Je dois y aller, à cette cérémonie à Westech où le professeur Bang me remet le diplôme de doctoresse honorifique en je ne sais quoi. Il a même imprimé des grands panneaux explicatifs pour expliquer la chose aux débiles qui se perdent dans son labyrinthe de formules. Je pensais m’ennuyer mais Izzy est là et elle plaisante pour me détendre et me soutenir dans cette épreuve. On s’arrête devant un des posters prétentieux et elle regarde le nombre.

• Il s’est arrêté au dix-neuvième chiffre après la virgule, par prétention. Il aurait pu s’arrêter simplement au troisième parce qu’il y a un zéro derrière.

Elle cherche un feutre et corrige. Derrière le dernier 2, elle ajoute un zéro.

• Izzy, tu as déjà vu ce nombre ?
• Oui, c’est un des principes fondamentaux de la nature. Et de l’art. Pour aller au prochain zéro, il y a 18 autres chiffres. 458683436563811772.

Qu’elle ajoute. Mais Big s’approche et la dispute :

• Qu’est ce que tu gribouilles sur mes tableaux ?
• C’est pour ça qu’il te manque une formule dans le dernier, en synthèse. 1.618. Tu es inculte à ce point là ? C’est pourtant de chez toi. 1+ racine de 5, le tout divisé par 2. C’est le nombre d’or.

Izzy va l’inscrire la formule sur le tableau final. Big s’approche et enlève le dénominateur à chacune d’elle. Puis il barre tous les 1. Izzy, qui a gardé son feutre, résume le tout avec une seule et dernière formule.

• Ton ensemble vide va de zéro à l’infini. L’Invisible se trouve quelque part entre les deux.

Izzy me prend par la main et on sort regarder les étoiles. J’essaie de comprendre ce qu’il s’est passé.

• Il n’y a pas de découverte alors ? C’est juste un constat, de ce qui est ou de ce qui n’est pas. Mais on a tous besoin de croire en quelque chose, même lui.
• Il s’en remettra. Il va trouver d’autres chimères à poursuivre. Il n’y a pas que les étoiles qui brillent ce soir. Tu es splendide, resplendissante.
• Merci Izzy mais en fait je suis malade en ce moment, en pleine transformation. C’est toi qui brille, de toutes les façons.

Même dans ses yeux noirs on voit des étoiles briller. Nos doigts s’entrelacent, son parfum m’envahit et ma belle vient vite nous séparer. Mais elle tangue aussi et sa main est capturée également. Nous voilà sous le charme. Nos minibris se connectent, en triangulation. On la ramène avec nous à la 43 pour lui donner tout l’amour qu’elle n’a pas, remplir son cœur et le reste aussi.