164 - love note
Megan H veut être lue par toutes alors que moi je n’ai qu’une seule lectrice potentielle à chaque fois. Je n’ai pas d’auditoire. Ce n’est même pas une conversation. C’est juste un mot doux pour chacune de mes quelqu’une. Quelle sera ma proie aujourd’hui ? C’est la question que je me pose en voyant la main de Greta s’accrocher aux draps pendant que je me décroche la mâchoire entre ses cuisses pour lui tirer des râles incontrôlés. Elle reprend ses esprits, me prend le visage pour attraper mon regard et :
- Tu devrais faire une pause. Je te veux pour moi toute seule aujourd’hui. Victoria est à Votre Dame, cérémonie royale nocturne. On n’est pas invitées.
- Contrairement à Bri, elle y va avec Isa.
Alors, avec Greta, on est parties pour faire un record d’évanouissements de plaisir entre le lever et le coucher du soleil. On émerge pour le brunch. Ensuite elle s’assoit derrière moi et me caresse, m’embrasse pendant que j’écris une lettre. Je dois me concentrer pour que mon écriture reste droite. J’ai juste titré « Ma chère... » pour qu’elle ne sache pas pour qui j’écris.
- C’est pour Clémence ?
- Non, j’aurais écris ma Reine. Mais c’est toi ma Reine, dans tous les sens du terme, dans tous les sens aussi, avec tous les sens.
Et nos minibris s’agitent tellement fort que je sens même le sien vibrer jusqu’au bout de ses seins collés à mon dos aspergé de son lait qui coule entre mes fesses. Je n’y arrive plus, à écrire. Trop de convulsions. Alors je me retourne et on se termine. Quand je me réveille, elle dort, enfin. Je m’extirpe de notre couche souillée pour aller regarder sur le bureau. La lettre est toujours là. Je me frotte avant d’appuyer sur le papier qui est un peu froissé. Le texte est lisible. Ça s’arrête brutalement au milieu d’une phrase. La lectrice n’aura qu’à la continuer. Je la plie et je la mets dans une enveloppe. Sans rien marquer dessus. Elle reste anonyme. Universelle. Mais je sais exactement à qui la donner. Pas en main propre pour celle-ci. Elle est parfumée de mes mains sales. Le parfum de la luxure. Aux odeurs de Greta et de moi. Je cherche sous mes habits, je trouve mon dark. Il y a un bouton pour appeler l’agent en charge. Il arrive vite. Toque à la porte. Quatre coups. Deux coups. C’est le bon code. J’ouvre et je suis étonnée.
- Salut. T’es pas un peu jeune pour travailler à l’Octogone ?
- Je suis pas si jeune. J’ai fini le lycée. Je suis en Grand Chelem. Promotion 34. On l’a nommée en votre hommage. Isa et toi. Agent Little. Little Marie. Fille de Yaël et Lambert.
- J’aime beaucoup ta grand-mère, Marielle, la copine de Énola.
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