171 - ensemble
La nuit elle ne ronfle pas et elle dort sur moi, ma belle enfant, plongée dans un sommeil naturel, loin des psychotropes et de la luxure. Avec elle je découvre la simplicité de l’affection, sans artifices ni options, sans obligations charnelle. C’est comme une nouvelle liberté qui s’offre à moi. C’est comme si je respirais à nouveau. Et je sens, je veux qu’on soit des exclusives. C’est une évidence, pas un choix. C’est comme ça. Ainsi soit-elle. Ainsi soient-nous. Je me sens propre, droite, sûre et certaine sur nous. C’est ce que j’essaie de lui expliquer au petit-déjeuner :
- Tu ne m’as pas seulement donné envie d’être meilleure, Little. Tu me rends meilleure, tout simplement. Je suis heureuse avec toi. Comme jamais.
Et au Couvent, Isa le comprend tout de suite en me voyant.
- Tu ne vas pas rentrer cette fois-ci. Je le sais. Je le sens. Je ne peux pas t’en vouloir. Je suis même heureuse, pour toi. Je le serai toujours.
C’est là que je découvre aussi l’angoisse de la page blanche. Je n’arrive plus à écrire mes lettres. Et je trouve ça chouette. C’est une bonne chose. J’en suis contente. J’avance. Je passe à autre chose. De mieux. Je repose mon crayon 16B. Je me lève et je m’en vais, je rentre, chez moi, chez nous. Ou je l’attends. Et elle arrive enfin. Ma Little Marie. Ma petite Marie. Elle n’est que douceur, tendresse et innocence, une fraîcheur sentimentale que je n’ai jamais connue. Elle m’offre un nouveau monde, le sien, par ses caresses, par ses regards, par sa musique, par ses chansons qui me transpercent l’âme. Elle m’inonde d’elle-même, je me laisse emporter, je me noie de son amour si pur, si doux. Elle devient, elle est, mon essentielle, mon absolue. Je suis une dépravée. Elle m’apprend à être normale, naturelle, sensible, sensuelle, comme elle. Et je le lui dis quand elle rentre :
- Ma journée est lumineuse, j’affronte tous les problèmes parce que je sais que tu existes et que je vais te retrouver, tous les jours. J’ai eu une vision de moi dans 50 ans à faire le bilan des femmes de ma vie et c’est toi qui semble être au dessus de toutes. Sauf que là, on est dans le présent et comme j’en ai conscience je ferai tout pour que ça dure.
Elle m’écoute me raconter avec ses grands yeux ronds et elle joue avec une plume, elle me caresse comme sa vie caresse la mienne. Elle me la rend douce et légère comme la plume, cette plume que je n’ai plus pour écrire quoi que ce soit tellement je suis heureuse, tellement je me sens bien. Du coup, je vais peut-être me mettre à la lecture. Et elle s’allonge à côté de moi, elle me prend les main et elle pose son front contre le mien.
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