167 - la recrue
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Je la fais rentrer dans la salle de contrôle.
- Tu vois, c’est d’ici qu’on voit le mieux l’espace. Mais il ne faut pas se laisser distraire par tout ça. Le plus important, c’est ce qui se passe ici, sur la planète. La-haut, il n’y a rien ou presque. Ici, il y a tout.
- C’est dans le vide qu’on voit mieux les choses. Il y a une étoile en plus là-haut. Une petite. Intense. Comme une caresse. Un bisou.
Je la regarde, en silence. Je m’interroge. Je l’interroge du regard. Little Marie. Elle a pas du tout le profil. Elle n’a pas été détectée par Auguste non plus, à Russell. Mais…
- Tu viens de quel lycée déjà ?
- Le Sylvanium.
- Cette ville est propice à l’écriture. Il y fait froid la moitié du temps. Ou alors il pleut. On se réfugie à l’abri. Près du feu. Au calme. En solitaire. Le centre-ville est rempli d’Histoire et d’histoires à raconter et à vivre.
- On y a même notre endroit, le quartier latin. Je ne me voyais pas étudier la science comme mes parents. La science a échoué. La science a perdu le pouvoir. La science s’est perdue. Moi je me suis trouvée là, au bon endroit, au bon moment, loin de la décadence de l’Ouest, dans la Renaissance de l’Est. Une renaissance qui a son symbole spirituel maintenant. Sainte-Claire. Mais je n’ai pas encore la Foi. On verra, dans la suite du Grand Chelem. On va toutes les faire, il est venu le temps des Cathédrales.
- Je suis d’une autre obédience, une décadente de l’Ouest avec son Couvent. Et mon Ordre où je suis la seule membre, enfin, je crois, une autre porte ma croix. Je suis juste un rouage, un chaînon manquant vers autre chose, à l’Ouest d’ailleurs, avec Kate à Sainte-Claire. Il faut que je lui écrive une lettre. Et toi, tu écris quoi ?
- Officiellement, des poèmes. Mais en vrai je m’épanouis dans la facilité, comme le veut mon époque, en faisant des chansons pour le jour où la musique ne sera plus interdite en dehors des églises.
- Je crois qu’il y a des prières à écrire à Sainte-Claire.
- Ah bon ?
- Tu verras, dans ton GC, j’en toucherai un mot à Kate.
- D’accord, merci. D’abord l’espace et maintenant ça. Et demain tu me donnes quoi ?
- Je vais voir avec mon joaillier si on peut fabriquer une nouvelle croix. Je recrute en ce moment. Est-ce que ton cou est libre ?
- Mon cou, oui.
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