Un seigneur peu ordinaire ?

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Les pas se sont arrêtés tout à coup, comme si les révélations du patriarche avaient sidéré Tin.

- Mais c’est à deux pas d’ici non ? Nous avions eu une opération avec Mathias au début de notre entrée dans l’armée je crois. Le royaume n’est pas vraiment en bonne entente avec le leur.

- C’était l’opération pour le guet-apens contre l’impératrice non ?

La voix rauque de Jonas se fit entendre dans le bureau de son fils, une voix pleine d’orage.
Jonas était un des grands défenseurs de l’impératrice de l’empire d’Astril, c’était un grand ami à elle mais surtout c’était une grande Sokl, la plus puissante de l’Histoire du royaume. Là où habitait la famille se divisait en plusieurs parties. Il y avait le village où ils résidaient, Hiisop, à l’intérieur du Royaume d’Omnège, dirigé principalement par le mari de l’impératrice Lexan car c’était le royaume natal de la jeune femme, et enfin il y avait l’empire. N’étant qu’une simple Reine à la tête de son royaume, elle avait récupéré le trône de l' empereur tortionnaire durant une révolte pour y investir son pouvoir. A présent de nombreux royaumes se trouvaient sous sa coupe et la plupart s'entendaient bien avec l’empire qui s’étendait de plus en plus. Le Palais royal se trouvait non loin du village qui n’était en fait qu’à la périphérie de la cour royale mais le palais impérial quant à lui était un peu plus loin, à une dizaine de kilomètres.
Bien entendu, la plupart des Jiklo ne connaissait pas la particularité de ce seigneur que beaucoup vénérait.

Et les Ziny me direz-vous ? Ces personnages eux, qui se doutaient des pouvoirs de leur directrice n’oseraient jamais se mesurer à elle. Ils ne s’attaquaient qu’aux plus faibles des Sokl par peur de représailles. La souveraine étant d’une puissance sans nom elle inspirait la crainte de ceux qui voulaient la défier, elle ou son peuple. Ce seigneur qu’on nommait aussi Lexan Yvans, était une puissante personne, sa famille régnait sur le royaume depuis plusieurs générations avant qu’elle n’accède à un rôle plus important encore. Son charisme et sa justice imposait une grande droiture de ses sujets, même les plus réticents finissaient par s’y plier. C’était une femme d’une très grande beauté, selon les dires de son père, elle possédait de longs cheveux bruns et des yeux d’un verts étincelants. Son visage était d’une finesse qui représentait son caractère sérieux, sa bouche charnue ne restait presque qu’exclusivement clause sans esquisser le moindre sourire. Selon le père de Rina c’était comme pour imposer sa place au sein de ce monde quelque peu... masculinisé. En dehors de sa beauté et de son corps élancé, c’était une femme remarquable que tout le monde admirait dans l’empire pour sa droiture.

Elle menait son territoire d’une main de maîtresse. Grande guerrière, elle n’hésitait jamais à se lancer à la tête de ses troupes pour protéger son peuple. Elle ou son mari pratiquaient presque eux-mêmes la moitié de tous les procès les plus importants pour s’assurer que c’était fait d’une manière équitable, sans corruptions ni injustices. C’était une grande justicière, féministe et défenseuse des droits de tous.
Bien entendu il y avait des ententes contre celle que beaucoup considérait comme illégitime au trône. C’était bien entendu une femme, une femme qui succédait à son père décédé. Le seigneur Rodric Yvans. Ce roi fut un seigneur très bon malheureusement il fut tombé au combat quand sa jeune fille n’eut que douze ans. Elle ne fut en aucun cas une orpheline, non, la future reine avait aussi une mère et un frère aîné.

Sa mère, Morgann Yvans, fut une grande Reine mais dans une durée qui ne fut qu’éphémère.
Un drame de plus s’abattait sur la famille royale, seulement trois ans après que le Roi ne fût tombé. La Reine tomba à son tour sous une maladie rare et peu connue à l’époque, la maladie d’Alzheimer. Le verdict du médecin familial avait été clair, elle périrait dans le contre coup de cette maladie dévastatrice. Meurtrie, la jeune Reine voulait préparer sa succession avec minutie avant de périr.

En premier lieu, elle s'était tourné vers son fils aîné, par légitimité, Arnold Yvans. Il avait dix-sept ans et il avait décliné ce futur qu’il ne désirait en aucun cas.

- Pourquoi ?

C’est la question que lui avait demandé sa mère. Le jeune homme avait alors répondu qu’il n’était pas fait pour ça qu’il serait un roi exécrable, non pas qu’il serait méchant envers son peuple mais surtout très maladroit. Il préférait s’éloigner de cette profession pour se concentrer sur ses études et devenir instituteur, cependant il savait que sa petite sœur, Lexan, deviendrait une Reine d’exception et avait donc chaudement recommandé sa candidature auprès de leur mère qui avait essayé de le convaincre de prendre de multiples cours pour apprendre le dur métier de souverain. Elle avait été songeuse de cette mise en perspective, sa fille n’avait alors que quinze ans. C’était encore un très jeune âge mais elle voulait tenter le coup, elle n’avait guère le choix.

La Reine avait donc plié sa jeune fille sous le commandement d’une adjudante en chef pour qu’elle lui apprenne les bases pour devenir une grande guerrière, sans trop de surprise, Lexan avait largement dépassé toutes les attentes de sa mère. A la fin de cette année, la Reine succomba de sa maladie à seulement trente-quatre ans. La passation de pouvoir se passa dans un sentiment de deuil et de tristesse qui déchira le royaume tout entier.
La jeune Reine, Lexan, ne s’était pas laissé abattre pour autant. Elle avait une tutrice pour l’aider, une femme avec une poigne de fer qui pouvait diriger le monde entier, mais la nouvelle reine n’en eu pas besoin. C’était déjà une jeune femme d’ambition, une personnalité mordante combiné à un stratège démesuré, le parfait bagage d’une Reine-guerrière d’exception.

Depuis cette triste période, la jeune Reine de l’époque avait su charmer tous les sceptiques de son trône et contre toutes attentes, même une partie des Ziny avaient commencé à estimer la légitimité de son rôle au sein du Royaume. Elle avait gagné de multiples guerres pour élargir son territoire tout en évitant à tout prix la famine et la pauvreté dans ses terres glaciales. C’était une Reine qui avait un grand cœur par définition. Durant l’année de ses 20 ans une révolte avait éclatée dans l’empire, l’empereur Hayek, Ziny sur la fin de son règne, qui était au pouvoir devenait de plus en plus tyrannique envers son peuple et celui-ci n’avait pas tardé à éclater. A ce moment-là le Royaume d’Omnège était particulièrement en relations tendues avec le dirigeant suprême alors il n’avait pas hésité à se dresser contre lui avec le reste de l’empire. Cet empereur avait péri à la fin d’un combat contre Lexan elle-même et depuis, il était impossible de trouver un de ses portraits dans l’empire, même son prénom était inconnu durant son règne car tout le monde le nommait par son nom de famille ou par son surnom peu flatteur, « Le sanglant ».

Après la guerre qui dura deux années, par les actions faites par la jeune Reine et l’accord du peuple, elle était montée au rôle d’impératrice. A présent elle avait vingt-quatre ans et elle était mariée depuis seulement deux ans, dans la royauté c’était nouveau car ce mariage s’était fait tardivement si on comparait cela aux coutumes. Son mari était un certain Oek Yvans qui avait vingt-six ans. Celui-ci avait dû prendre le nom de famille de sa femme car c’était lui la « pièce rapportée » et non elle. C’était encore une des traditions, de naissance il se nommait Oek Pijno.

C’était un homme imposant par sa prestance, grand, avec des cheveux bruns et des yeux sombres, sa carrure imposante laissait place à un guerrier renommé surtout qu’ils s’étaient connus sur le champ de bataille. Quand le jeune couple s’était marié, le jeune homme avait pris la place de Roi. Le siège était occupé par l’impératrice qui s’efforçait de remplir ses deux rôles aux mieux mais quand le peuple à affirmer par un vote vouloir ce roi qui semblait aussi bon qu’elle, elle avait cédé. A présent il avait davantage le titre de roi que d’empereur mais il se remettait très souvent à sa femme pour des affaires qu’elle connaissait bien plus que lui. Selon les dires de la cour, ils habiteraient tout de même ensemble. Le palais impérial n’était qu’à une dizaine de kilomètres du palais royal alors il était aisé pour eux de ne pas être trop éloignés. Ce couple ne laissait place à aucun envieux, il était constitué d’un amour sincère et combatif, tous deux dirigeaient un territoire avec une aisance inouïe.

Rina secoua la tête pour ôter ses pensées invasives sur le couple impérial pour se concentrer sur ce qui se passait dans la petite pièce.

- Oui c’est ça, on venait d’arriver. A l’origine on nous avait envoyé là-bas pour soi-disant nous entraîner, mais c’était une véritable mission suicide.

- Je me souviens oui, les hauts dirigeants pensaient sa majesté l’Impératrice perdue, haha ils l’a sous estiment tellement !

Rina entendit sa mère rire avec plaisir, l’impératrice était très proche d’elle et elle lui rendait souvent visite. Jeanne s’amusait de voir que beaucoup pensait que la souveraine n’était pas assez habile pour parvenir aux bons soins de son empire aussi étendu soit-il.

- Enfin bon revenons à ce que je commençais d’expliquer si tu veux bien Tin ?

- Je t’en prie Papa.

- Donc comme je disais ça se passe dans le village de Vigri, un village qui tu le sais est assez colossale en termes de superficie et il est assez compliqué d’y accéder par le fait qu’il est logé dans des montagnes abruptes. Nous avions donc avec ta mère une mission, retrouver une grotte qui servirait de repère à un dangereux malfrat qui rôde depuis quelque temps mais…

- Mais arrivés là-bas trois dingues nous sont tombés dessus. Des Ziny si tu veux mon avis Tin.

- Comment peux-tu en être sûr ?

- Tu permets que je termine Jeanne ?

Le ton impatient du patriarche avait détruit en morceau la question de son fils. Il allait peut-être en parler plus tard.

- Écoute tu mets trop de temps Jonas, un rapport d’accord mais ce n’est pas le commandant Plyn, je pense que nous pouvons faire une exception pour une fois.

Le bruit des pas sur le sol indiquait à Rina que son père s’était déplacé et que à présent il devait regarder sa femme.

- Ma foi, je pense que c’est bâclé mais bon.

Rina se positionna d’une meilleure façon pour être plus à l’aise. Combien de temps cet entretien allait-il durer ?

- Vous ne m’avez pas dit ce que vous attendez de moi avec ça et surtout. Je vous le redemande. Comment pouvez-vous être certain que c’était un Ziny ?

- Nous sommes certains de cela car son regard était tout sauf amical en nous rencontrant, et les sorts qu’il lançait aussi. De plus nous n’attendons qu’une seule chose de toi mon grand.

- Quoi donc Maman ?

Tin avait assimilé les affirmations de sa mère, ça paraissait logique, un silence pesa sur la pièce, Rina cru avoir une crise de surdité tant le silence était lourd et pesant.

- On veut que tu éloignes ta sœur.

Le verdict tomba comme une sentence, que se passait-il ?

- Que... quoi ? Mais pourquoi ça ? Elle n’est plus en sécurité ici ?

La jeune femme sentie le sol se dérober sous ses souliers, pourquoi vouloir la chasser ? Elle fut perdue et elle ne faisait pas le rapport avec son projet en construction. Elle entendit le souffle de son père et sa lourde voix donner des explications à son fils. Si on se fiait au ton de son père, tout indiquait qu’il semblait horrifié de faire cela.

- En soit, si. Elle pourrait rester ici, mais elle-même a d’autres... préoccupations. Nous craignons que cette personne la trouve et ça serait catastrophique. Elle est douée pour se défendre mais sait-on jamais l'étendue des pouvoirs qu’il pourrait avoir.

- Comment ça ? Pardonnez-moi mais je ne vous comprends absolument pas. Le connaissez-vous ?

- Nous devons le connaître mais nous n’arrivons pas à voir son visage à chaque altercation et ta sœur veut partir en Econne voilà. Nous pensons qu’elle pourrait par le même moyen garder sa sécurité.

- En... Econne ?

Voilà, elle l’avait dit, elle en avait parlé à son père durant le repas comme elle l’avait songé et à présent Tin avait une voix emplie de tristesse, par sa faute, son cœur se serrait à cette perspective.

- Mais c’est si loin... elle ne peut partir si loin sans la moindre protection si ce malade est dans la nature surtout avec…

- Zluna n’est pas un facteur à prendre en compte crois moi.

Rina porta sa main à sa bouche aux mots de sa mère, elle se releva, elle avait peur de ce qui allait se dire, que vont-ils faire d’elle ?

- Bien sûr que si maman, elle ne peut partir si loin sans savoir comment dompter ce démon qui la brûle ! Dois-je te rappeler ce qui s’est passé hier ?

- Tin ne t’énerve pas ainsi contre ta mère, tout est réfléchie, laisse-nous le temps de nous expliquer veux-tu ? Ce n’est en aucun cas un bon comportement militaire cela jeune homme, garde ton sang-froid.

- Le comportement militaire n’a pas lieu d’être dans cette demeure, encore moins si un de nos membre cours un grave danger, en l’occurrence là c’est totalement ce qui se passe.

- Tin. Maintenant tu vas écouter sans discuter d’accord ?

Des bruits de pas résonnaient sur le sol, la voix douce de la mère de famille s’était durcie considérablement pour se faire entendre et écouter par son fils aîné. Au seul ton de la voix de Tin on sentait qu’il était grandement impacté par la nouvelle, il semblait mort de peur à la perspective que sa sœur parte aussi loin de lui et il semblait prêt à tout pour empêcher cela.

- Vu que tu ne fais pas attention à ce que nous nous te disons, tu vas peut-être écouter ses motivations à ELLE. Rina ? Entre.

- Ri... ?

Tout à coup la porte s’ouvrit devant la jeune fille, les deux autres individus s’étaient retournés pour la regarder interloqué de sa présence ici. Depuis combien de temps Jeanne savait que sa fille était là ? Elle s’avança dans la pièce, honteuse de s’être fait repérer si facilement, elle n’osait même pas regarder Tin dans les yeux.

- Saches que rien ne m’échappe dans cette maison Rina et depuis quand t’amuses-tu à faire les enquêtrices du dimanche ? Nous ne sommes pas dans un de tes romans jeune fille.

Le regard de Jeanne était dur sur sa fille, ne sachant où se mettre la jeune fille aurait voulu se métamorphoser en petite souris pour disparaître dans un petit trou du plancher.

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