179 - formule

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Le Quartier Latin est comme un cocon, le contraire d’une prison, une zone libre alors que le reste de la ville et de la planète semble occupé. C’est là que Marylène se sent chez elle et c’est là qu’elle est revenue après ses études, avec moi dans ses bagages. Je suis comme un de ses diplômes en fait, mieux : un trophée, la coupe de la promotion 34 du Grand Chelem. Alors me voilà, ici, loin de mes spiritualités et de mes obligations, loin de la luxure et des psychotropes, je suis simplement là pour jouir d’une existence simple faite de mots et de ma jeune compagne de vie et de lit. Elle me coiffe et me fait des bisous, je suis sa poupée à qui elle parle :

  • On n’est pas obligées tu sais, d’écrire. Si il y avait encore un calendrier, je serais en année sabbatique et toi en retraite, de longues vacances prolongées à ne rien avoir à faire, une pause à l’échelle de l’éternité.

Comme dehors il fait mauvais, elle m’aide en cuisine à faire un gâteau et des biscuits. Je la fais rire en l’aspergeant de farine. Elle vient goûter la confiture que je dépose sur ma bouche et sur mes seins. Mais on reste relativement sage. Pendant que ça cuit, je l’aide à faire de la couture dans son petit atelier à l’étage, sous la verrière qui crépite de pluie. Mais comme il n’y a pas assez de lumière et que l’odeur des biscuit nous appelle, on redescend prendre le goûter et je goûte avec elle ce quotidien reposant et exaltant avec son humeur câline où sa respiration se fait saccadée, ses pupilles dilatées, elle est comme en transe quand elle me tire vers la chambre où elle sort de petites bouteilles d’huiles parfumées qu’elle nous applique avec soin avant de guider mes mains en elle pendant que je sens ses doigts en moi et on ondule l’une sur l’autre, elle me montre, je découvre, ce qui la fait vibrer, ce qui me fait vriller dans la célébration charnelle de notre amour. Je la regarde sur le miroir du plafond glisser sur moi puis convulser et entendre pour la première fois la vraie voix de ses gémissements de plaisir où bouleversée, elle finit par en pleurer. J’en suis toute émue et je savoure en silence tout le bonheur que j’ai de l’avoir sur moi, en moi, mon innocente et fraîche petite Marylène. Mon esprit enfin serein se laisse aller à son rythme à elle et je m’en délecte en pleine conscience, elle est ma substance absolue, ma révélation psychique et physique, ma nouvelle force, mon nouveau pouvoir, comme une religion à laquelle on a envie de croire, Marylène et Paloma. Je trouve un feutre sur sa table de chevet. Je crois que je vais commencer à écrire. J’écarte le drap pour mettre à nu son joli petit ventre et j’inscris dans son sommeil : M+P=AE. Un message enfantin comme si je voulais connaître tous les amours avec elle, en commençant par le début.

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