056 - Dimanche 27 Décembre
Isabelle n’est plus du matin. Elle dort. Alors dès que le soleil se pointe, je sors le regarder se lever au loin et je marche tranquillement sur la plage. Il y a comme quelqu’une qui se tient droite comme une statue face à l’océan, les pieds plantés dans le sable, écartés et bien stables. Victoria, elle est comme en transe, cheveux au vent. Je m’approche prudemment et elle me parle :
- On est voisines, on est à la 44. On aime la même chose mais on est tellement différentes. Une génération nous sépare.
- Tu es si belle, si puissante. C’est toi qui contrôle Greta ou c’est Greta qui te contrôle ?
- On se contrôle. Toi tu es encore plus belle, alors j’ai dû aller faire des retouches à la Chapelle 34. J’ai pu prendre mon temps pendant sa fermeture. J’ai mis tes atouts en avant. Now, you got your a boob out.
- Quoat ?
Je m’accroche à elle sur sa moto, on entre avec dans la Cathédrale, jusque devant la Chapelle. Elle me prend par la main et on entre. Effectivement. Ça change tout. Elle me pose la main dessus. C’est mou. C’est chaud. Il réagit, une larme de lait coule sur ma main. Elle commente :
- La mère nourricière.
- C’est plus du tout une statue. Il est pas un peu petit ?
- On les voit toujours plus gros qu’ils ne le sont quand on les a sur soi.
- Comme les problèmes.
- Et à chaque problème, il y a deux solution.
- Par devant et par derrière ?
- Bonne idée Paloma. Ça me dirait bien de créer un cyborg Paloma, pas que le sein comme ici, le corps tout entier, comme ça, tu serais entièrement à moi, tout le temps, dès que j’en ai envie.
- Ça serait dommage de te priver de l’original, dès que tu en as envie. C’est possible, on est voisines, non ? On peut faire ça sur la plage, à même le sable.
- Je vais faire installer un blockhaus entre nos plages 43 et 44. Entraînement militaire contre une invasion par l’Ouest. On pourrait se retrouver là. Un endroit à nous. Accessible par deux tunnels qui rejoignent nos maisons. Il y aura une porte discrète au fond de ton sous-sol. À demain. Moi je reste ici, je dois prier, seule.
Elle est vraiment bizarre. On dirait qu’elle n’évolue pas beaucoup dans le présent. Elle se perd dans l’Invisible et ses futurs proches et probables. Je rentre à la 43 retrouver ma belle que je réveille par un grand coup de langue en écartant des deux cuisses de terrienne de la deuxième vague.
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