Chapitre 1

17 minutes de lecture

  -Ma puce il faut que l’on se dépêche, la soirée commence à 20h, il nous reste une demi-heure pour nous y rendre et je ne voudrais pas faire mauvaise impression en arrivant en retard. Je te rappelle que ma patronne est très à cheval sur la ponctualité.


  -Arrête de me stresser, j’ai pas besoin que tu en rajoutes. Je suis déjà mal à l’aise avec cette robe que tu m’as obligé à acheter. Toi ça te gênes pas tu es habitué au costume, moi je me sens presque nue avec aussi peu de tissu sur moi. Rappelles-moi en quoi c’est indispensable de découvrir mes jambes et d’avoir un tel décolleté pour l’avancement de ta carrière ? Parce que moi je ne vois pas.


  -Tu te doutes bien que mon appréciation ne dépend pas de ton apparence, mais j’ai choisi cette robe car la plupart des femmes qui seront présentes seront habillées de cette manière. Il faut que tu comprennes que dans ce style de soirée nous sommes en représentation, nous devons donc nous mettre en valeur. Habillées comme cela je suis sûr que tu éclipseras toutes les autres invitées. Ce qui ne peut que m’être bénéfique à long terme. Ne te stresses pas, tu es parfaite. Allez, je te laisse finir de te maquiller et on y va. Le plus important c’est que tu saches que quel que soit l’emballage, ce que j’aime c’est ce qu’il y a à l’intérieur. Ne t’en fais pas tout va bien se passer. Je t’attends dans le salon.


  C’est à peu près ainsi que commence la soirée qui aura des répercussions insoupçonnées sur la suite de ma vie. Mais avant toute chose, je me rends compte que je n’ai pas eu la politesse de me présenter. Je vais donc de ce pas rattraper cet impair. Je m’appelle Thomas j’ai 24 ans, je travaille depuis trois ans en tant que commercial dans une entreprise de prêt à porter pour femme. Ma mère m’avait recommandé d’y postuler, car elle y avait travaillé pendant une ou deux années, mais elle l’avait quitté quand elle était tombée enceinte, elle ne m’a jamais vraiment expliqué pourquoi. J’imagine que les horaires n’étaient pas vraiment compatibles avec la vie d’une mère de famille, ou alors elle n’avait plus besoin de bosser car mon père avait eu une promotion, je ne sais pas très bien. En tout cas j’ai eu la chance de me faire remarquer très peu de temps après mon arrivée par la PDG Mme Chapelier. Elle avait assisté par hasard à un entretien téléphonique que j’avais avec un de nos fournisseurs et avait apprécié mon efficacité. Elle m’a ensuite petit à petit donné des responsabilités de plus en plus importantes, me permettant de monter rapidement dans l’organigramme de l’entreprise, ce qui n’a pas été sans provoquer des jalousies de la part d’un certain nombre de mes collègues plus ancien dans la boîte. Mais tant qu’elle m’a à la bonne ils se tiennent cois, n’osant pas risquer sa désapprobation. J’avoue que même si j’en bénéficie je préfèrerais parfois avoir un statut moins privilégié, pour pouvoir mieux m’intégrer à l’équipe, mais mon bulletin de salaire à la fin du mois me permet de me consoler.

  Il faut maintenant que je vous présente ma fiancée Chloé puisqu’elle occupe une place centrale dans cette histoire. C’est une magnifique métisse de 24 ans également. Je le dis sans vantardise, ayant plusieurs fois surpris les regards appuyés de la gent masculine et parfois féminine sur sa silhouette. Elle a des cheveux frisés châtain clair, qui ressorte d'autant plus sur sa peau cuivrée. Elle mesure 1m70 et en ce qui concerne sa silhouette, je dirais juste qu'elle a de très beaux seins en poires et un fessier qui s'il n'est pas trop conséquent est bien rebondi. C’est une fille extravertie, habituée à capter l’attention de ses interlocuteurs. Sa féminité conquérante est tempérée par son habitude de s’habiller dans des fringues un peu passe-partout : pantalon, petit haut, un pull ou une petite veste. En ce qui concerne ses sous-vêtements, elle est plus habituée à porter des culottes dim que de la dentelle. Il faut dire que dans son métier d’éducatrice cela ne serait pas franchement approprié de s’habiller de manière sexy. C’est ce qui explique son humeur plus sombre qu’à l’accoutumée. J’ai en effet été convié par ma patronne à une soirée de charité qu’elle a mise en place pour entretenir l’image de l’entreprise et puisqu’il est question d’image, l’apparence physique ne peut pas être négligée. J’ai donc dû forcer un peu sa nature pour lui faire revêtir une robe mettant en valeur sa plastique parfaite.


  Depuis que nous nous sommes rencontrés au lycée, je ne l’ai vue peut-être qu’une dizaine de fois en robe et c’est sûrement la première fois qu’elle s’habille aussi sexy. A l’époque elle avait un côté un peu intimidant pour la plupart des garçons de notre âge, de par sa faconde généreuse. Un certain nombre d’entre eux avaient malgré tout cherché à la séduire, mais ils s’étaient vite fait rembarrer. Ma chance à moi fut d’avoir été son binôme pendant les cours de physique. Nous nous étions rapidement rendus compte que nous avions le même sens de l’humour. Nous avons ensuite continué à nous voir en dehors des cours et progressivement un petit jeu de séduction s’était instauré entre nous. Il faut dire qu’en toute modestie, je ne pense pas être le plus repoussant des hommes et possède je pense un esprit plus développé que la moyenne (qualités qui me sont aujourd’hui utiles dans mon travail). D’ailleurs si je devais me trouver un défaut il serait plutôt du côté de l’orgueil qui me pousse parfois à me mettre un peu trop en avant. Toujours est-il qu’après quelques mois de flirts de plus en plus poussés, nous avions finit par nous embrasser lors d’une soirée d’anniversaire d’un de nos camarades de classe, à la plus grande joie de nos amis communs et sans doute à la tristesse de quelques-uns des gars qu’elle côtoyait. Une fois le bac obtenu, nous avions eu la chance de réussir nos concours dans la même ville. C’était là que loin de nos parents nous avions pu passer un nouveau cap en faisant pour la première fois l’amour ensemble. Mais je ne vais pas m’étendre ici sur le sujet et préfère garder un voile pudique sur cet aspect de notre relation. Tout ce que je veux bien révéler, c’est que pour elle comme pour moi c’était une première et que comme pour la grande majorité de la population, nous n’avions pas fait une performance digne d’un samedi soir sur la chaîne à la croix. Mais je dois dire que les années qui ont suivis nous ont permis de continuer notre découverte sensuelle. Je pense d’ailleurs que pour tous les deux, notre sexualité s’est améliorée avec le temps et notre connaissance de l’autre, ainsi que la confiance mutuelle que nous nous portons. Ma seule frustration étant que jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas pu lui faire accepter les pratiques qu’elle considère comme dégradantes. C’est-à-dire en termes plus explicites qu’elle ne m’a jamais fait de fellation et que s’il est déjà arrivé dans le feu de l’action à un de mes doigts de s’égarer du côté de ses fesses, elle m’a bien fait comprendre qu’il ne fallait pas que j’espère autre chose. Mais pour le reste nous avons pu expérimenter, y compris dans des lieux extérieurs et je me suis aperçu que le dirty-talk ne la choquait pas, bien au contraire. Ce qui nous amène quelques années plus tard, une fois nos diplômes obtenus et notre entrée dans le monde du travail effectuée, à cette fameuse soirée que je vous ai teasée en préambule. Une fois montés dans la voiture, nous continuons la discussion entamé dans la salle de bain tout en nous dirigeant vers le château où a lieu la réception.

  -Rappelle-moi pourquoi j’ai accepté de t’accompagner à cette soirée de bourgeois coincés du cul, parce que là mis à part à servir de potiche toute la soirée, je ne vois pas bien l’intérêt pour moi.


  Je crois que j’ai oublié de vous dire que lorsqu’elle se sent stressée, le langage de Chloé peut se montrer particulièrement fleuri.


  -Alors d’abord ce ne sont pas tous des bourgeois coincés du cul, comme tu le dis si poétiquement, certains sont supers sympas. Ne juge pas avant de les connaître s’il te plait. Ensuite dis-toi que c’est une expérience à vivre, un milieu que tu ne connais pas et parfois je pense que c’est salutaire de sortir de sa zone de confort. Je te rappelle que si tu es stressée, c’est aussi mon cas. C’est également la première fois pour moi que je vais à ce type de soirée. Si je voulais que tu viennes, c’est parce que ta présence me rassure, te savoir à mes côtés, ça me rend plus fort. Mais rassure-toi, je ne te laisserai pas toute seule, je ne compte pas t’abandonner dans un coin pour que tu fasses tapisserie. Et je te le promets, si la soirée est trop insupportable, tu ne seras pas obligé de venir à la prochaine. Et puis dit toi que c'est une bonne manière de commencer nos vacances.


 -Excuse-moi, je sais que cette soirée est très importante pour toi, je vais faire bonne figure, rassure-toi. Ne t’en fais pas je pourrai me débrouiller seule, si tu sens que tu as besoin de parler à quelqu’un tu peux me laisser, je trouverai sûrement quelqu’un avec qui échanger.


  Sur ces entrefaites nous finissons par arriver à la réception. Après avoir garé notre voiture sur le parking, nous nous engageons sur une allée de gravier conduisant à un majestueux château. Je donne galamment mon bras à Chloé afin de lui éviter une chute malencontreuse dû à son manque d’habitude des chaussures à talons. Puis une fois que le portier a vérifié que nous sommes bien sur la liste des invités, nous rentrons dans une première salle où plusieurs petits groupes remplissent l’espace, alors que des serveurs circulent entre eux proposant boissons et petits fours.


  Je guide immédiatement ma compagne vers Mme Chapelier que j’aperçois en compagnie de quatre autres personne. Je reconnais parmi eux deux employés de la boîte, il s’agit de Julien et Damien deux autres commerciaux d’une quarantaine d’années et d’un couple de nos âges que je ne connais pas. En me rapprochant je ne peux m’empêcher de dévisager la jeune fille. Il s’agit d’une sublime brune aux cheveux longs tombant le long de son dos, ses traits révèlent une ascendance caucaso-asiatique. Sa robe de soirée minimaliste souligne sa silhouette longiligne, le profond décolleté révélant une bonne partie de sa poitrine qui bien que menue n’en est pas moins appétissante. Je finis par détourner le regard de cette splendide inconnue pour m’adresser à ma patronne.


  -Bonsoir Mme Chapelier, j’espère que je ne suis pas en retard, permettez-moi de vous présenter ma compagne Chloé, qui a bien voulue m’accompagner pour cette soirée.


  Elle nous regarde et s’attarde longuement sur Chloé, avant de me répondre avec un regard appréciateur.


  -Je vois qu’en plus d’être un excellent commercial, vous avez très bon gout en matière de femme mon petit Thomas et que fait cette charmante jeune fille dans la vie ?


  Je vois à son air que Chloé est un peu déstabilisée par la façon dont elle a été réduite à une sorte de trophée. C’est ce qui explique sans doute la façon un peu sèche dont elle répond, à mon grand désarroi.


  -Bonjour !! La charmante jeune fille est éducatrice dans un foyer pour enfants placés par l’aide sociale à l’enfance. Un milieu très éloigné du champagne et des petits fours.


  Ma patronne affiche d’abord un regard interdit, puis à mon grand soulagement, un sourire s’esquisse sur ses lèvres et avec un regard carnassier elle lui répond.


  -Excusez mon impolitesse, mais en vous voyant je vous ai pris pour une de ces mannequins, dont sans vous faire offense vous avez en partie le physique. Mais je vois qu'en plus d'une très belle plastique vous avez du caractère et sûrement de l'empathie pour pouvoir faire ce métier. De toute façon il faut une femme parfaite pour mon petit Thomas n'est-ce pas ?


  Un peu interloquée par cette réponse, je vois le visage de ma douce s'apaiser


  -Je ne sais pas si je suis parfaite ce qui est sûr c'est que j'ai beaucoup de chances d'avoir MON petit Thomas.

  -Et possessive avec ça, j'adore ! Mais venez prenez une coupe de champagne, je vais vous présenter à ce petit groupe. Il y a là deux collègues de votre fiancé Mr Julien Denis et Mr Damien Gueguen.


  Chloé s'approche d'eux pour leur faire la bise. Je vois qu'ils la regardent tous les deux d’une façon prononcée. Puis Mme Chapelier continue sa présentation avec les deux jeunes que je ne connais pas.


  -Ensuite, voilà la petite amie de mon fils Cynthia qui elle est mannequin et enfin la prunelle de mes yeux mon fils unique Pierre-Jean. Pierre-Jean finit ses études de management avant de rentrer dans l'entreprise pour m'assister à la direction.


  Je regarde celui qui sera mon futur supérieur hiérarchique. Il s'agit d'un jeune homme d'approximativement 25 ans, ses traits de visage sont plutôt harmonieux, je pense qu'il doit beaucoup plaire aux femmes. Le fait qu'il soit coiffé à la dernière mode, avec un côté un peu destroy souligné par le tatouage qui dépasse de son costume et déborde un peu sur son cou ne doit pas lui porter préjudice au contraire. D’autant plus qu’une apple watch en or souligne qu'il n'est pas à plaindre financièrement.


  Celui-ci après que Chloé ait fait la bise à Cynthia, n'attend pas qu'elle se dirige vers lui et l'embrasse au coin des lèvres en lui attrapant la hanche avec le bras. Puis sans la lâcher des yeux il déclare.


  -Maman tu aurais dû me dire dès le départ qu'une aussi jolie femme serait invitée. Je n'aurais pas renâclé autant à venir.


  Ma patronne lui répond d'un air amusé.

  -Je ne le savais pas moi-même mon chéri. Mais essaie de te tenir tu veux bien, n'oublie pas que son fiancé est présent et je ne voudrais pas que tu fâches mon petit Thomas.


  Je suis totalement déstabilisé par leur manière d'agir à tous les deux. Avec Mme Chapelier nos rapports s'ils sont assez chaleureux restent totalement professionnels au quotidien, C'est la première fois qu'elle utilise ce sobriquet infantilisant. Je ne sais pas ce qu'elle cherche à faire, mais c'est délicat pour moi de la reprendre vu nos rapports hiérarchisés. En ce qui concerne son fils, je suis stupéfait par son aplomb. Il drague ouvertement ma copine en occultant totalement ma présence, comme celle de sa petite amie, qui semble d'ailleurs inexistante aux yeux de sa mère. Je ne peux pas lui dire ce que j'en pense devant ma patronne, mais ce n'est que partie remise, quand les circonstances le permettront je ne me priverai pas de lui exprimer ma façon de penser. Mais ce qui me surprend le plus c'est que Chloé ne lui a pas balancé une réplique bien sentie immédiatement, elle semble avoir été aussi surprise que moi. Même si sa couleur de peau le laisse moins deviner, je m'aperçois qu'elle a légèrement rougi. Finalement je vois que Cynthia a également une réaction surprenante, elle me regarde droit dans les yeux avec un sourire amusé, puis se passe sensuellement la langue sur les lèvres, avant de se retourner vers son petit ami. Ne voulant pas agir comme un lapin ébloui par des phares de voitures, je décide de m'adresser à eux.


  -Ce n'est rien Mme Chapelier, tous les matins, je sais la chance que j'ai de me réveiller à côté de la plus belle femme du monde (Un compliment à Chloé au passage ne peut pas faire de mal). Je ne peux pas empêcher les autres hommes de la regarder, tant que cela demeure respectueux, il n'y a pas de mal à cela.


  Puis m'adressant à son fils.


  -C'est quelque chose que tu dois bien connaître avec Cynthia, n'est ce pas Pierre-Jean. D'autant plus si c'est son métier.


Il me répond alors le visage fermé:


  -J'ai dû m'y habituer c'est vrai, mais je ne crois pas vous avoir autorisé à me tutoyer Mr ?


  Un blanc se fait alors, je ne sais pas quoi répondre, je ne vais quand même pas m'excuser auprès de ce fils à maman qui a mon âge, je pensais pourtant avoir été diplomate dans ma réponse. Mais alors que je me décompose en cherchant ce que je vais lui répondre, il laisse échapper un grand éclat de rire, puis s'adresse à nouveau à moi.


  -Non, mais je déconne, t'aurais vu ta tête, trop drôle.


Puis il me tend la main tout en me disant.


  -On a le même âge, on va pas se vouvoyer ça serait ridicule, donc toi c'est Thomas c'est ça, ma mère m'a dit beaucoup de bien de toi. Surtout quand elle trouve que je ne bosse pas assez dans les études, je suis ravi de mettre enfin un visage sur celui qu'elle me donne en exemple depuis quelques mois. Appelle moi PJ, je préfère et excuse-moi si je t'ai fâché en complimentant Chloé, je ne pensais pas à mal, mais comme on dit ce n'est parce que l'on est déjà servi que l'on a pas le droit de regarder le menu. Sans rancune ?


 Son sourire franc et sincère me déride et je lui sers aussi la main.


  -Tu m'as fait peur, je croyais avoir fait un impair, c'est la première fois que nous sommes invités à une soirée comme celle-là. Ecoute si je peux t’appeler PJ, tu peux m'appeler Tom, c'est comme ça que mes potes me surnomment. Je vois que tu aimes l'humour pince-sans-rire, ça me va moi aussi.


  -Désolé, je ne voulais pas t'effrayer ou alors juste un peu. Si vous découvrez ces soirées, vous n'avez qu'à venir avec nous, nous vous aiderons avec les codes et on va moins s'ennuyer.


Mme Chapelier reprend alors la parole en s'adressant à l'ensemble de notre groupe.


  -Bon mes amis si tous les malentendus sont dissipés, je vais devoir vous laisser, mes devoirs d'hôte de la soirée, vous comprenez.


Puis s'adressant à moi et Chloé :


  -Je vous laisse entre de bonnes mains Pierre-Jean et Cynthia sont habitués à ces réceptions, vous n'allez pas vous ennuyer.


  Elle s'éloigne alors vers une petite estrade, puis prend un micro demandant à l'assemblée de passer dans la pièce principale où les enchères de charité allaient se dérouler. PJ nous entraîne alors à sa suite et nous fait asseoir à une table dans un coin, au fond de la salle, expliquant que c'est plus simple si on ne veut pas se faire remarquer. Mes deux collègues se sont joins à nous. Il s'agit d'une table rectangle somptueusement décorée, avec une nappe en soie grise la recouvrant, les chaises délicatement ouvragées, sont toutes du même côté dirigée vers une petite scène où vont se dérouler les enchères. Mes deux collègues se mettent au bout, Pierre-Jean se met à leur côté, suivi par Cynthia, je me place ensuite et Chloé complète la table. Ma fiancée se penche alors vers moi et me murmure à l'oreille.


  -C'est quoi ton entreprise, entre ta patronne qui te parle comme un enfant, me traite comme un morceau de viande et son fils qui me drague ouvertement devant toi, je te préviens, c'est la dernière fois que je viens.


  -Je ne sais pas ce qui arrive à ma patronne, d'habitude elle est très pro, tu te doutes bien que si elle me parlait comme ça dans le travail, je t'en aurai parlé. J'avoue que je ne comprends pas ce qu'elle cherche. En ce qui concerne son fils, au départ je voulais lui dire ce que je pensais de son attitude avec toi, mais j'attendais que sa mère ne soit plus là pour le faire. Je t'ai déjà dit qu'elle est mon seul soutien dans l'entreprise, si je la mets contre moi, je n'ai plus qu'à démissionner. Et puis au final, il n'a pas l'air si con que ça, donc je lui laisse le bénéfice du doute.


  - Donc si je comprends s'il me drague à nouveau, je laisse faire si ça se passe devant sa mère, c'est ça ?


  -Non ce n'est pas ce que je veux …


  A ce moment je suis interrompu dans mes explications par Pierre-Jean qui nous interpelle en nous disant que les ventes vont commencer. J'espère qu'il n'a pas deviné la teneur de notre conversation. J'aimerais pouvoir la poursuivre et dissiper le malentendu, mais dans les circonstances présentes, cela serait malpoli de le faire. Je décide donc de m'intéresser à ses explications sur le déroulement de la soirée. Il m’explique que des bijoux et des robes de créateurs vont être présentés sur la scène. Parfois certaines personnes du public seront sollicitées pour les porter afin de les mettre en valeur. Ensuite les enchères commenceront, le but étant de récolter un maximum d’argent pour une association dont le but est de payer les frais médicaux à des enfants de pays dits défavorisés. Puis il complète son explication en me disant sur le ton de l’humour que pour les personnes présentes c’est juste une manière de jouer à qui a le plus gros portefeuille. Chloé lui répond alors sur le même ton que nous pourrions plutôt rentrer en compétition sur le plus petit portefeuille de l’assemblée, car même si moi je gagne bien ma vie pour un jeune de mon âge, nous avons déjà des crédits à payer et que pour sa part son salaire d’éduc en début de carrière, ne pèse pas très lourd. Pierre-Jean explique qu’en ce qui le concerne, bien qu’il soit étudiant, il n’a aucun souci d’argent, ayant hérité de son père à son décès (c’était le créateur de l’entreprise) et qu’il compte bien participer aux enchères. Chloé lui demande alors à quel âge il a perdu son père, puis ajoute que le sien est décédé quand elle avait 10 ans et qu’il lui a fallu des années pour qu’elle s’en remette. De mon côté ne voulant pas m’immiscer dans leur conversation très personnelle, je commence à discuter avec Cynthia, l’interrogeant sur sa vie de mannequin et sur les gens qu’elle peut y rencontrer. Mais très vite le fait d’avoir ces conversations croisées font qu’avec le brouhaha de la salle cela devient compliqué d’en suivre le fil, si bien que PJ finit par me proposer d’échanger nos places pour que ce soit plus confortable. Je continue ma conversation avec Cynthia, je ne peux m'empêcher de l'admirer, je suis d'autant plus séduit qu'elle se révèle très spirituelle et cultivée, à mille lieues des clichés que l'on peut avoir sur les models. Je dois bien m'avouer que si nous n'étions pas tous les deux en couples, j'aurai sûrement cherché à faire sa conquête. Mais comme ce n'est pas le cas, je garde une certaine réserve pour ne pas créer d'ambiguité. Je suis d'autant plus surpris quand je sens d'un coup sa main se poser sur ma cuisse et venir la caresser. La surprise doit se voir sur mon visage, puisqu'innocemment elle me demande.


  -Un problème Thomas, tu sembles avoir chaud d'un coup ?

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