228 - sortie
- Ça a été ?
- Oui Mary. C’était super. On a beaucoup pleuré. Ça fait du bien. De la revoir. Elle a un peu changé je trouve. Moins bizarre. Plus femme. Elle est une belle âme. C’est bien de l’avoir dans le camp adverse.
Mary me regarde en souriant, avec fierté et amour, pleine de tendresse. Elle a fait du beau travail en me sauvant 2 fois. Je me redresse et je me fais belle et forte, pour elle. Elle sort son mono et fait une photo. Je l'invite à faire un selfie ensemble. Et on en fait plein. Et on rigole. C’est le début de notre nouvelle vie. Les photos, c’est pour les moments importants. Après évaluation, Mary m’autorise à sortir, seule. Je vais pas loin, je vais à Russell, en navette parce que je suis fatiguée. Je traverse le hall et son wall of fame. Je me retrouve en photo, celle des stagiaires de Sylvanium. On est souvent venues. C’était comme des vacances au soleil, reposant et enrichissant. J’ai adoré ces stages et l’environnement, le climat. Pas étonnant que je me sois installée ici après. Je vais à salle des internes, elles sont là à l’heure des devoirs. Toutes studieuses. Mais je ne vois pas Jules. Une rouquine lève la tête et a l’air de me reconnaître. Qu’est ce qu’elle est pâle ! Elle se lève et elle s’approche. Elle a des airs de...
- Jules ?
- Maintenant c’est Julia.
- Tes beaux cheveux longs et bruns… tu a gardé des mèches en souvenir ? Ce rouge fait ressortir la blancheur de ta peau. Comment ça va ?
- Je vais souvent aux toilettes, pour pleurer en cachette. Et toi ? Tu n’as pas l’air… on dirait un fantôme.
- Peut-être que je le suis en fait. Je me suis suicidée il y a quelques jours, comment savoir précisément, il n’y a plus de calendrier. Je pensais avoir survécu mais en te voyant là, maintenant, j’ai des doutes.
Elle me fait un signe de la tête en désignant la cafétéria. Je vais l’attendre là-bas pendant qu’elle retourne terminer son travail de groupe avec les autres. Mais elle est assaillie de questions, certaines m’ont reconnue.
- On est beaucoup de nouvelles dans l’internat. Il n’a pas fermé pendant les vacances. On est toutes là pour des raisons bien précises, différentes. Le monde peut bien s’écrouler, ici on sait exactement ce qu’on a à faire. Le soir je passe le voir. Mais je rentre au dortoir toutes les nuits. Il me fait à dîner. On discute. Surtout. Sur tout. J’ai trouvé un de ses livres dans sa bibliothèque. De la poésie. C’est fascinant. Je crois qu’il m’utilise. Pour se faire virer. Et aller de l’avant. Quoi qu’il arrive, je vais le perdre.
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