187 - moralité
- Rachelle, on a eu le droit aux intimidations de Greta et Isa. Je pense que les prochaines sont Brigitte, Victoria, Jules…
- Okay, j’ai compris. Je lance une procédure de restriction sur le quartier latin pour tes copines, et une alerte d’approche sur Little Marie-Lenn. Vous pouvez vivre en paix dans ma ville.
- En paix ? Ce n’est plus dans mon langage. Jules va mal le prendre. Mais elle est trop jeune pour ses stages au quartier latin. Trop jeune pour tout. Elle est inscrite d’office au Grand Chelem parce qu’elle est brillante mais j’aimerais que tu ajoutes une close de moralité. Son comportement n’est pas adapté. Il est douteux. Je le sais, je l’ai pratiquée. Elle est en prépa Westech à Russell, elle a d’autres voies qui s’offrent à elle. Tant pis pour le quartier latin, tant pis pour nous.
Je rentre rendre compte à Marylène. Elle a encore grandi. Même sa façon de bouger n’est plus la même. Elle est torride. Elle se tient droite et dit :
- J’ai déjà repéré une petite agente roder. Sûrement une stagiaire du Grand Chelem, comme je l’étais moi, à l’Octogone. Elle a pas l’air sympa. Paloma, je suis forte, je n’ai pas peur. Et j’assume. Je leur ai volé leur chaînon manquant, c’est une sacrée provocation. Mais je ne pouvais pas te laisser là-bas. Il fallait que j’essaie.
- Et tu as réussi. Et je t’en remercie. Et j’espère pouvoir te protéger. Mary, j’ai peur. De leurs armes. L’hypnose et les hypnotiques. Sans compter la religion. Mais Rachelle est assez puissante pour affronter tout ça. Et si elle ne suffit pas, il y a une nouvelle institution qui vient de naître pour contrôler tout ça. S’il le faut, je demanderai audience, à Clémence.
Elle me prend dans ses bras. Par Amour. Par consolation. Par fierté. Et on s’affale dans le canapé pour se dire des mots doux, en pure affection, sans luxure, sans psychotropes, dans ma nouvelle vie avec elle.
- Paloma, j’espère que je n’ai pas déclenché le début de la fin. Un conflit peut en entraîner un autre, ainsi de suite et personne n’en sortira meilleure.
- Il faut regarder dans l’autre sens. L’important, c’est de ne pas devenir pire. Préserver ce qu’on a, se préserver.
Elle m’embrasse. Je me revois sortir du restaurant du père de Jules à Laguna Beach avec Isa. Sous psychotropes, sous emprise. J’ai quand même réussi sentir sa présence. Je l’ai cherché et je l’ai reconnue de dos, appuyée sur la rambarde quand elle a tourné le visage sur la gauche, son joli profil, son attitude nonchalante, rêveuse. Tout est parti de ce moment, de cette impression furtive. Et maintenant on s’appartient.
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