Jules veut me montrer ses canevas d’écriture.

• Pourquoi moi ? Je ne suis pas bonne juge. Montre plutôt ça à Megan, mais pas tout de suite, attends le plus longtemps possible. Ma mission c’est de faire durer l’ère 4 le plus longtemps possible. Ma mission est de t’empêcher d’être prête pour la B5. Tu veux vraiment de mes conseils ?
• Arrête tes sottises, on sait toutes que tu es très douée.
• Peut-être mais je n’écris pas et je lis encore moins. Alors enseigner… Jules I.A. Laisse tomber tout ça. C’est pas demain la veille que ceux qui auront à suivre ta trame seront conçus. Tu as une ou deux vies à vivre avant.
• Je suis jeune, je fais tout tout de suite. Je suis née trop tôt. Je n’ai plus qu’à faire comme Megan, toute une œuvre avant la Bible, son chef d’œuvre. Et toi Paloma, quelle genre d’écrivaine es-tu ?
• Je me limite à 500 mots par jour. Il ne faut pas que ça empiète sur ton existence. L’écriture, ça peut se répandre et prendre toute la place au détriment de la vraie vie. C’est toxique à haute dose. Et pour le lecteur, ça lui mange tout son temps, ça le focalise comme un zombie. Les mots, d’accord, mais dans l’échange, dans le dialogue. Déjà là ça fait trop longtemps que je parle et que tu ne dis rien. J’ai ma vérité, je te la raconte mais en fait on s’en fout. En fait, ma position préférée, c’est de ne rien dire, c’est de ne rien écrire, c’est de ne rien lire, je veux juste rester à l’écoute, dans le silence, comme toi en ce moment. À toi.
• Je suis une jeune fille, je vais encore à l’école, j’habite chez mes parents, je n’ai pas le droit à la parole et encore moins à l’écoute. Au contraire, c’est à moi d’écouter les vérités des autres. Mais maintenant je comprends mieux ton annexe, tes chapitre d’une page. 500 mots. Ça suffit pour raconter une histoire. Les chansons sont encore plus courtes.
• Jules, je te propose une chose, un travail, une mission, un entraînement pour ton destin. À partir de maintenant, c’est toi qui va terminer l’annexe 3 de la B4. Tu en as saisi tout le sens, tu es donc compétente pour ça. Ça implique juste une chose. On va devoir se voir, tous les jours.
• D’accord, mais j’ai entendu Adé parler de 1000 pages. Ça fait au moins trois ans de travail.
• Il ne reste que 878 pages.
• Alors il n’y a pas un seul jour à perdre. Il faut qu’on se connecte, qu’on se synchronise toi et moi, de toutes les façons.

Elle me regarde avec insistance et audace. Je m’incline. Je le mets dans ma bouche pour le lubrifier et je lui baisse la culotte pour le mettre en place. Elle ferme les yeux mais son visage s’éclaire à la mise en route.