Epilogue 8ème partie
Désolé du retard, j'ai très très peu de temps pour écrire en ce moment, entre le travail, les différents accompagnements pour mes enfants (des joies de se confronter à l'administration pour soutenir et essayer de compenser un maximum le handicap de ma fille !) et le covid qui vient ajouter son grain de sel en fermant régulièrement les classes pour cause de cas contact, je ne m'en sors pas. Mais je ne veux pas m'épancher plus ici, nous reprenons avec Thomas.
J'émerge doucement, l'esprit encore un peu ébahi des évènements de la veille. je crois que les décharges d'endorphines successives m'ont proprement anesthésiées. Si j'avais un mot à utiliser pour décrire cette soirée si spéciale, je crois que ce serait WOUAAH !!! Je n'ai jamais kiffé autant, tout ce qui a pu se passer. Si j'avais été prévenue avant, j'aurais sûrement stressé, angoissé, à l'idée de ne pas être à la hauteur. Mais là pris dans l'action, c'était juste le pied total. Nous nous sommes relayés, chacun à tour de rôle s'est retrouvé au centre de l'attention des deux autres, recevant, puis dispendiant, caresses, coups de langues et pénétrations. Je n'ai jamais vécu une complicité comme celle que nous avons vécu tous les trois cette nuit. Il n'y avait plus aucun tabou, juste le plaisir brut donné et reçu.
Mes pensées sont perturbées par un sanglot étouffé relâché par celle que je n'imaginais plus partager ma couche. Immédiatement l'inquiétude m'étreint. Enivré par mes sens, je n'ai peut-être pas été assez attentif à elle, elle doit regretter ce qu'il s'est passé. Et pourtant j'aurais juré qu'elle avait aimé cela autant que moi. En tout cas je ne peux pas la laisser seule avec sa douleur, il faut mettre carte sur table, avant que la culpabilité ne vienne mettre à nouveau une barrière infranchissable entre nous. Je décide de m'enquérir de la cause de son trouble en lui demandant si elle regrette. Elle prend un temps pour sécher ses larmes avant de me répondre.
- Regretter, non sûrement pas, mais je m'inquiète de la suite. Qu'est ce que vous allez décider ? Toi en particulier, est ce que tu te vois reprendre notre relation ? Comment vous l'envisagez, est-ce que tu penses que nous allons vivre à trois, ou bien est-ce que tu vas faire un choix entre nous deux ? Tu vois j'avais toutes ces pensées dans la tête et j'angoissais à l'idée de me retrouver à nouveau sans toi après cette parenthèse enchantée. J'ai bien conscience que tu n'as rien anticipé à ce sujet. Je suis désolée de te prendre à froid dès le réveil, mais j'ai besoin de savoir.
Son déferlement de questions auquelles je n'ai pas encore eu le temps de réfléchir, emportés que nous étions par le torrent déchainé de nos sens, me laisse sans réponse. Je vois que mon silence renforce son angoisse, l'absence de mots de ma part venant sûrement confirmer ses inquiétudes. Mais mon indécision me paralyse, quel choix puis je faire ? Je dois tellement à Cynthia, je ne peux pas la rayer de ma vie brutalement, pour elle comme pour moi. Mais je ne veux pas perdre Chloé à nouveau, alors que je viens juste de la retrouver. La décision égoïste ce serait de proposer de vivre à trois, mais je n'ai pas le droit de leur imposer cela. Et puis j'envisage toujours de me marier, d'avoir des enfants, qui serait celle qui devrait se sacrifier ? Je ne peux décemment pas le demander à l'une d'entre elles, sans parler d'imposer cette situation à nos futurs enfants. Ce dilemme me met dans un état quasi catathonique, pendant que sans doute lassée d'attendre une réaction de ma part, Chloé me lâche du regard en se repliant sur elle même les yeux dans le vague. C'est alors qu'une voix moqueuse s'élève depuis l'autre côté du lit.
- Si je ne vous connaissais pas aussi bien tous les deux, je serais soufflée par votre capacité à vous compliquer la vie. C'est pas possible d'être aussi enclin à se créer des problèmes là où il n'y en a pas. Vous ne pouvez pas profiter un peu sans penser au lendemain pour une fois, merde !
Interloqués, nous nous tournons tous les deux vers Cynthia qui se redresse en dégageant son buste dénudé de la couette. Devant nos regards ahuris, elle poursuit sa diatribe.
- Vous croyez peut-être que je n'ai pas réfléchi à la suite avant d'organiser tout ça ou quoi ? Vous me prenez vraiment pour plus bête que je ne suis ! Puisque vous avez besoin qu'on vous mette les points sur les "i", je vais le faire. Chloé est-ce que tu te vois retourner chez ton frère, en abandonnant définitivement Thomas après la parenthèse de cette nuit ?
Dans un cri du coeur, ma belle métisse répond.
- Jamais de la vie !!!
- Très bien, Thomas est ce que tu te sens capable de tirer un trait sur le passé pour rebâtir ce qui n'aurait jamais dû être détruit ?
- Oui, ça j'en suis sûr.
- Très bien, on avance. Maintenant pour le reste, on a plus qu'à en discuter ensemble, mais on a déjà les bases pour élaborer. Plus prise de tête que vous c'est pas possible, je vous le dis, moi je ne suis pas gâté avec vous deux.
Chloé tourne son visage vers moi, l'exaspération de Cynthia semble avoir porté ses fruits, puisque l'amusement que j'y lis répond à celui que j'éprouve. Après tout elle a raison, profitons déjà de l'instant présent avant de penser à la suite. Je sens le poids qui me pesait sur la poitrine se dissiper face à la fausse colère de notre compagne. Mais je ne peux m'empêcher d'ajouter sur un ton plus joueur.
- Ok, tu as pensé à tout, nous sommes au clair sur nos sentiments. Mais tu ne peux pas t'exonérer de ton positionnement dans tout ça. Et toi, tu en es où de tes réflexions. C'est une manière de te débarrasser de nous ou quoi ?
Je vois que mes mots ont touché juste, ses traits se font plus grave, alors qu'elle reprend la parole.
- Me débarasser de vous sûrement pas, mais ce que je sais, c'est que je ne veux pas être un obstacle à votre bonheur. Je ne veux pas que tu restes avec moi pour les mauvaises raisons Thomas. Notre relation ne peut pas reposer que sur la gratitude que tu éprouves à mon endroit, même si j'ose espérer qu'il y a autre chose entre nous. Ce qui est sûr c'est que ta façon de regarder Chloé comme si elle était la huitième merveille du monde, je ne l'ai jamais vu à mon égard. Et puis si je suis honnête, j'ai aussi des pulsions que j'ai réfrénées pour ne pas te blesser pendant que tu te reconstruisais et je t'avoue qu'en remettant votre relation au centre du jeu, intérieurement je me disais que je pourrais aussi regagner ma liberté. Je ne dis pas que ce sera le cas toute ma vie, mais pour l'instant j'ai encore envie de profiter de ma jeunesse. Je n'aurais sûrement pas la vie débridée que j'avais avec PJ, tu m'as permis de comprendre l'impasse qu'elle constitue, mais je veux pouvoir céder à mes envies à l'occasion sans culpabiliser pour autant. Pour en revenir à ta question. Comment je vois les choses et bien cela va dépendre de vous deux avant tout. Ce que j'espère, c'est que vous me laissiez une place avec vous, que l'on vive ensemble sans se prendre la tête et peut-être que je me permettrais des extras à l'occasion, mais peut-être pas, ce que je veux surtout je crois, c'est la liberté de pouvoir le faire. Et peut-être qu'un jour je vous dirais que j'ai trouvé quelqu'un d'autre et que cette vie s'arrêtera, je n'en sais rien. Si ça n'est pas possible pour vous, je céderais ma place à mon corps défendant. Par contre ce que je veux que vous me promettiez, c'est que je ne perdrais jamais votre amitié. Elle, je crois que je la mérite...
Je reprends mon souffle comme si ma respiration s'était arrêtée suspendue à ces paroles si simple et en même temps si profonde. Je sens l'émotion m'étreindre, saisi par la vérité de ces quelques mots où elle a transcendé sa solitude, peut-être son envie, sa jalousie, pour nous donner en cadeau la bénédiction de nous aimer à nouveau. Je perçois le trouble de Chloé dont j'étreins maintenant la main. Ses larmes coulent en communion avec les miennes, devant le courage de ce petit bout de femme qui ose se dévoiler jusqu'au plus profond de son âme. Dans un même élan simultané, nous nous jetons sur elle pour la couvrir de baiser. Pour la rassurer, je lui dis :
- Parce que tu crois que tu vas te débarasser de nous comme ça. Nous avons besoin de toi, sûrement plus que tu ne le crois. Quoiqu'il se passe par la suite, nous resterons attachés tous les trois pour la vie, parce que ce qu'il se passe ne pourra jamais s'effacer entre nous. Je t'aime Cynthia, différemment de Chloé, mais je t'aime n'en doute pas.
Ce à quoi Chloé ajoute :
- Je t'aime aussi Cynthia, il n'y a pas que Thomas qui a de la gratitude pour toi, mais pour moi ça va au delà. Ce que nous avons vécu, cette complicité, tu es la seule avec qui je peux la vivre, tu es la seule avec qui je peux partager Thomas et je pense la seule personne avec qui Thomas peut me partager. Si vous saviez à quel point vos paroles me soulage, j'avais tellement peur que vous me renvoyez chez mon frère en partant de l'hôtel.
Elle marque une petite pause avant de reprendre.
- Bon il reste quand même un problème à régler.
- Lequel ?
Répondons nous de manière simultanée.
- Ben il va falloir que nous achetions un lit aussi grand que celui-ci, mais dans l'appart de Thomas ça risque d'être un peu petit non, la chambre n'est pas si grande ?
Je la regarde un peu interloqué, puis me tourne vers Cynthia
- Tu ne lui as rien dit ?
- Ben non, je n'en voyais pas l'utilité, j'estimais que ça te revenait.
Entre les lignes, je comprends aussi que c'est un nouveau cadeau qu'elle me fait. De cette manière je suis totalement sûr des sentiments de Chloé à mon égard. Même si je n'avais pas vraiment de doutes à ce sujet, je suis certain qu'elle n'est pas revenue vers moi pour l'argent.
- Mais de quoi est-ce que vous parlez, qu'est-ce qu'il ne m'a pas dit ?
- Nous n'habitons pas à l'appart, je l'ai mis en location.
- Je comprends, vous ne vouliez pas vivre à l'endroit où nous avions été en couple.
- Il y avait peut-être un peu de ça, mais j'ai surtout voulu emménager dans quelque chose de plus grand.
- Attends là je ne comprend plus, je sais que tu as retouvé du travail, Cynthia me l'avais dit, mais tu avais déjà du mal à payer ton appart avec ton salaire, ton nouveau boulot est mieux payé ?
- Oui ça on peut le dire, tu n'es vraiment au courant de rien ?
- Mais au courant de quoi, arrête de me faire mariner Thomas éclaire ma lanterne, parce que là je suis totalement paumée.
- Et bien tu as devant toi le nouveau PDG du groupe Le Chapelier.
- C'est quoi cette histoire vous vous foutez de moi tous les deux. Au dernières nouvelles tu avais été viré d'un poste de commercial là bas, comment tu peux en être le PDG maintenant.
J'explique alors les différentes péripéties qui m'ont amené à cette place aujourd'hui. Le plus dur pour elle a été de comprendre que tout ce qui lui est arrivé était lié à la machination d'une folle. Mais elle a le droit à la vérité. Elle reste sonnée lorsque j'arrive à la fin de mon histoire.
- Je suis désolé de ne pas avoir pu tout te dire avant, mais tu ne voulais plus du tout de contact avec moi. j'aurais pu t'envoyer une lettre pour t'expliquer, mais j'avais peur de te faire plus de mal que de bien en te livrant la vérité ainsi. Mais je comprendrai si cela change ton point de vue sur ton envie de reprendre une relation, cela fait beaucoup à encaisser.
- Me séparer de toi sûrement pas, je pense que tu as bien fait. Il y a quelques mois, ça aurait sûrement été la goutte de trop, aujourd'hui je peux y faire face. D'autant plus que tu as été victime autant que moi. En ce qui te concerne Cynthia, c'est un peu plus dur à pardonner, mais on va dire que tout ce que tu as fais pour Thomas et moi, compense le fait que tu aies garder le silence à l'époque. Et puis on a dit qu'on oubliait ce qu'il s'est passé avant. Si Thomas m'a pardonné, je suis capable de faire cet effort aussi. Mais donc si j'ai bien compris tu es multimillionaire, où est-ce que vous habitez du coup ?
- J'ai acheté une grande maison avec piscine en proche banlieue et rassure toi, il y a déjà plusieurs lits king-size et la place pour accueillir pleins d'amis et même des enfants plus tard. Si ça te dit, je te propose de t'y emmener quand on quittera le château.
- Avec plaisir, j'ai hâte de voir ça. Si ça ne vous dérange pas, j'aimerais même y aller très vite, je piquerais bien une petite tête dans ta piscine.
- Pas de problèmes Chloé, mais avant je vous propose que l'on se prenne une bonne douche tous les trois et puis que l'on profite d'un petit déjeuner, je suppose que c'est compris dans le prix de la chambre Cynthia ?
- Oui il suffit juste de passer commande avec le téléphone.
- Bon très bien alors à la douche mesdames, parce que si vous sentez toujours la rose au réveil, après nos activités de cette nuit, je dois dire que la rose est un peu défraichie.
- Mais t'es un connard en fait, parce que tu crois que toi tu sens le patchouli peut-être ? Tu empestes à toi tout seul plus que nous deux réunis. Si je devais trouver une comparaison te concernant, je parlerais d'une carcasse de chameau au fond du désert et encore c'est peu flatteur pour les chameaux. Viens Cynthia, je crois qu'il ne nous mérite pas au final, on va la prendre toutes les deux cette douche.
Dans un grand éclat de rire, les deux pestes courent s'enfermer dans la salle de bain, me laissant passer la commande du petit déjeuner pendant ce temps. Mais au bout de quelques minutes, la porte s'entrouvre et Chloé m'invite à les rejoindre en minaudant :
- Finalement on s'est dit que ce ne serait pas humain de laisser le personnel de l'hôtel se confronter à ton odeur méphitique. Cynthia m'a dit en plus qu'elle aurait besoin d'une paire de main supplémentaire pour la savonner, donc si tu en as envie la douche est grande.
A cette idée une érection me saisit, je ne peux m'empêcher de me dire que cette vie à trois va définitivement me plaire, je me précipite en courant vers la porte laissée entrouverte par ma sirène dégoulinante. Finalement, nous ne sommes pas prêts d'en sortir de cet hôtel !!!
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