Épilogue, deux ans plus tard

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— Rina passe-moi ma cravate !

— Viens là que je te la noue.

 Tin ne tenait pas en place, il en était infernal.

— Elle ne va pas venir Rina, je ne le sens pas, elle va m’abandonner devant l’autel.

— Mais qu’est-ce que tu racontes ? Arrête tu es pénible à t’agiter ainsi je n’y arrive pas.

 La jeune fille leva les yeux vers son frère et elle vit que son regard brillait intensément, elle échappa un rire en glissant son pouce sur sa joue pour enlever les gouttes qui perlaient sous ses yeux verts.

— Elle va venir tu verras, vous êtes ensemble depuis si longtemps, elle t’aime.

— Mais regarde-toi, ça n’a pas tenu après beaucoup de temps.

— Tin.

— Merde désolé.

 Il l’a prise dans ses bras pendant qu’elle s’efforçait à respirer profondément pour ne pas céder, c’était un jour heureux.

— Ce n’est rien, tu as ta broche ?

— Maman me l’a donné tout à l’heure, accroche-la-moi s’il te plait.

 La broche sertie de pierres rouges et bleus représentait le blason de la famille Grintofk ainsi que les Sokl en eux même. Il avait la fleur de lotus au centre de l’étoile cardinal, la représentation du manoir et une petite étincelle, en bas à gauche du bijou. Elle l’accrocha délicatement sur le haut de son magnifique costume qui lui allait à ravir.

— Je suis sûr qu’elle sera magnifique tu sais ? Elle est magnifique ma femme.

— Future.

 Elle le taquinait mais son cœur fondait devant l’amour qu’éprouvait son frère, il était heureux et c’est tout ce qui lui fallait.

— Tu es beau comme un cœur.

— Merci petite sœur, tu verras, un jour tu trouveras ta propre perle.

— Je l’ai eu.

— Mais pas la vraie.

 Elle hocha la tête, pour l’instant elle était bien toute seule, elle faisait un deuil long et douloureux mais elle avait la chance d’avoir les siens à ses côtés à chaque moment de sa vie.

— Je vais chercher maman pour qu’elle t’amène à l’autel, à tout à l’heure et pleure autant que tu peux sinon tu vas avoir affaire à elle !

— Je sais !

 Elle lui déposa un baiser sur le front avant de s’en aller, elle faisait presque sa taille avec ses talons hauts. Elle adressa un clin d’œil à son frère avant de sortir de la petite pièce pour partir à la recherche de sa mère.

— Ah maman tu es là, Tin t’attends.

— Merci chérie.

 Elle alla dans le sens d’où Rina venait, sa mère était atrocement nerveuse, son premier bébé se mariait, ça lui faisait tout drôle. Elle eut un sourire en pensant au conseil qu’elle avait donné à son frère, un jour Mia avait juré que s’il ne pleurait pas quand elle arriverait à l'autel, elle lui lancerait des oignons à la figure et recommencerait son entrée. Au début tout le monde avait rigolé mais la connaissant Tin avait pris peur et notait sa menace très au sérieux.

— Comment va-t-il ?

— Il va faire un malaise.

 Mino et Rina se moquaient de leur frère quand une petite voix se fit entendre juste à côté d’eux.

— Riya, Riya.

 Une petite fille venait d’accourir et tenait à présent la jambe de Rina très fermement, une petite fille aux cheveux rouges et aux yeux marrons-verts.

— Coucou Charlie !

 La jeune femme avait à présent vingt ans et elle commençait à aller mieux, c’est même avec un grand sourire qu’elle prit le bébé dans ses bras.

— Je te laisse, Maria avait besoin d’aide.

— À tout à l’heure.

 Du haut de ses dix-huit ans, Mino était un magnifique jeune homme, il tenait énormément à Maria, ce qui avait le don de la faire sourire. Il lui avait embrassé le front avant de partir dans la cuisine du grand manoir.

— Tu as réussi à faire tourner tes parents en bourrique mon cœur ?

 Elle frotta son nez contre celui de l’enfant pour la faire rire avant d’entendre les exclamations des parents de sa petite protégée.

— Angel chérie tes chaussures !

— Bah ça va, c’est qu’un mariage, j’ai le droit de pas les mettre !

— Ce n’est pas qu’un mariage ! Je t’avais dit oui pour les nus pieds au nôtre mais même si on ne vit plus à Edim à temps plein, tu restes l’envoyée de l’Empereur et une Duchesse, l’Impératrice est là en plus !

 Jessy tournait en rond, vraiment démoralisé face à l’attitude d’Angel qui n’en avait vraiment rien à faire, mais tout à coup, il s’arrêta encore plus paniqué.

— Angel ? Tu as vu Charlie ?

— Quoi ? On l’a encore perdu ! C’tte gosse j’te jure que je vais en faire des confitures !

 Avant de commencer à courir dans tous les sens, ils virent Rina et leur enfant que quelques secondes après avec un grand soupir de soulagement.

— Merci Rina, je ne sais pas ce qu’on ferait sans toi.

— Mais de rien, vous n’avez pas eu de soucis pour venir ?

— Du tout, d’ailleurs Jane arrive avec Théobald dans pas longtemps, ils sont en pleins travaux alors ça prend un peu de temps, en plus ce sont bientôt les sept ans de Jimmy.

— Pas de soucis, allez-vous asseoir, j’arrive.

 Beaucoup de choses avaient changé en deux ans. Angel et Jessy s’étaient mariés peu de temps à la suite de leur arrivée et la petite Charlie était arrivée très rapidement. Ils avaient investi dans une maison à Hiisop et une autre à Edim selon là où ils étaient. La famille de Rina avait appris à connaitre celle de Théobald et ils étaient devenus de très bons amis, ils avaient par ailleurs racheté la maison secondaire inutilisés des Grintofk quelques mois auparavant et Théobald dirigeait l’entreprise de sa famille avec sa femme depuis la mort de son cousin. Quant à la famille de Lyria, Rina recevait des lettres de temps à autre après un silence radio de plusieurs mois suite à la mort de la jeune femme.
 Autour de Rina tout bougeait, tout le temps. Les familles s’agrandissaient, s'unissaient et elle restait dans un brouillard qu’elle parvenait à peine à sortir mais elle avait confiance en l’avenir. Tout ne serait pas toujours noir.

— Quel bébé celui-là !

— Pourquoi maman ?

— Il pleure depuis une demi-heure, quand je lui ai dit qu'il ne fallait pas prendre sa menace au sérieux, il m’a dit qu’il ne le faisait pas exprès, qu’il était trop heureux. Regarde sa tête !

 Rina explosa de rire, son frère était devant l’autel et il avait le visage tout rouge et les yeux gonflés par les larmes, elle entendit même Mia rire de l’entrée du jardin en voyant son fiancé.

— J’étais sûr que tu allais pleurer !

— Je ne sais pas ce qu’on va en faire de celle-là.

— On va en voir de toutes les couleurs avec eux !

— Je ne te le fais pas dire.

 Et c’est après un fou rire, un pouce passé sur des joues rougies et un baiser que Rina s’autorisa à pleurer de bon cœur.


À suivre…

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