Chapitre 2 : Les bruits de l'ombre
Les premières nuits dans l'appartement furent loin d'être reposantes. Maël se réveillait plusieurs fois, le cœur battant sans qu'elle puisse en identifier la cause. Tout semblait calme en apparence, mais une angoisse sourde la tenait éveillée. Elle se persuada que c'était normal, qu'il fallait du temps pour s'habituer à un nouvel endroit. Mais cette explication ne lui suffisait pas. Quelque chose semblait la guetter dans l'ombre, et cette sensation ne la quittait jamais complètement.
Un soir, alors qu'elle tentait de se détendre devant un film, un bruit sec interrompit son attention. Elle baisse le volume et tendit l'oreille. Des pas. Carêmes et réguliers, venant de l'étage supérieur. Elle se figea, l'angoisse lui serrant la gorge. Son premier réflexe fut de vérifier qu'elle avait bien verrouillé la porte d'entrée. Tout était en ordre. Peut-être un animal ? pensa-t-elle. Mais ces pas là, si distincts, si humains, ne pouvaient pas être ceux d'un simple rongeur.
Les sons continuèrent, résonnant sur le vieux parquet sous les combles. Puis, un craquement, plus fort cette fois, provenant de l'escalier. Maël sentit une sueur froide lui couler dans le dos. Elle éteint la télévision et reste immobile, sa respiration réduite à de courts souffles. Le silence s'installe, lourd et oppressant, comme une menace invisible durant de longues minutes. Les marches de l'escalier grinçaient sous ses pieds tandis qu'elle montait. La lumière du couloir, vacillante, peinait à éclairer les angles sombres. À l'étage, tout semblait intact. La petite chambre était vide, le lit recouvert de la housse qu'elle n'avait pas encore retirée. La salle de bain, minuscule, était plongée dans une obscurité oppressante.
Elle se force à ouvrir chaque porte, à vérifier chaque recoin. Rien. Pourtant, cette sensation de malaise persistait. Elle redescendit précipitamment, son cœur battant à tout rompre, et verrouilla la porte de sa chambre derrière elle. Cette nuit-là, elle dormit mal, à peine quelques heures entrecoupées de sursauts. Au matin, elle se sentit vidée, comme si l'appartement lui avait absorbé toute son énergie.
Les nuits suivantes furent pires. Entre trois et cinq heures du matin, elle était systématiquement réveillée par ces bruits de pas. D'abord légers, ils devenaient plus lourds, comme si quelqu'un descendait lentement l'escalier. Parfois, elle croyait entendre un souffle, ou des murmures étouffes. Une nuit, elle se force à rester éveillée, espérant surprendre l'origine de ces bruits.
Mais lorsqu'ils commencèrent, elle sentit son courage vaciller. Les pas s'arrêtèrent au pied de l'escalier. Puis, un ricanement aigu, presque enfantin, déchira le silence. Maël resta pétrifiée, incapable de bouger, Mais comment expliquer cela ? Elle ne connaît personne dans cet immeuble. Et même si c'était un voisin, pourquoi s'introduirait-il chez elle ?
Le matin venu, elle se sent ridicule d'avoir tant paniqué. Mais la fatigue s'accumulait et cette ambiance oppressante commençait à peser lourd sur ses nerfs. Elle décide de se confier à une collègue, en espérant trouver une oreille compatible ou une explication rationnelle. Mais lorsqu'elle mentionne les bruits et les rires, sa collègue fronça les sourcils.
— Tu es sûre que c'est pas... ton imagination ? Parfois, les vieux bâtiments... ça peut faire des bruits bizarres, tu sais. Maël acquiesça, mais au fond d'elle, elle savait que ce n'était pas une simple histoire de «bâtiment qui vit ». Quelqu'un a choisi de partager cet espace avec elle, et ce quelque chose ne voulait pas d'elle ici
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