Pied à terre

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Cela faisait maintenant trente jours qu'ils avaient mis pied à terre, et Druss commençait à s'impatienter. Les travaux sur le chantier naval n'avançaient pas, ou du moins pas assez vite à son goût. Il n'attendait qu'une chose, reprendre la mer. Le temps lui parraissait toujours long quand il ne naviguait pas.

Ce goût pour la navigation venait sans doute du fait qu'il avait grandi sur un bateau. Arraché à ses parents par des guerriers Skavel lors d'un pillage. Alors qu'il aurait dû être fait esclave ou bien tout simplement éliminé, un capitaine de l'armée, le prit sous son aile, s'occupant de lui comme il s'était auparavant occupé de son fils mort subitement de maladie.

Les Skavel étaient des marins qui vivaient de raids, de pillage et de complots. Ils ne mangeaient jamais en excès et étaient toujours en action, ramant ou combattant. Aussi, le petit garçon grassouillet qu'il était au moment de sa capture avait-il peu à peu cédé la place à un jeune homme mince et élancé.

Comme tous les Skavel de son rang, il portait la barbe courte et les cheveux longs. Aujourd'hui, bien qu'ayant encore quelques très vagues souvenirs de son ancienne vie, il se considérait comme Skavel à part entière, et il ne rechignait jamais au travail. Il avait accepté d'effectuer toutes les tâches, de la plus basse besogne aux missions les plus périlleuses, et c'est ainsi qu'il réussit à se faire accepter de tous, et finalement il devint lui même capitaine d'armée, comme le fut son père adoptif.

Il avait la réputation d'être un capitaine rude mais juste, hardi au combat doué pour la politique et pour les choses de l'amour qu'il considérait comme très proches. Très avare de paroles, il n'avait pas cette capacité d'arranguer ses hommes par des mots guerriers et puissants, et il savait que cela lui faisait défaut, mais sa présence dans les combats suffisait souvent à transcender ses hommes et à leur donner le courage et la hargne nécessaire pour se battre et vaincre leurs ennemis.

Ses hommes montraient un réel respect pour lui et nul ne remettait jamais en doute sa parole. Ses yeux perçants les pénétraient et les transcendaient. Son habileté au combat l'avait sorti de bien des situations délicates ou d'autres auraient sûrement perdu la vie. Quand il se préparait à combattre il n'enfilait qu'un fin plastron de cuir pour se protéger. Son corps portait quelques cicatrices, souvenirs de combats difficiles mais victorieux. Son visage en revanche avait toujours était épargné, Druss ne souhaitait pas être défiguré, il savait que son physique était avantageux, et il aurait préféré perdre la vie que de se voir défiguré par une cicatrice.

L'équipage de Druss avait accosté sur une île soumise aux Skavel, l'île d'Em, après avoir navigué plusieurs mois et affronté de nombreux ennemis. Chaque bataille fut remportée avec une plus ou moins grande facilité et la calle se remplissait chaque fois un peu plus d'or, de bijoux et divers trésors. Finalement, Druss dut reconnaître que son navire avait souffert des batailles menées et la calle étant bien remplie il décida de rejoindre l'île la plus proche. Les premiers jours, il écuma les tavernes et les bordels pour passer le temps et célébrer ses victoires. Mais les jours passant, il se lassait, et sa bourse se vidait. Bien qu'il ait ramené un trésor presque incalculable, cette fortune ne lui appartenait pas, elle appartenait aux Skavel, et il ne vivait que grâce à sa paie de capitaine.

A présent il voulait simplement reprendre la mer, et le plus tôt serait le mieux pour tout le monde. Quand il était à terre, des bagarres finissaient toujours par éclater. Il n'avait pas que des amis sur les îles, et certains le jalousaient plus ou moins secrètement. Il avait survécu à une dizaine de tentatives d'assassinat, mais ne parvint jamais à savoir qui était à l'origine de ces essais infructeux. Cela le faisait vivre sur ses gardes, et l'avait rendu plus dur encore, certains le pensant même sans coeur, incapable d'aimer. Et pourtant, il avait aimé par le passé, mais cette femme lui avait été arraché, le plongeant dans une tristesse insondable. Le Druss qu'il était alors était mort ce jour là, et il le savait. Aussi s'était il promis de ne jamais plus aimer une autre personne que Paëtus, la déesse de la mer, la seule qui ne l'avait jamais trahi.

Un matin, alors que le soleil était déjà haut dans le ciel, la tête lourde de l'alcool avalé la veille, il se rendit au chantier naval et y inspecta son navire L'ombre de l'eau. Les réparations étaient presques achevées, dans trois jours lui et son équipage pourraient reprendre la mer, quitter cette île et voguer vers de nouvelles batailles, vers d'autres trésors qui n'attendaient qu'eux. Mais il ne savait pas que pendant ctrois jours, il lui faudrait survivre à un complot qui visait à l'éliminer.

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