129 - assaisonnement
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Je me retrouve en cuisine avec Jules, chez Lily. Son dark vibre mais elle ne le regarde pas. Elle m’explique :
- La communication virtuelle, c’est un assaisonnement à la vraie communication qui elle, est un ingrédient. Je préfère discuter avec Adé en face à face, en présentiel plutôt que de lire ses messages ridicules.
- Ouais, moi je passe mon temps à mettre mon dark au coffre ou à le perdre.
- C’est vrai ? On a le droit ?
- Si tu ne l’as pas, il faut le prendre, ma chérie.
On se fait un bisou pour conclure l’affaire et elle me passe les légumes. Au salon ma belle est en train de rire discrètement en toute complicité avec Lily en installant la table. On est bien ici. En famille. Eli et Will sont en train de regarder une retransmission de je ne sais quel sport sur un grand écran. Pas de psychotropes à l’horizon. L’environnement est sain et propice au dialogue et au partage sauf pour les zombies de garçons devant leurs images animées et bruyantes, cette partie de l’Humanité qui est en train de s’effacer pour laisser place à la spiritualité, pour nous laisser place. On passe à table :
- Alors Jules, qu’est-ce que tu vas leur raconter dans la B5 ?
- Rien du tout. Ce sera à eux d’inventer leurs propres mensonges. Je ne propose qu’une structure de texte, même pas une seule idée ni un quelconque concept. Il fallait une écrivaine très douée pour cette mission. Paloma, tu exagères, tu aurais pu le faire au lieu de me le demander.
- Tu rigoles ou quoi ? J’ai déjà toute une annexe de B4 à vivre, c’est pas pour rempiler sur la prochaine. Moi c’est sur la B4 que j’ai besoin de toi. La B5 c’est un vœu papal. Tu ne l’as toujours pas vu ?
- Je crois qu’il a peur de moi. Il a pourtant à faire avec des Déesses, des Mages, des Sorcières, moi je ne suis pas une menace.
- Oh que si. Tu symbolises la fin de son Vatican IV et de toute l’Humanité qui en découle avec l’ensemble de ses civilisations.
- Des civilisation bâties sur le mensonge. Une tradition qui va sans doute persister avec la prochaine. L’Humanité adore les histoires, elle a intrinsèquement le besoin de croire, en n’importe quoi.
- On a chacunes, chacun, nos vérités et nos mensonges. Et on intègre aussi celles des autres. Parfois même, on leur impose nos propres vérités et nos propres mensonges sur eux-mêmes. Les guerres ont eu lieu parce que les humains avaient des vérités différentes de leur même histoire commune.
- Amen… moi le sel.
- Ah non, il faut goûter au vrai goût des aliments, avant l’assaisonnement.
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