Chapitre 3

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  Pétrifié de surprise je me rends alors compte que rien de ce qui s'est passé entre elle et moi ne lui a échappé. Puis l'implication de ses paroles me parvient au cerveau. Il a couché avec elle et ne s'en cache même pas. Des bruits courent depuis longtemps dans l'entreprise sur lui et Damien, disant que leurs tournées commerciales ne sont pas que des négociations de contrat, mais aussi l'occasion pour eux de multiplier les rencontres. Ils sont d'ailleurs tous les deux divorcés depuis de nombreuses années. Mais je ne les vois pas prendre de risques avec leur carrière. J'ai besoin d'en savoir plus.


  -Tu as couché avec elle, tu n'as pas peur de te mettre Pierre-Jean à dos et qu'il en parle à sa mère ?

  -Mais c'est lui qui nous l'a présentée, en nous disant de nous faire plaisir. Il s'agissait pour lui de nous renvoyer l’ascenseur.

  - Comment ça, vous le connaissez depuis longtemps ?

  -Depuis une dizaine d'années je dirai. Mais si tu veux des explications détaillées ça va être un peu long, je vais donc te faire un résumé accéléré.

  Il m'explique ensuite qu'il avait connu Pierre-Jean plusieurs années auparavant, peu de temps après le décès de son père. Il avait alors une personnalité totalement différente. Il était très introverti, déprimé après la perte de celui qui était son héros. Sa mère avait alors décidé de le faire travailler dans l'entreprise pendant l'été pour lui permettre de se changer les idées et c'est Julien et Damien qui avaient été chargés de le superviser pendant son temps de travail. Les premiers jours n'avaient pas été simples du fait des inhibitions de PJ, mais petit à petit, ils avaient réussi à briser sa carapace et le jeune homme s'était livrée sur la douleur de l'absence, mais aussi sur ses frustrations d'ordre sentimentale. Lors d'une prospection commerciale, ils avaient alors décidé de lui arranger un coup avec une jeune vendeuse qui lui avait tapé dans l'œil. Le résultat de ce dépucelage avait dépassé leurs espérances, le jeune homme s'était ensuite totalement libéré. A la fin de l'été il participait à toutes les soirées de débauches des deux vendeurs, partageant avec eux leurs conquêtes d'un soir. Le sexe l'avait aidé à occulter son chagrin et si un fond de déprime existait toujours chez lui, il était devenu de plus en plus extraverti.

  Sa mère les en avait remercié par une très belle prime. Puis quelques années plus tard, lorsqu’il leur avait présenté Cynthia, elle avait décidé de coucher avec eux sous le contrôle de Pierre-Jean, car disait-elle sans ce qu'ils avaient fait pour lui à l'époque, elle ne l'aurait jamais rencontré. En effet, ils avaient tous deux très vite pratiqué une forme de libertinage. Comme ils étaient très sollicités du fait de leur beauté et comme ils n'avaient pas envie de se restreindre dans leur désir. Ils avaient préféré se laisser carte blanche, plutôt que de prendre le risque de polluer leur relation avec la jalousie et les ressentiments qui en découle.

  Depuis Cynthia couchait de temps en temps avec les deux commerciaux, quand elle en avait envie. Pierre-Jean de son côté n'était pas en reste, avec un sourire pervers Julien ajouta qu'un de ses kiffs étaient de faire succomber à ses charmes des femmes mariées, ajoutant que plus la conquête était compliquée, plus la satisfaction était grande pour Pierre-Jean. Puis il me dit que dans ces conditions j'aurais tort de ne pas profiter de Cynthia, puisque PJ allait sûrement tout faire pour que Chloé succombe à ses charmes. Devant son aplomb je lâchai par énervement :

  -Chloé n'est pas comme ça, j'ai toute confiance en elle. C'est pas parce que vous êtes habitués à rencontrer des filles faciles qu'elles le sont toutes. Chacun sa vie, je ne juge pas, mais ne projette pas sur les autres ce que toi tu vis. Je te rassure Chloé a l'habitude d'être entreprise par des mecs et même des filles et je suis sûr qu'elle n'a jamais succombé à la tentation, nous avons des sentiments l'un pour l'autre et c'est ce qui compte le plus pour elle.

Ce à quoi Julien me rétorque avec de la pitié dans les yeux :

  -Moi si je te disais ça c'est pour toi, afin que tu ne sois pas trop déçu, car PJ arrive toujours à ses fins. C'est d'ailleurs pour ça qu'il fera un très bon dirigeant pour l'entreprise. Même sa mère finit toujours par lui céder. Si elle le pouvait cela ferait longtemps qu'elle les aurait séparés Cynthia et lui, elle ne peut pas la supporter. Mais depuis le temps, elle a dû se faire une raison. En tout cas j'espère me tromper et je comprends qu'une fille comme elle tu n'aies aucune envie de la partager. C'est facilement une des dix plus belles femmes que j'ai rencontrées dans ma vie sans vouloir t'offenser. Mais je crois que si c'était moi qui avait ta chance je préfèrerai lui laisser sa liberté plutôt que de la perdre.

  -Je crois que tu ne m'as pas compris, je ne la garde pas prisonnière, c'est elle qui n'est pas tentée. Il faut croire que je sais la satisfaire.


  -Comme tu veux je te l'ai dit je ne veux pas te vexer. Si tu veux on parle d'autre chose, de toute façon, je crois que l'on va passer au moment le plus important des enchères, voilà PJ qui revient.

  En effet celui-ci se rapproche de la table, lorsqu'il croise mon regard, j'aperçois une légère contrariété dans le sien, ce qui me rassure quelque peu, Chloé avait dû l'envoyer sur les roses. Mais très vite son sourire naturel revient et avec bonhommie il s'adresse à moi.

  -Dis donc ta copine c'est compliqué de lui faire porter des robes un peu provocantes, heureusement qu'il y avait d'autres femmes avec moi pour la convaincre, mais tu vas voir le résultat en vaut le coup.

  Je suis à nouveau surpris par sa manière de parler de Chloé. Il n’a jamais été confronté à des maris jaloux ou quoi ? Il doit bien se douter que je ne vais pas accepter qu’il cherche à coucher avec elle. Et il me dit comme si de rien n’était qu’il l’a convaincu de mettre une robe « provocante ». Et qu’est ce qu’il entend par ce terme. Ça m’étonnerait qu’elle ait accepté d’en montrer plus qu’avec moi. Mais alors que je suis sur le point de lui demander ce qu’il entend par là, il s’adresse à nouveau à moi.

  -Cynthia n’est pas restée avec toi, je croyais pourtant que vous étiez en train de lier connaissance. Tu sais où elle est partie ?

  -Elle est partie au toilettes je crois, cela fait d’ailleurs un petit moment. Tu te doutes bien que je ne l’ai pas suivie.

  -T’as tort elle aurait aimé ça. Je croyais qu’elle te plaisait, mais j’ai dû me tromper.

  Alors celle-là si je m’y attendais, il m’invite carrément à profiter de sa copine. Qu’est ce qu’il croit tout le monde n’est pas comme lui. C’est pas parce que Cynthia me plait que je vais lui sauter dessus, il n’a jamais entendu parler du concept de fidélité ce mec ou quoi ? Puis d’un coup je me demande ce qu’il a pu raconter à Chloé pendant qu’ils étaient dans les coulisses. Vu sa liberté de parole, il a carrément dû lui dire que j’étais tombé dans les bras de sa fiancée ? C’est ce qui expliquerait sa contrariété en voyant que je n’étais pas tombé dans son plan. Je décide alors de le moucher un peu.

  -Cynthia est très belle, mais Chloé et moi sommes un couple fidèle et je n’ai aucune envie de trahir sa confiance si c’est ce que tu sous entendait.

  -Non moi je disais ça pour elle, là elle doit être frustrée, j’espère qu’elle a réussi à se trouver quelqu’un d’autre. Quand elle n’a pas ce qu’elle désire elle est capable de faire la tête pendant des heures. Elle a dû se rabattre sur le premier mec qui a croisé sa route, c’est pour ça qu’elle met du temps.

  Décidément, plus ça va moins j’arrive à comprendre Pierre-Jean, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui soit aussi libre dans ses propos, d’autant plus avec un quasi-inconnu comme moi. Je ne peux m’empêcher de lui demander.

  -Tu en parles comme si ça te déranges pas. Tu n’éprouves pas un peu de jalousie ?

  -A quoi ça servirait. Depuis que j’ai couché avec ma première fille, que j’avais partagé avec deux très bons amis. J’ai compris que la jalousie ne sert qu’à nous ériger des limites sociales restreignant notre libre arbitre. Moi tant que Cynthia est heureuse cela me va et surtout, cela me permet de faire de même de mon côté. Car pour moi ce qui est incompréhensible ce sont ces personnes qui n’hésite pas à mettre un coup de canif dans le contrat, mais qui font une crise à leur moitié dès qu’elle a le malheur de croiser le regard de quelqu’un d’autre.

  -Oui ben en tout cas en ce qui nous concerne, notre couple repose sur la fidélité et il est hors de question que l’un ou l’autre brise cette confiance mutuelle.

  -Pourtant il me semble que tu as commencé à l’entamer tout à l’heure. Ne le nie pas je vous ai vu vous caresser mutuellement.

  -Je t’arrête tout de suite, c’est Cynthia qui a provoqué cette situation, je ne l’ai pas arrêté pour ne pas provoquer un scandale. Mais je n’avais aucune intention de tromper Chloé.

  -Parce que tu as peur des conséquences. Mais je suis sûr que si tu savais qu’il n’y avait pas de répercussions, tu aurais fait comme moi et tu aurais cédé à ton excitation.

  -Non je te l’assure, c’est une question de respect vis-à-vis d’elle et de moi.

  -Et si c’est elle qui cédait tu ferais quoi ? Je t’assure que ta copine vit dans une carapace qui ne demande qu’à s’ouvrir. Cette carapace, c’est en partie toi qui la maintient fermée.

  -Tu as vraiment un culot monstre, je suis sûr que si tu me dis ça, c’est parce que tu veux coucher avec elle et que ça serait plus simple pour toi si je te donnais l’autorisation.

  -C’est là que tu te trompes, si je veux coucher avec elle, je n’ai pas besoin de ton autorisation. Je suis sûr d’arriver à mes fins avec Chloé quelques soit les circonstances. Si je te dis ça, c’est pour essayer de t’ouvrir l’esprit. Mais si tu es si sûr de toi, je te propose un petit jeu et à mon sens pour toi il ne peut être que gagnant. Nous allons voir si l’un comme l’autre êtes capable de vous rester fidèle. Pendant un mois, Cynthia et moi allons tout faire pour vous séduire, tu auras interdiction d’en parler à Chloé ou de lui faire une quelconque crise de jalousie pour l’influencer. En ce qui te concerne, si je t’ai bien écouté cela ne devrait pas te poser de soucis et comme tu as confiance en elle tu n’as pas à avoir peur de moi.

  -Mais c’est complètement con ton truc et qu’est-ce que je gagne à te laisser draguer ma femme sans réagir, mis à part la soupe à la grimace de Chloé parce que je ne te dis rien. Tu rêves éveillé toi ?


  -Disons 100K ça te va ?

  Là pour le coup il me laisse sans voix. Il vient bien de me proposer 100 000 euros. Pour nous deux il s’agit bien évidemment d’une somme très importante. Elle nous permettrait d’avancer dans nos projets et en premier lieu de faire un bébé sans attendre que Chloé ne trouve un CDI, elle qui enchaine les CDD sans aucune régularité. Mais avant que je ne lui réponde il me précise.

  -Mais attention c’est 100k si aucun de vous deux ne craque et que tu ne te débrouilles pas pour que l’on ne puisse pas se voir pendant un mois. Il est également entendu que tu dois bien te comporter avec Cynthia et ne pas te conduire en connard fini pour la repousser. Saches également que j’appliquerai une décote en fonction de vos écarts respectifs, il serait injuste qu’un baiser volé ait la même conséquence qu’une bonne vieille sodomie des familles, non qu’en penses-tu ?

  Je suis joueur et j’ai suffisamment confiance en moi et en Chloé pour ne pas avoir de doute sur la réussite de ce pari. Ce qui m’embête le plus c’est de ne pas pouvoir réagir s’il la drague. Ma chérie risque de ne pas comprendre pourquoi je laisse faire. Mais c’est mon orgueil qui finit par parler, j’ai envie de lui rabattre son caquet lorsqu’il me donnera les 100 000 boules.

  -Si t’as de l’argent à perdre, je prends le pari. Mais sache que nous ne changerons pas notre façon de vivre pour vous voir, donc je ne vous fuirai pas, mais si c’est Chloé qui ne veut pas vous voir, je ne ferai rien pour la dissuader non plus, c’est d’accord.

  -D’accord, mais je ne m’en fais pas pour ça et puis une fois que ta copine aura gouté à mon monde, elle aura envie de continuer à le fréquenter. D’ailleurs je crois que ça va être le moment du défilé, tu vas voir qu’elle a déjà accepté de changer ses habitudes.

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