Je ne sais pas, je ne connais pas les détails de leur retrouvailles, c’est leur histoire à elles, privées, j’ai juste provoqué les choses. Mais Maëlys et Carla sont importantes, on doit prendre soin de leur bonheur.

• C’est mon travail, organiser la Paix, dans l’Amour. Je ne pensais pas un jour prononcer à nouveau ces mots là.
• Nouveau, c’est le mot. Il ne s’agit plus de formule occulte mais de diplomatie politique. Tant que tu as la navette noire…
• Ouais, c’est l’aube qui fait la moniale. J’en ai plus besoin, je la renvoie. Et on va flâner au quartier latin ? J’ai des phrases à graver, ici et là.

Et nous voilà à errer dans notre Principauté, la zone franche où seuls les mots comptent. Pour pouvoir y entrer, à chaque fois, il faut déposer une lettre manuscrite d’une page, avec une signature codée, anonyme, nous sommes toutes des corneilles, il y entre 400 et 500 mots maximum, mais juste une phrase suffit, ou un poème, même un haïku. En fait, c’est la forme la plus courante qu’on retrouve sur ces pages quand on vide les boîtes aux lettres placées à toutes les entrées. Au bout de 300 lettres postées, les éditrice qui supervisent toute la procédure désanonymisent le code signature et attribuent un laisser-passer permanent, plus besoin de poster à l’entrée. Il en est de même pour celles qui publient des œuvres totalisant au moins 300 pages. Ensuite il y a les résidentes, celles qui font plus, les autrices. Nous on s’en fiche, on a notre Manoir à l’extérieur de la zone franche. Mais petit à petit, comme à toutes, les choses vont évoluer d’elles-même.

• Je me sens légère, loin des relations que j’avais avant avec les autres, des personnalités fortes, étouffantes. Greta, Adé, Brigitte, Isa, la liste est longue. Avec toi, je peux enfin respirer, je peux enfin m’exprimer.
• Et je ne suis pas toute seule. Tu t’es aussi trouvée des vrais amis, une vraie famille, avec qui passer les vacances. Lily, Jess, Jules et les autres.

Bref, plus besoin de quête de spiritualité dans un Ordre ou dans un Pôle. Notre Couronne est là pour ça. Nos couronnes de princesses nous suffisent. Vive la Reine, indépendante de la science, de la spiritualité et de la politique aussi vu qu’elle laisse cette tâche à Rachelle. On est pas bien là ? À la fraîche en zone franche ? À vivre au Manoir de la Juvinière dans les quartiers Est de Sylvania ? Avec un bébé en route. Et une Mary fatiguée par cette grossesse. Une raison de plus pour rester auprès d’elle, à portée de caresse en oubliant tout le reste qui compte tellement moins qu’elle, que nous, que notre vie actuelle et à venir et non, je ne ressortirai pas le slogan habituel à la con pour terminer ma pénsée.