Monde cruel
Seul, dans le noir.
Seul, avec ses déboires.
Chaque nuit, chaque soir,
Dans ce coin, vient s'asseoir,
Un homme, seul,
Que l'on croirait sorti d'un tombeau.
Portant comme peau son propre linceul,
Et dont le visage effrayait même les oiseaux.
Alors, toujours dans le même rituel,
Il tournait d'abord en rond, en pleine réflexion,
Puis creusait, creusait avec sa pelle...
Et lorsqu'il pensait le trou assez profond,
Il s'y allongeait, les bras le long du corps,
Le souffle glacial du soir lui fouettant le visage.
Puis, fermait les paupières, à la manière d'un mort.
Tous ses sentiments disparaissaient, comme un mirage.
Et quand il avait fini, seule restait sa peine,
Sa triste et terrible haine...
Un jour, je lui demandais "Comment est ta peine ?"
Je vis ses cheveux se dresser, et dans ses bras, les veines.
Et sans un mot, il me montra le ciel.
Monde cruel.
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