18
Elle arrive, songe Félice, un coup d'œil jeté à sa messagerie.
Elle n'en laisse rien paraître, mais cette soirée l'angoisse un peu. Elle danse, écrase à chaque pas le sentiment qui la tient gorge nouée, ventre en vrac, qui lui dit, sans lui dire, car un sentiment ne parle pas, de rentrer chez elle. Elle tourne sur elle-même, se déhanche. C'est plus fort qu'elle. Besoin d'en faire des caisses pour ne pas faillir.
Les yeux glissent sur sa robe rose. Félice adore le rose, c'est la couleur de la douceur, la couleur des filles. Elle sent les yeux lécher sa peau, alors elle en fait davantage. Comme si la vitesse pouvait les arracher de son corps.
La foule est bigarrée, inondée par les néons. À son tour, elle envisage les chairs, les tissus qui bâillent, flottent, caressent, et songe qu'on est tous les yeux collants des autres. Les jambes, les nuques des filles... Les épaules des garçons. Elle admire, là-haut, les mains qui, perchées, brandies de tous, se mouvent au rythme des basses.
Dans la foule, elle cherche les regards. Elle capte des jeux secrets, intimes, lascifs. Et des yeux sombres, mystérieux dans l'ombre. Des paupières closes, aussi. Ce qu'elle cherche en fait, c'est la main qui vient d'enlacer sa taille, à l'instant.
Cristal.
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