas crier à l'aide. 

Un second coup atteignit mes côtes et un troisième à nouveau dans le ventre. Les coups qu'elle m'infligeait allaient certainement m'y laisser des bleus. Elle était complètement folle de rage, comme un animal se jetant sur sa proie, n'ayant aucune pitié. 

Trois coups et elle s'agenouilla auprès de moi puis elle empoigna mes cheveux pour relever ma tête vers elle, me regardant droit dans les yeux. 

-Alors, comme ça tu désires tout me voler? Tu me prends mon copain et ensuite tu me vole le rôle qu'on m'avait promis? Je vais te détruire comme tu me l'as fait!

Un clackson de voiture se fit entendre et obligea Paris à me lâcher et à se relever d'un bond pour voir ce qui se passait. 

Un véhicule noir embarqua presque sur le trottoir et s'arrêta abruptement. Au début, je n'avais pas reconnu la marque du véhicule qui venait de se ranger comme ça sur le rebord du trottoir. J'étais plutôt focalisé sur la douleur qui m'empêchait de pouvoir me relever et je me souviens d'avoir vu Paris partir d'un pas de course, entendant la voix d'un homme lui crier de revenir. Je n'étais pas capable de lever la tête pour voir qui venait à mon secoure. Je restais allongé sur le sol, affaiblit par les coups donné par Paris. 

Sans tarder, cet homme, m'étant venu en aide, se jeta à mon chevet. 

-Hey, vous aller bien!? 

Je levai péniblement la tête et je ne pus en croire le regard que je croisai. Je n'aurais jamais cru un jour revoir cette personne, et encore moins pour sauver ma peau. Je pensais qu'il était disparut de la ville. Vous devinez peut-être? 

A.J.  

Nous avions eu pratiquement la même réaction lorsque notre regard s'est croisé depuis tout ce temps d'absence, sans nouvelle l'un de l'autre.  

-A.J? 

-Taylor? Mon dieu... qu'est-ce que cette fille t'a fait? 

-ça s'est passé si vite, je n'ai rien vu venir. Je n'aurais surtout jamais pensé qu'elle puisse me frapper.

A.J tenta de m'aider à me relever avec douceur, or, sa main toucha à mon ventre et je poussai un cri de douleur. 

Paris m'avait assurément brisé les côtes. C'était affreusement douloureux. 

-Je m'excuse, je n'ai pas pu la rattraper. 

-ça va, lui répondis-je avec douleur dans la voix. 

-Tu es capable de te relever? 

De peine et de misère, sans son aide, je me relevai, tenant un côté de mon ventre, là où la douleur était plus concentrer. 

Je réussissais à tenir debout, c'était déjà bien. 

Grâce à A.J, j'avais sans doute évité d'être encore plus amoché que je ne l'étais déjà. Je ne sais pas jusqu'où elle aurait été, mais je devais me compter chanceuse d'avoir été aperçu juste à temps. 

Je lui en étais reconnaissante. 

Moi qui avait croisé cette intervenante ce matin, Rachelle, qui m'avait si gentiment offert son aide, on aurait dit qu'un signe voulait me dire d'arrêter de prendre cette situation trop à la légère et d'en parler à un professionnelle. Je n'avais pas revu Paris depuis un bon moment, alors pourquoi elle refaisait surface aujourd'hui, la journée même où une intervenante m'offrait son aide? 

-Je te remercie, lui dis-je, appréciant sincèrement qu'il soit venu à mon secoure. 

Malgré l'aide qu'il m'avait apporté, il y avait tout de même un malaise entre nous. Je n'étais pas mécontente de le revoir, par contre, juste un peu surprise. 

-ça me fait plaisir. 

Je ne l'avais jamais dit, mais j'avais été inquiète à certain moment pour lui. Pas à un point d'angoisser et de ne plus dormir la nuit, toutefois, je pensais des fois à lui. Je me demandais où pouvait-il se trouver et est-ce qu'il lui était arrivé quelque chose de grave? Si ça avait été le cas, j'en aurais entendu parler. Je le pensais peut-être partit dans un autre pays, sur un autre continent. Et aujourd'hui, il réapparaissait et sauvait ma peau. 

Pourquoi? 

Le malaise durant longtemps entre nous.

Ce silence, me rendant nerveuse, je me penchai pour ramasser mon sac sur le sol, nonobstant, une douleur au ventre m'obligea à me ressaisir. 

-Bon sang! Cette garce ne m'a pas manqué, dis-je en serrant les dents, de douleur. 

-Attend, laisse-moi t'aider. 

A.J se pencha et ramassa mon sac à ma place.

Il n'était pas si aimable à la fin avec moi. J'avais la sensation de le revoir dans le début de notre relation, quand il me démontrait qu'il m'aimait vraiment. Vous savez ces petits gestes gracieux mais qui disparaissait au fil du temps. 

À la place de me remettre mon sac, il l'accrocha à son épaule. 

-Aller, vient. Je vais t'emmener chez moi et je... je jetterai un coup d'œil à ça. 

M'emmener chez lui? Je refusai tout de suite. 

-Oh, c'est réellement très attentionné de ta part, mais... 

-Je comprends, me coupa-t-il. Mais tu crois vraiment pouvoir retourner chez toi à pied dans cet état?

Sur ce point, il avait raison. 

-Ne t'en fait pas pour moi. Je vais retourner chez moi et je m'allongerai. ça va finir par passer. 

-Tes parents sont là? 

Je le dévisageai sans répondre à sa question et il comprit tout de suite que ce n'était pas une question à me poser, surtout qu'on venait à peine de se retrouver après plus d'un mois d'absence. 

-Excuse-moi. 

-ça va. 

-Je ne veux pas du tout être insistant, mais je crois vraiment que tu devrais regarder ça. 

-Je sais, je vais le faire. 

Je le voyais dans son visage. Il voulait m'aider. Après tout, c'était lui qui m'avait sauvé d'entre les griffes de Paris. Je crois dans ce cas que c'était la moindre des choses qu'il veuille regarder mon état. 

Je ne sais pas pourquoi j'avais craqué. Après ce qu'il m'avait fait subir, était-ce normal ce que je faisais? Peu importait parce que j'avais envie d'oublier ça et de passer à autre chose. Il m'avait porté secoure et je l'appréciais. 

Suite à une longue hésitation, j'avais conclu d'accepter, sans oublier un détail très important. 

-D'accord, c'est bon, emmène-moi. Mais avant, je dois absolument appeler ma mère pour éviter qu'elle fasse une crise comme il n'y a pas très longtemps. 

Je vis qu'A.J poussa un petit rire, pensant que je ne l'entendrais pas. 

-ça va, je vais m'occuper de l'appeler, m'offre-t-il. Je lui expliquerai ce qui t'es arrivé, si tu me le permets? 

-Euh... d'accord, si tu veux. 

Je n'étais pas trop certaine, mais si c'était un moyen pour « peut-être » rassurer ma mère un peu plus, je le laissais s'en charger. 

Remonter à bord de sa Ford F-150, ça me remémorait que des souvenirs. Autant de bons que de mauvais. Des souvenirs des randonnées que nous faisions ensemble ou encore cette fois où je l'avais aperçu avec sa copine en train de se bécoter comme si rien entre nous ne s'était passé. 

A.J m'avait aidé à monter à bord puis il avait déposé mon sac sur la banquette arrière. Il contourna ensuite le véhicule, toujours en marche depuis son arrivée, et venu prendre place du côté conducteur. 

De se retrouver seul à seul en sa compagnie, ça me faisait extrêmement bizarre, je dirais même un peu inconfortable. Ce moment était révolu, comme s'il y avait des années de notre rupture, en outre, j'avais le saisissement d'être replonger dans ce temps. 

À peine je posai les yeux sur lui, le silence régnant dans la voiture, A.J  se jeta sur mes lèvres et m'embrassa si éperdument que j'avais l'impression d'y voir Nick. Jamais il ne m'avait embrassé comme ça. Mais tout d'abord, comment osait-il m'embrasser ainsi? Après tout ce temps et après m'avoir fait souffrir, je croyais ne plus avoir d'importance pour lui...

Sa voix me ramena sur terre. 

-Taylor? 

-Quoi? Lui dis-je, tentant de paraître normal après cette vision incompréhensible que j'avais eu de nous deux.  

-ça va?

-Oui... excuse-moi. 

Je détournai mon regard du sien, voyant qu'il était perplexe. 

Il avait distingué quelque chose? 

Je ne savais tellement pas pourquoi une telle vision m'était venue à l'esprit. 

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