CLVII
Je me réveille. Je tourne la tête et je vois Isa, ma belle. Je me redresse et je regarde autour de moi. On est à la 43. Le soleil va bientôt se lever. Mais, quel jour on est ? Et qu’est ce que j’ai fait hier ? Où est mon dark ? Peut-être que je suis coincée là, dans une boucle temporelle ? Ou alors c’est juste un rêve. J’ai la sensation d’être dans un tourbillon qui monte. En dessous, le passé, on passe au-dessus de la péniche où j’ai fumé de la théobromine avec Adé. Je regarde au dessus et je vois un Royaume avec une Reine, Clémence. Une nouvelle spiritualité se propage : son règne. Mais qu’est ce que j’ai fait hier ? Je ne le sais plus, je ne le vois plus, dans l’Invisible. J’aurais peut-être dû continuer d’écrire ces rapports. Sans annexe 3, je suis un peu perdue. Mais il faut aller de l’avant. Sans calendrier. Dans l’éternité. Pour toujours et à jamais. Dans la Paix et dans l’… ça y est ! Je me rappelle. Au Village. Avec Judith. Et qui était l’autre fille avec moi, sur Sharon ? Une méchante menace blonde de la première vague, Russell, Emma Russell, la mère de ma grande Kate XVII. Un frisson me secoue les épaules. Je suis bien mieux ici avec ma belle qui se réveille au lieu de continuer à ronfler :
- I have to go.
- Quoi ? Pas le temps d’un petit câlin ?
Non, elle se lève et ouvre l’armoire où est sa tenue de l’OPS et se prépare avant de se retourner vers moi, me faire un bisou, me dire un je t’aime et partir. Elle me laisse seule dans cette 43 où je ne me sens pas chez moi. Chez moi. Je me lève et je m’habille, je retrouve mon dark. Avant de refermer la porte de sortie, je regarde à l’intérieur, je cherche un signe, mais rien, même pas un rayon de soleil. C’est couvert aujourd’hui. Je marche tranquillement jusqu’au centre. Je retourne chez moi . Je prends le petit-déjeuner dans la cuisine, je regarde par la fenêtre, rien n’a changé. Mais ici tout me rappelle Antoine. Mon fils. Ma famille. Ma vie. Que j’ai perdue. Que je retrouve en allumant les lumières. Je mets de la musique. Une bougie se consume. Son odeur se répand. Je m’approche de la bibliothèque et il ne se passe toujours rien, pas envie de lire. Alors je regarde dans le cellier, dans le frigo, dans le jardin et dans la serre, je rassemble des aliments et je prépare une sauce. Mais il me manque plein de choses alors je prends mon panier et je vais au centre faire mon marché. J’y suis invisible. On ne me reconnaît pas. J’ai beaucoup changé. Quand je rentre, quelqu'une attend devant la porte. Greta.
- Je vais t’aider à préparer des pâtes.
Et nous voilà en train de rire et s’amuser en cuisine et tout est prêt pour l’heure du brunch. On s’installe à table et on mange.
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