Boucherie
Et encore, si je l’avais juste tué. Mais ces enfoirés…
On m’a appelé dans les cellules de la prison Joseph, alors que j’étais déjà bien occupé par l’accueil de notre nouvelle cargaison qui venait d’arriver. Mais on m’a parlé d’une affaire urgente alors je n’avais pas vraiment le choix.
Mon béret noir sur la tête, chemise grise sur les épaules et un treillis camouflage en bas, mes rangers claquaient dans les couloirs de la prison devant les gardes qui se mirent au garde-à-vous devant mon passage. J’essayais de rester souriant alors que j’étais d’une humeur exécrable, endeuillé et que je ne savais même pas pourquoi on m’avait appelé.
Après que toutes les portes se soient ouvertes devant moi, je suis rentré dans la salle en question. Et c’est là que je suis tombé face à six uraniens, à genoux et ligoté, le visage ensanglanté.
Le directeur de la prison, et donc mon supérieur, s’est approché de moi avec un mélange de colère et de fierté :
« C’est vos hommes qui ont péché ces saloperies.
— Je suis confus monsieur, ce sont les survivants d’un atterrissage d’urgence ?
— Si seulement. Non, ces chiens étaient infiltrés parmi la population. Faux papiers, faux cheveux, faux visages,… Il n’y a que leur sournoiserie qu’est authentique.
— Ils ont forcément été aidés par quelqu’un de l’intérieur. Sinon on se serait rendu compte de quelque chose ! Et ça veut sûrement dire…
— Qu’il y en a d’autres. »
Le directeur, toujours dans un vieil uniforme noir, posa son empreinte digitale sur un panneau tactile, ce qui ouvrit la porte de la salle que tous les prisonniers craignaient.
« C’est une mission trop importante. Et je ne sais pas à qui faire confiance. À part à vous, Logan. »
Je lui fis un salut, honoré et il sortit de la pièce, me laissant avec ces résidus de foutre fermentés. L’idée qu’il y ait des traitres dans nos rangs m’énerva au plus haut point.
La simple idée que les informations de ces traitres aient pu causer l’attaque de notre centre de communication et la mort de ma chère et tendre fît bouillir le sang dans mes veines alors qu’ils m’observaient tous sans rien dire. Mes muscles se raidirent et mes dents se serrèrent comme si elles se refermaient sur la gorge d’un de ces macaques. Ces monstres me défiaient du regard, et j’allais leur faire comprendre que d’ici la fin de la journée, j’aurais toutes les informations que je souhaitais.
J’ai sorti mon pistolet de mon holster en cuir et sans sourciller, je l’ai posé sur le front de l’un d’entre eux. Une femme, à peine plus vieille que moi. Elle avait les cheveux blonds, mais c’était probablement un implant. J’ai volontairement attendu quelques secondes pour qu’elle voie la mort arriver avant de presser la détente, éclaboussant ses collègues derrière elle avec son sang.
J’avais donné le ton. Et j’ai passé le reste de la journée à les torturer, un par un, sous le regard des autres qui ne pouvaient bouger ni main ni pied. Et quant à ceux qui fermèrent les yeux, il ne me suffit qu’à leur asséner un bon coup de ranger taille 44 dans les côtes pour les obliger à observer le spectacle macabre.
Ce n’était pas mon rôle d’habitude, ce genre de tâche était réservée à mes subalternes. Mais l’imaginer ramper dans les flammes en criant mon nom me rendait complètement fou. Et ces chiens étaient sûrement en partie responsables. Toute ma colère et mes vices s’étaient manifestés ce jour-là, un putain de massacre. Avec le recul, je dois avouer que j’ai un petit peu honte. Je ne regrette pas de les avoir torturés, non bien sûr que non. Je regrette d’avoir perdu mon calme de la sorte. D’avoir hurlé à la mort tandis que je les électrocutais, les tabassais, les charcutais un par un.
Et j’avais eu les informations que je voulais. Et si on peut bien croire une parole, c’est bien celle d’un homme qui a un couteau chauffé à blanc posé sur ses couilles.
Quand j’ai su qui étaient les taupes dans nos rangs, j’ai fait quelques recherches. Et tout concordait. Alors je suis monté au troisième étage, dans les bureaux, et je les ai exécutés, sans aucune forme de procès. Une mort bien trop généreuse pour ces merdes, mais assez rapide pour qu’ils ne puissent pas faire de dégâts supplémentaires.
Je me rappelle bien du gars de Shuruï. Un sacré caractère. C’est pas lui qui a vendu la mèche. Nan, lui il n’a rien dit du début à la fin. Si ce n’est des hurlements…
Je me sens plutôt mal à l’idée que ce soit l’âme sœur de l’homme qui m’a sauvé la vie que j’aie martyrisée de la sorte. Mais c’est la guerre, et en tant que bon soldat, je suis sûr qu’il aurait fait pareil à ma place.
Quelle ironie…
Son homme a pris ma femme. Je lui ai pris son homme. Et voilà qu’il me sauve la vie.
Quel beau bordel… Je commence à me dire que je devrais peut-être changer de maison.
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