135 - effets désirables
Elles s’invitent au brunch. On se fait plein de bisous à leur arrivée. Greta me lance un petit regard complice. Elle m’attire en cuisine pour tout préparer.
- Ça va Paloma ? Je suis désolée, l’autre jour, j’étais imbibée de Philtre. Ça va faire effet un moment. Tout cet Amour que j’ai en moi, celle à qui j’en ai le plus transmis, c’est à ma fille, Isa Love. Tu veux bien m’aider à continuer ? Donne-lui à elle plutôt qu’à moi.
- Alors c’est faux. De la magie. Artificielle ?
- Non, le Philtre agit comme un filtre, à l’envers. Il ne fait que sublimer l’Amour qu’on a en nous, pour l’autre, pour notre prochaine. Tu en auras juste un peu plus qu’avant, pour moi.
- Alors ça me va. Ça te va. Ça nous va. J’ai envie de toi.
Elle jette un œil dans le salon, elle me tire un peu à l’écart et on s’embrasse langoureusement, tendrement, doucement, histoire de mettre en marche nos minibris sur une fréquence privée et en mode soft pour rester dignes et discrètes. Notre petit plaisir à nous, plaisir du ventre qu’on s’apprête à nourrir, de toutes les façons. D’ailleurs on s’y met. Elle prépare les légumes, je fais chauffer de l’eau.
- Au bunker, au coucher du soleil ?
- Le blockhaus tu veux dire. D’accord. Attention !
Je retiens la lame qui allait toucher son doigt. Elle me regarde.
- En fait, ce n’était pas un Philtre classique. Il me restait un peu d’APC que je cultivais à la Caserne. J’ai arrêté la production. Il y en a que ça rendait folle, ça faisait des histoires. A.P.C : amour en pleine conscience. Pour la P.C, les effets sont un peu plus prolongés. Tu as l’air de bien les supporter.
- Plutôt, oui. C’est comme un super pouvoir.
- Préviens-moi au moindre symptôme étrange. Il y a un antidote.
- En fait, il y en a un, je commence à avoir la Foi.
Et elle se met à rire. Mais elle voit que je suis sérieuse.
- C’est rien, c’est ta perception, elle est amplifiée. C’est tout.
- Tu me rassures. Je ne deviens pas folle alors. Ils sont fous ces croyants.
Et on se met à rire. On va chercher des trucs dans le frigo. Je l’embrasse sur la joue. Je lui rend son baiser sur la bouche. Victoria nous surprend :
- Ça ne fait pas que rigoler en cuisine. Je peux participer ?
- Où est Isa ?
- Elle fume une tige sur la terrasse.
- Encore ?
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