082 - le surlendemain
Il fait bien chaud dans la Basilique de Sylvania, un vrai refuge par rapport à la météo extérieure. Je viens écouter Adé qui a besoin de parler.
- Les techniciens du temps sont un peu perdus avec la disparition des jours. Ils doivent retrouver leur rythme. Comme nos Messes. Il y en avait trop ou pas assez en fonction des besoins. Maintenant, ce sera plus adapté. Calendrier ou pas, la troisième annexe de la B4 ne s’est pas arrêtée. On avait nos jours. Elle avait ses chapitres. Elle les a toujours je crois. Big était un peu embêté mais il a vite retrouvé ses repères. Il programme ses machines avec le nombre de jours depuis son arrivée en 2057, la deuxième vague. Il y a aussi le calendrier de 1989, la première vague. Les événements ne vont pas se perdre dans le temps. Mais nous, on va se fondre dans l’éternité où le temps qui passe n’a plus d’importance. En tous cas merci pour les nonnettes. Elles font un travail formidable et elles ne comptent pas les jours je crois, sauf un, tous les sept jours, c’est repos. Mais je crois qu’elles ont perdu le fil. Elles sont à fond dans leur truc. Les robots sont déjà passés, ça grandit.
- Comment ça se passe avec la None Leene ?
- Elle est… particulière. J’essaie d’espacer les réunions histoire de m’en remettre. Une vraie none de sa génération. J’en ai encore des vertiges. Et toi, tu n’est pas venue pour ça, si ?
- Non, je dois garder des forces pour Aline au cas où. Je vais passer la voir.
Mais c’est beaucoup moins chaleureux que prévu. Willem est là pour la protéger. Elle me voit maintenant comme la fille de Abigaëlle avec tout ce que ça implique de l’apocalypse qu’elle a vécu et dont elle se sent coupable. C’est triste de perdre une amie intime, ma grand-mère occulte. Ainsi soient-elles. Une fois rentrée à la 43 la maison est vide. Je traque ma belle sur mon dark, elle est à la gare, à l’OPS, avec Brigitte. Victoria est en Principauté, à Votre Dame. Je regarde par la baie latérale et je vois qu’il y a quand même de la lumière à la 44. Je descends au tunnel et le blockhaus pour atteindre la 44. La maison a l’air plus grande que la nôtre et l’agencement des pièces est radicalement différent. J’appelle :
- Greta ?
- Paloma ? Je suis en cuisine. Aile Est.
Interphones automatiques. J’arrive à m’orienter et à la trouver. J’arrive derrière elle. Greta est en train de préparer une salade de fruits. Je m’approche, j’écarte ses cheveux pour l’embrasser sur la joue. Elle me prend le bras et appuie sa tête sur mon épaule. Elle me fait un câlin de réconfort et un gros bisou d’Amour pour soulager mon chagrin.
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