230 - exode
Il y a plein de check-point automatiques à passer. Heureusement que j’ai mon mono, il est reconnu et validé. J’arrive à son bureau où il s’affaire à fermer des enveloppes. Quand il me voit il rit, de soulagement.
- Moi aussi je suis contente de pouvoir te le dire en face. Pardon Auguste, je m’excuse, pour tout. J’espère que tu pourras veiller sur Julia.
- Je l’espère aussi. On a bien fait d’en profiter.
- Comment tu as réussi à la faire entrer à l’Internat, elle a pas le niveau.
- Non, elle est seulement en junior au lycée. Mais comme elle s’inscrit à l’Externat et qu’il est fermé, elle est en attente à l’Internat. C’est pour ça qu’elle peut dîner et dormir chez moi. De toutes façons, je n’ai plus de hiérarchie pour me le reprocher.
- Pour ta mobilisation, je ne peux rien faire, je suis dans l’autre camp. Mais je demande à mon officier de liaison. Et si ça t’éloigne de Julia ou si tu ne peux pas l’amener avec toi, préviens Brigitte, de ma part avec le code 15891*03, elle arrangera les choses. Maintenant je dois rentrer aider Mary à fermer la 48. On rentre à l’Est cette nuit. Bonne chance Auguste. On se revoit après la guerre ?
Je lui fais une étreinte. Et je m’en vais. Il reste immobile avec son air mystérieux et me regarde partir. Il attend que je ne sois plus en visuel pour reprendre ses enveloppes. Mary m’attend sur le N d’atterrissage.
- On doit y aller, maintenant. Tu as juste le temps de faire un tour.
- Non, c’est bon, on y va. J’ai mon mono, je t’ai toi, ça me suffit.
C’est la procédure d’urgence. Si on demande à Auguste il dira que je pars cette nuit. Si on vient vérifier la 48 il n’y aura pas d’indices de mon départ. Il faut toujours avoir 2 coups d’avance, comme aux échecs. On change de navette et direction le Manoir, dans le froid, sous la pluie et avec la grève de la météo, le printemps n’est pas pour demain. J’appelle Jess en audio et je pleure doucement avec elle. On va se manquer. Je ne vais plus la voir grandir. Ma fille de lait. On se pose derrière le Manoir. Tout est étrangement calme ici. Tous les réseaux fonctionnent. Tout est normal. Aucune restriction. Rachelle tient bien sa ville royale. On allume le feu, les éclairages, un peu de musique et on fait le point en cuisine pour le ravitaillement. On synchronise nos monos et on se signale. Tout passe en vert, tout est OK. On peut se mettre au lit. Nues l’une contre l’autre à se dire des choses gentilles.
- Princesse Marylène de la Juvinière.
- Princesse Paloma de la Juvinière.
Et on rigole, et on s’embrasse. On est sauvée, de l’Ouest et de son chaos.
Annotations