223 - contrat
La civilisation évolue sans moi, sans nous même, à la 48. Même de mon temps d’activité humanitaire il y avait plein de communautés en îlot qui ne prenait pas part au jeu de leur destin. Jules me raconte un peu :
- Radio Londres, il se passe des choses à l’Est, au Port.
- Comme toujours Jules. Mais il faut respecter les règles. Tu vas les apprendre à ton GC au stage de l’Octogone. C’est du renseignement tout ça. Alors considère moi comme ton ennemie. Une gentille ennemie, parce que je suis hors course. J’ai déjà donné. Et je fais partie d’un camp. À la fin des vacances je retourne à Sylvania vivre dans mon Manoir des quartiers Est et travailler en zone franche au Quartier Latin, territoire royal.
- J’ai encore été refusée, au GC.
- Ah bon ? Tu veux un peu de mon lait magique pour grandir un peu ?
- Justement, pour comportement immoral.
- C’est vrai que les règles se sont renforcées. Et en fait je n’y suis pas pour rien. On n’est définitivement pas dans le même camp, Jules.
- Alors pourquoi tu m’as donnée accès à tout ça ?
- Pour la même raison que le rapport que tu vas recevoir. Une recommandation de ma part pour un stage de niveau 2 à l’Octogone. Il est encore temps, ils n’ont pas choisi leur camp officiellement. Officieusement, ils ne le feront jamais. C’est leur force. Bref, tu comprendras tout ça plus tard. En fait, Jules, GC ou pas, tu peux faire les stages un par un dans les institutions avec à chaque fois une marraine différente. À l’Octogone, c’est par là qu’il faut commencer et tu vas faire un malheur parce que tu as déjà les outils et le réseau.
- Pourquoi tu fais tout ça pour moi ?
- Je le fais aussi pour moi Jules. Si ça bascule trop de mon côté, je serai là pour te protéger et si ça bascule trop de ton côté, tu seras là pour me protéger. Il faut savoir exister en dehors des civilisations. I don’t want any side choose anybody.
Là elle comprend mieux. Je prends une feuille de papier et je marque mes codes en haut à droite, un titre, une phrase allégorique et des sigles pour une désignation anonyme, à la porteuse de cette lettre, inscription en L2. Je la plie en quatre et je lui tend. Elle la regarde, hésite un moment et la prend timidement. Je termine par le plus important. La signature, physique. Et là je m’approche doucement de son visage pour lui donner un baiser. Son visage se détend. Elle me fait confiance. Elle m’aime. Je l’aime. Elle me rend mon baiser. Et ainsi de suite. Avec un peu de lait. Sans rien faire de mal. Un contrat à l’ancienne, comme avec Greta mais sans perte de conscience.
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