Il fait tellement mauvais qu’il fait presque nuit. La navette se pose en automatique.

• C’est bon, on est sur le toit. Mets tes gants, ton bonnet et ferme ta parka.

Il y a du vent. L’air est si froid qu’il me fait tousser. Je la suis dans le blizzard. Et soudain, tout s’arrête.

• L’œil du cyclone. Et regarde, le mat, il est toujours là. C’est ici que la dernière humaine est arrivée.
• Ta mère. Greta. Et toi, tu étais où ?
• Elle m’avait évacuée avant, avec mes sœurs.

Je tends une main vers le mat.

• Tu crois que je peux le toucher ? Ça va pas me faire faire le chemin inverse ? J’ai pas envie de me retrouver mortelle en zone radioactive.

Elle m’attrape vite la main.

• T’as raison, on sait jamais. Ou alors, on le touche ensemble. Enlève tes gants.

On se tient par la main et de l’autre on l’approche du mat, on se regarde une dernière fois et… la tempête s’arrête. La lumière revient. On voit même la navette posée un peu plus loin. Je commente :

• Nous voilà connectées aux multivers, la maîtrise des éléments.
• Tu crois ?
• Non, c’est juste de la vieille technologie. Le mat était en veille. On vient de l’éteindre. C’était à nous de faire ça. C’est ce que Greta voulait. Qu’on rompe le lien avec sa Terre. La planète 4 est toute seule maintenant. Libérée. On a coupé le cordon. Le monde est à nous Isa.
• Je prends l’Ouest.
• Tu m’étonnes, moi aussi. Allez, on rentre. On en a assez fait pour le week-end. On en a assez fait pour l’année, même.

Même toute cette magie ne m’impressionne plus. Seule ma belle m’impressionne, tellement fort qu’elle s’imprime en moi. Et sans elle, je ne suis plus rien. Nous sommes unies ici et ailleurs, dans la Chapelle 34 et dans la Maison 43 que l’on retrouve avec soulagement.

• Quel jour on est déjà ?
• C’est encore le week-end.
• Alors dodo, et repos. On ne sait pas de quoi demain sera fait.

Greta fait de la politique. Nous on a le pouvoir de s'aimer.