Adèle et Sabine me reçoivent dans leur grande maison cubique à Sylvania.

• Vous pouvez choisir un prénom mais ce sera Sœur Quynh, la dix-septième, la deuxième locale. Félicitations.
• Reviens dans le visible, on est dans le présent. Tout ça, c’est l’avenir. Te prends pas la tête Paloma, on a le temps, on a l’ère, respire. Comment va Isa Love ? Vous êtes encore ensemble ou bien ?
• Ce n’est que le début, d’une longue histoire.
• La prochaine fois, viens avec elle. Vous êtes un couple non ? Il ne faut pas la négliger. Mais bienvenue quand même, dans la famille. Et les directives sont claires : en faire le moins possible, voire ne rien faire du tout. Pas de vagues, no drama, on laisse passer l’ère tranquille.
• Vraiment ? Vous ? Tranquilles ?
• Oui, demande à Adé, ça fait au moins 100 chapitres qu’on entend plus parler de nous. On fait profil bas. On profite. On s’aime. C’est le plus important. Tu ne devrais pas être ici. Tu devrais être avec Isa pour la chérir. Paloma, crois-nous, moins tu nous verras, mieux tu te porteras. Préservez-vous et cajoler votre amour.

Elles parlent d’une même voix, l’une finit les phrases de l’autre. C’est beau. Elles sont belles, heureuses, mystiques. Je dois repartir avant de me faire envoûter. Et je suis leurs conseils. Je rejoins ma belle Isabelle. Au Palace. En train de s’occuper d’Antoine. D’un peu trop près.

• T’inquiète Paloma, ça lui est passé. Le fantasme est assouvi. Il suit son chemin, il vit sa vie. Je t’aime. Je vous aime. Je suis à vous. Pour toujours et à jamais.

On reste dormir au Palace et le soir je la fais crier encore plus, elle en transpire de bonheur en me consommant comme jamais. C’est l’effet Fée. Adèle. Elle aussi est une orpheline de l’Octogone. Avec un sacré palmarès. Son tableau de chasse regroupe Graham, Maëlle et Sabine. Elle tourne autour de Brigitte. Je la vois en rêve. Elle me parle mais je n’entends rien. Je me concentre sur sa bouche. « Toi aussi tu es importante. Je suis une Fée mais je n’ai pas ma Chapelle dans une Cathédrale ni ma statue avec Greta 2.0. ni un fils prometteur comme Antoine. Prenez soin de vous et protégez-vous de nous toutes. » Je me réveille. Il est tôt, il n’est pas encore minuit. Isabelle ronfle. Ça me fait rire. Et puis je repense à Adèle, en rêve. C’était des conseils ou des menaces ? J’en ai la nausée. Peut-être que je devrais partir, m’enfuir là, tout de suite, avec Antoine ? Je respire, je me reprends, je suis forte, je me recouche et je m’endors. Pas pour toujours ni à jamais.