046 - Jeudi 17 Décembre
Antoine a voulu rester à la Basilique, au pensionnat catholique avec les Sœurettes. Je ne suis plus maman du tout. C’est fini. Ça ne dure pas longtemps finalement, surtout quand on a l’éternité. Et je regarde ma belle Isa se goinfrer au petit-déjeuner et grossir.
- Tu es ma seule famille maintenant.
- Et ton jumeau alors ?
- Je ne l’ai jamais considéré comme tel et on n’a pas grandi ensemble, il ne peut pas devenir mon frère comme ça, du jour au lendemain, surtout qu’il a été autre chose pour moi. Alors peu importe la vérité, pour moi il n’est pas mon jumeau. Pour la génétique peut-être, et encore, ça dépend des antennes.
- T’as raison Paloma. J’ai soit-disant plein de sœurs aussi. Mais je préfère mes Sœurs spirituelles, comme toi. Ah non tu es Mère maintenant. Maman ?
- Arrête tes bêtises. Et essuie-toi la bouche sinon je vais être obligée de te faire la toilette.
- Oui Mère. Bon, on va au boulot ? Il paraît qu’il y a un problème avec ta bibliothèque.
- Laisse tomber les écritures, on a basculé dans mon monde maintenant. Toi tu sais d’où l’on vient. Moi je sais où l’on va.
Encore une punchline pour Megan et ses scribes. Ça me fait penser au professeur, le directeur, le proviseur, le principal, Auguste, à Russell. Il n’a pas eu le temps de me dominer. Je l’ai laissé dans le doute de mes menaces. C’est pas très B4, ni R4. Je dois faire la Paix avec lui, mais pas l’Amour. À Russell, j’entre précipitamment dans son bureau où il signe des documents et je m’installe correctement devant lui. Il devient tout blanc.
- Ne t’inquiète pas Auguste, je n’ai pas prise mon brisim. J’ai une mission pour toi, pour te racheter de toutes tes bad romances. Megan. Épouse-la. C’est honnête, non ? Et chérie-la. Et honore-la, matin et soir. Et fais-lui plein d’enfants qui vous aideront à écrire leur B5. Parce que, les élèves que tu es en train de corriger, franchement, elles sont moyennes, non ?
Il va pour parler mais je l’arrête d’un geste. Et je m’éclipse. Affaire réglée. Je sors de cette université fantôme où j’entends de l’activité dans le stade. De l’extérieur, on ne voit rien. J’entre et je monte les escaliers pour accéder aux gradins. Des athlètes s’entraînent. À courir. Juste courir. Pourquoi ? Qu’est ce qui peut bien les motiver ? Ces efforts physiques font mal. Il n’y a aucune finalité valable. Ça n’a pas de sens. Pourtant elles sont motivées en course et heureuses à l’arrivée. C’est une porte sur l’Invisible.
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