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À chaque découverte, Félice se sent mourir.
D'abord, les corps. Disloqués, à travers les nuées humides. Ils longent les murs qu'on devine, qu'ils inventent peut-être, s'étendent dans des secousses, tombent, rampent, se traînent... Bondissent. Félice suit les silhouettes d'un œil plein d'horreur, ébranlée de soubressauts. Elle ne sait pas si elle rêve. Partout où elle pose le regard, un monstre l'attend. L'air est épais, la sueur ruisselle.
Du théâtre d'ombres, la voix fluette d'un clown s'élève. Au milieu, grand et maigre. Les coudes tranchants, un sourire sinistre sous son gros nez rouge. Félice ne comprend pas les paroles échappées de ses lèvres mutilées.
Elle voudrait se recroqueviller, fondre sur elle-même, brûlée par le brouillard. Cacher sa tête entre ses genoux et hurler. Disparaître.
Cristal a lâché sa main. Félice l'appelle mais sa voix ne perce pas le brouhaha.
Des êtres peinturlurés dansent ici et là. Vrilles, sauts, cascades. Grace sinistre. C'est comme dans ses cauchemars, mais elle ne s'éveille pas. Une terreur infinie l'ébranle. Félice s'effondre violemment, toujours consciente, au milieu des autres visiteurs qu'elle ne voit pas.
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