Chapitre 1 : À toi, mon fils...

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Avant de commencer, l'histoire se situe en Meuse, dans le village de Montsec. Voici une carte qui va vous permettre de savoir où se situt le village et les pricipaux lieux de l'intrigue : https://www.google.com/maps/@48.8821616,5.6896676,11.18z (coupié/ collé le lien sur un navigateur)

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Chapitre 1 : À toi, mon fils...

-Ne ratez surtout pas la finale de l'eurovision ce soir sur France 2 ! s'écria la présentatrice.

Exceptionnellement cette année, la finale de l’eurovision se déroulait un dimanche.

-Ce soir, je vous le dis, Bilal Hassani va gagner l'eurovision. Les autres candidats n'ont qu'à bien se tenir, s'exclama Clément Cugnach, tout en mangeant. J'y mettrais même ma main à couper.

Sa femme Joséphine n'était pas du même avis :

-Arrête de dire des bêtises et finis ton repas, ça va être froid sinon, gros béta.

Kevin leur fils aîné de 13 ans, ne put s’empêcher de rire. Quant'à Sophie, la cadette de la famille, aucun sentiment ne pouvais se lire sur son visage. Cette scène était le quotidien des Cugnach. À chaque repas, Clément disait des âneries et sa femme le corrigeait tout le temps. Il faut dire qu'ils avaient tout pour être heureux. Sophie était une fille brillante à l'école et avait de grands rêves : devenir un grand médecin et guérir le monde entier. Kevin, lui n'était pas très brillant à l'école, il tenait ça de son père, mais il était heureux et il voulait devenir plus tard comme son père, c'est-à-dire agriculteur. Il n'attendais plus qu'une chose, aller dans un lycée agricole et d'ici quelques années posséder sa propre ferme ou reprendre le domaine familiale. Joséphine, elle aussi, était heureuse. Bien que son boulot de secrétaire n'était pas le métier le plus passionnant à ses yeux, elle était comblée de voir ses enfants grandir et de les aider à arriver à leurs objectifs. Clément vivait sa vie de petit agriculteur et de chef de famille comme un cadeau du ciel. Lui qui s'était toujours débrouillé seul depuis la mort de ses parents lorsqu'il était encore enfant , il remerciait le Tout-puissant de lui avoir offert une seconde chance. Clément aimait bien rire, mais quand il fallait être sérieux ou que le sujet touchait à l'agriculture, il était un peu plus grave. Durant le repas, leur fils Kevin leur dit :

-Au faite, au collège, une dame et un monsieur m'ont convoqué pour me dire...

Joséphine ne laissa pas son fils terminer et s’écria :

-Ne me dis pas que tu as fait encore des bêtises, tu te souviens ce qu'on t'as dit Kevin, une seule autre convocation et tu ne travailleras pas avec papa durant l'été.

-Oui maman, je sais, mais laisse-moi finir. Je voulais juste dire qu'ils m'ont pris à l'écart, dans une pièce sombre et m'ont dit que ce soir, une météorite serait visible vers 21 h 30. Il faudra regarder vers le nord-nord-ouest. Et si vous n’êtes pas contre, j'aimerais aller la regarder dehors, j'ai fait la promesse de la regarder.

-Qu'est-ce que tu racontes encore, ils t'ont pris à part pour te dire de regarder la météorite ?

-Bah oui, je viens de te le dire, donc je peux aller la voir ? S'te plaît, s'te plaît.

-S’il n'y a que ça pour te faire plaisir.

-Et j'oubliais, ils m'ont aussi dit que je n'avais pas de chance d'être né meusien et que j'allais subir un drame dans pas longtemps.

-Le collège, c'est plus ce que c'était, ça devient du grand n’importe quoi, dit Joséphine. De mon temps...

-Oui on le sait déjà, chérie. Mais tout de même c'est bizarre, un drame ? Tu les avais déjà vues ces personnes-là ?

-Non jamais, mais ils ne semblaient pas méchants, ils m'ont même donné un cookie.

-S'ils t'ont donné un cookie, alors où est le problème ? Répondit Clément.

Pendant ce temps, la télévision fonctionnait toujours. Des pubs passaient mais la famille n'y prêtait peu attention. Toutefois, une pub qui passait fréquemment depuis plusieurs semaines les interpella, c'était une pub qui vous incitait à vous inscrire à un cours de danse, plus précisément toujours la même danse : la macarena. Clément s’exclama :

-Putain, ils commencent à nous faire chier avec leur pub de merde. On s'en fout de votre danse. On se la tape à chaque coupure. Demain, c'est décidé, j'écris une lettre au CSA !

-Laisse chérie, ça ne changera rien.

En effet, cette pub était devenue omniprésente à la télévision depuis plusieurs semaines. En tout cas, à Montsec, cette pub avait eu peu d'impact, aucun club de danse n'était présent dans un secteur proche. Faut dire que le village était petit.

Après le repas, Clément alla s’installer dans le canapé, il n'attendait qu'une chose : 21h00, début de la grande soirée de l'eurovision. Joséphine elle-même ne savait pas pourquoi il était tant enthousiaste à l'idée de regarder ce concours. Il répétait sans cesse qu'il était le plus grand fan de Bilal Hassani, le représentant de la France cette année. Sa chanson, Roi, l'avait peut-être touché au fond de lui. Ce qui était sur, c'était que Clément passerait une bonne soirée.

Kevin monta dans sa chambre finir ses devoirs mais son esprit était ailleurs. Il devait se remémorer les paroles qu'on lui a dit à l'école. Il mit ces questions de côté le temps de faire ces devoirs sinon sa mère ne le laisserait pas voir cette possible météorite. Il mit même une alarme pour être sûr de ne pas la rater.

Il était maintenant 21h, Clément était prêt. Un drapeau avec la tête de Bilal et l'autre main libre afin de piocher dans un paquet rempli de cookies au chocolat comme il les aimait. Le concours commença. Clément était excité tel un enfant devant des bonbons. Sur le planning, le représentant français devrait normalement passer à 21h35. Plus que quelques minutes avant qu'il entre sur scène. Joséphine était assise à côté de son mari.

À 21h20, Kevin alla voir sa mère pour sortir dehors. Cette dernière n'avait aucune raison de refuser. Il fit bien attention à ne pas faire de bruit afin de ne pas déranger son père, c'était la dernière chose qu'il aurait pu avoir envie de faire. Comme il ne savait pas où était le nord-nord-ouest, il s'amusa à tourner sur lui-même afin d'être sûr de ne pas la rater.

À 21h30, ce qui devait arriver arriva et une espèce de boule bleue lumineuse suivie d'une traînée bleuâtre fonça droit vers la Terre. Kevin la trouva magnifique. Sa mère, qui était secrètement sortie pour l'observer, ne vit seulement qu'une météorite. Elle ne comprenait pas l'enthousiasme de son fils pour ça.

Une minute après, la boule disparut, s'était-t-elle écrasée ? Ni Kevin, ni Joséphine ne le savaient. Cette dernière dit :

-Maintenant que tu l'as vue, tu vas me faire le plaisir d'aller te coucher. N'oublie pas que tu as école demain. Tu as bien fait tes devoirs ?

-Oui maman. Je vais tout de suite...

Mais Kevin ne put terminer sa phrase. Il sentit un pincement au cœur, non pire, on semblait lui écraser son cœur ! Sa mère accourut vers lui, pour l'aider. Au même moment, une lumière bleue verticale apparut non loin dans le ciel et Kevin, en la regardant, sembla aller mieux. C'était comme si cette lumière l'avait soigné. Pendant qu'il se relevait, un cri provenant de la maison fit sursauter la mère et son fils. Kevin allait mieux, sa douleur n'avait été qu'instantanée. Mais dans la maison, un autre drame était arrivé. C'était le père qui avait crié. En effet, la retransmission s'était interrompue brusquement. Lui, qui avait attendu depuis plusieurs mois que ce soir arrive, était abattu, anéanti, éffondré. Joséphine rentra pour tenter de le consoler :

-Après tout, ce n'est pas la fin du monde.

Ces mots résonnèrent dans la tête de Clément, il réalisa qu'il prenait peut-être trop à cœur ce concours qu'il qualifiait naguère de passionnant. Surtout, si ça se trouvait, ce n'était qu'une simple coupure de courant, après tout, ils habitaient dans un petit village reculé de la Meuse.

Kevin, toujours dehors, était comme hypnotisé par cette lumière bleue ancrée dans le ciel. Joséphine demanda à son fils de rentrer pour ne pas attraper froid et puis surtout qu'il aille se coucher car il avait cours le lendemain. Elle avait un mauvais pressentiment. Une fois Kevin au lit, elle ressortit pour observer le ciel mais elle ne vit rien. Pourquoi Kevin était-il hypnotisé par le ciel alors que rien d'anormal s'était produit ? Après tout, c'était juste une météorite, pensa-t-elle. Elle alla se coucher en espérant que demain soit meilleur. Clément avait un peu mal à la tête, il prit un doliprane et alla se coucher.

Pendant la nuit, Clément fit un rêve. Il voyait une forêt de grands arbres. Il aperçevait une petite ombre qui semblait fuir un danger, puis plus rien. Il se réveilla. Ce n'était rien qu'un rêve se dit-il. Il jetait un coup d’œil au réveil, il était 4 h 50. Il se rendormit aussitôt.

Le lendemain matin, tout se passa comme d'habitude, chacun se réveilla de son côté. Tout le monde connaissait sa routine. Cependant, un détail interpella l’aîné. Alors qu'il regardait dehors, dans le ciel, à un endroit précis, un bleu identique à celui de la veille se profilait à l'horizon. Joséphine dit alors :

-Clément, notre fils devient fou, il voit des lumières dans le ciel. Il faut aller consulter...

-Je la vois, répondit d'un coup sec Clément.

La cadette alla voir à la fenêtre et elle vit également la lumière. Seule Joséphine ne la voyait pas. Alors qu'une incompréhension gagnait le domicile, Clément essaya d'allumer la télé, mais il n'y avait toujours pas d'électricité. Étonnant trouva-t-il, bien que la situation géographique ne soit pas le plus adaptée afin d'avoir de l'électricité 365 jours par an, c'était la première fois depuis 10 ans qu'ils étaient à Montsec qu'une telle tragédie arrivait. Mais bon, les Cugnach n'allaient pas laisser une coupure de courant perturber leur quotidien. Les enfants et Joséphine allèrent à Commercy, une ville d'environ 6000 habitants, beaucoup plus grande que le petit village de Montsec, pour étudier et travailler.

Alors qu'ils étaient partis, Clément se retrouva comme tous les jours de la semaine, seul à la maison. En même temps c'était normal, Clément était un homme au foyer. Enfin c'était une blague qu'il aimait faire à ses amis avant. La quarantaine maintenant passée, Clément était un homme mûr, même si les années commençaient à le gêner petit à petit dans son métier bien physique. Il avait un petit domaine certes, mais c'était sa fierté. Les heures passèrent et il n'espérait qu'une chose, revoir sa petite famille au complet. D'ordinaire, ils rentraient vers 17h45, mais ce soir, pensa-t-il, Joséphine devait très certainement aller voir le professeur de Kevin pour découvrir qui étaient ces inconnus ayant parlé à son fils. En attendant, il continuait à travailler.

Mais à 17h30, il entendit un cri, un cri de joie, l'électricité était revenue. Ce cri, c'était très certainement Hugues, un ado qui passait toutes ses journées devant son ordinateur, il était déscolarisé. Ni une, ni deux, Clément se précipita sur la télé afin de voir le vainqueur de l'eurovision; et si Bilal avait gagné après tout ? Mais lorsqu'il arriva sur une chaîne d'information, son visage se figea. Les journalistes montraient des images apocalyptiques venant de toutes les villes du monde, Mexico, Islamabad, Beijing, Le Caire, aucun pays ne semblait être épargné. Les journalistes conseillaient, via un communiqué gouvernemental, de gagner au plus vite les grandes villes, surtout pour les habitants des campagnes car "des incidents majeurs pourraient arriver" Mais quelque chose alerta Clément, pourquoi la vie continuait-elle son cours à Montsec ? Mais au diable cette pensée, Commercy était peut-être en proie à toute cette furie. Il décida de s'y rendre en voiture pour en avoir le cœur net, il était resté plusieurs minutes devant la télé, abasourdi et effrayé par ces images, mais eux n'étaient toujours pas rentrés. Il avait remarqué des soldats de l'armée française en plein Paris. Une guerre d'accord, mais contre qui ? Tout en allant vers sa voiture, tout un tas questions ne le quittèrent pas. Il tourna la clé pour lancer le moteur, il enclencha la première et il partit en direction de Commercy pour aller sauver sa famille.

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